[ALBUM] - THEO - FIGUREHEADS (2020)

Theo - Figureheads

2021-09-28

4.0Note Finale

En anglais, Figureheads est un mot a double sens, qui peut vouloir dire à la foi chef de file ou homme de paille. En fonction du contexte dans lequel il est employé ce terme aura donc un sens diamétralement opposé. C’est aussi la raison pour laquelle le livret montre que chacun des 4 (longs, tous entre 10 et 16 min) morceaux possède un autre titre, barré, moins ‘politiquement correct’, et qui prend le contrepied du titre officiel. “Pathology” se nommait ainsi “The Sociopath“, “Man Of Action” était “The Demagogue” ou “Portents & Providence“, “The Ideologue“. Sachant que le groupe américain aime à écrire et composer autour d’une analyse et une critique de la société moderne, il est difficile de ne pas y voir un clin d’œil grinçant décrivant la situation dans laquelle se trouve actuellement les USA… C’est d’ailleurs flagrant sur l’intro de “Man Of Action” qui a des allures de meeting électoral. Pour ce deuxième album, Theo s’est renforcé avec l’arrivée de l’ancien bassiste de Haken, Tom Mc Lean aux guitares sur deux titres. Coté musical, la musique de Theo est un concentré de néo-prog assez inventif ou la structure couplet /refrain est entrecoupé de longs développements instrumentaux, parfois très atmosphériques, parfois frisant l’expérimental. “Pathology” par exemple est un titre à la fois symphonique et lourd, entre Gentle Giant et un King Crimson saturé. Entre ces deux extrêmes des passages plus jazzy viennent colorer un morceau dont la basse défonce tout sur son passage laissant à peine aux guitares le loisir de quelques éclaircies lumineuses. Impossible de ne pas voir l’ombre de Trump derrière “Man Of Action” et son intro qui scande ‘USA ! USA !‘ par-dessus un discours et une guitare très Gilmourienne dans l’âme. On pense très fortement à certains moments de The Wall sur ces premières minutes. Puis l’orgue et les claviers, instruments de prédilection du leader Jim Alfredson prennent le lead sur une basse très ronde (un stick en fait), très chantante de Gary Davenport. Ici, changement de tempo, accélération/décélération sont légion alternant avec les sections heavy aux claviers (très daté années 80) et intervention de guitare floydiennes. En comparaison les 10min de “The Garden” paraissent presque fade, car plus linéaire. Le morceau tout en étant dans une atmosphère plus joyeuse, plus positive est en même temps plus lisse. “Portents & Providence” achève Figureheads sur une touche Genesienne : l’intro aux claviers et taurus sonne en effet comme une chute de Trick of The Tail ou de Duke. Le rythme va ensuite s’accélérer en prenant un virage plus pop/acoustique, avant que chacun ne délivre une démonstration technique : long solo d’orgue Hammond contre arpèges de guitares presque country. Puis, d’un seul coup, la lourdeur de “Pathology” revient écraser la deuxième partie du morceau d’un rock costaud à la puissance contenue. Puis brusquement cette lourdeur se mue en expérimentation où se croisent claviers déjanté et guitares folles qui finalement réatterrissent sur le thème génésien de l’intro.

Entre néo et progressif plus ambitieux, parfois à la limite de la démonstration, ce deuxième album de Theo sait à la fois faire dresser l’oreille de curiosité et la caresser dans le sens du poil lorsque les mélodies se font plus duveteuses. Beaucoup d’idées et de développements, et à part “The Garden“, un ton en dessous du reste, on tient la un album de très haute volée.