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Stranger Things 2
2.5Note Finale

Pour commencer, il sera difficile de donner un avis sur la saison 2 de Stranger Things sans en dévoiler quelques facettes. Vous voilà prévenus. Ceci dit, voici le retour de la série surprise de 2016, qui fit un carton sur Netflix et ailleurs au point de développer un certain culte (sans compter, goodies, jeux et tout le toutim) chez les « jeunes » comme chez les quarantenaires qui avaient le même âge que les personnages principaux, à la même époque que l’intrigue. Il faut avouer que les frangins Duffer avaient habilement su capter l’essence même du mitan des années 80 pour conférer à l’atmosphère de leur série la bonne odeur des films fantastiques estampillés (Goonies, E.T., Wargames, Alien etc.), le tout mâtiné d’une bande originale impeccable, une typographie stylisée au possible (Richard Greenberg like) et des clins d’œil à Donjons et Dragons pour pimenter la chose. La recette n’avait rien d’original mais elle dégageait une saveur, un goût du nostalgique tel qu’on se prenait au jeu macabre des quatre comparses formidablement interprétés par les révélations têtes à claques (mais pas trop) Gaten Matarazzo, Noah Schnapp, Caleb McLaughlin, Finn Wolfhard et Millie Bobby Brown. Ajoutons le retour en grâce de Winona Ryder et de Matthew Modine, figures de proue de ces joyeuses années cinéphiliques, une intrigue ramassée sur huit épisodes et l’impression d’une martingale télévisuelle émergea sans forcer du concept initial. Seulement, entre une fin ouverte évidente et la chronique d’un succès annoncé, la suite s’imposa d’elle-même. Les frères Duffer, sûrs de leur sujet, avaient déjà imaginé la chose, à la façon de la saga Harry Potter, avec des gosses que l’on verrait grandir au milieu de manifestations fantastico-gores. Une idée séduisante. Du coup, cette saison 2 nous trimnalle en 1984, l’année de Terminator, S.O.S Fantômes, Freddy, Gremlins… autant de références qui seront siphonnées à côté de l’Exorciste, Carie, Poltergeist, The Thing et les comédies de John Hugues pour le bonheur des geeks en goguette.

Donc, nous sommes bien la veille d’Halloween, avec sa kyrielle de références explicites, égrainées comme autant de cailloux (lors des premiers épisodes, surtout) et beaucoup plus sporadiquement par la suite, sinon de façon plus subtile. Comme si la couture ne devait pas trop se remarquer. Cette volonté de transformer Stranger Things en quelque chose d’autre qu’un objet référentiel ultra-malin navigue ainsi entre deux eaux. Ne prenant pas le parti de choisir vraiment, l’épisode 7 ira jusqu’à exfiltrer l’intrigue en plein climax horrifique pour une virée à Chicago qui semble annoncer un axiome pour les prochaines saisons. Soit. Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos démons. Will Byers, décidément pas verni, a de nouveaux quelques soucis avec le « Monde à l’envers » dans lequel il avait été fait prisonnier toute la première saison. Sujet aux visions d’un monstre géant tentaculaire (rien que ça), il perd peu à peu ses repères avec la réalité, possédé par ce vil esprit qui s’est invité via un portail laissé ouvert par Eleven … lors de son retour. Voici donc ce qui peut arriver lorsqu’on ne ferme pas la porte derrière soi. Si l’arc narratif principal reste classique, d’autres sous-intrigues inoffensives émaillent les neuf épisodes d’une saison qui peine à vraiment démarrer et s’avèrent par ailleurs sous exploitées (la maltraitance adolescente pour n’en citer qu’une). La faute à une intrigue à géométrie variable, qui ré-expose les personnages principaux, les antagonistes potentiels et les nouveaux venus dont Maxine (Saddie Sink). Avec sa crinière rousse (sorte de Hermione du geek) et son impétuosité de garçon manqué, cette dernière devient rapidement le point d’attraction naturel de la série. Du Demogorgon (ou Demodogs), du monde parallèle, du cauchemar (en cuisine et ailleurs), de l’humanité en péril, de la frusques vintage, de la coupe de cheveux improbable, des jeux d’arcade (Dig Dug et Dragon’s Lair avec les dessins de Don Bluth), nous revoici bien en terrain – déjà – conquis. C’est aussi le problème. Après une première saison qui nous avait fait découvrir tout ce petit monde avec une flamme de nouveauté paradoxale dans les yeux, la seconde saison joue la même carte avec le risque assumé de se répéter. Dont acte. Les rôles secondaires sont ainsi très inégaux, entre revoyures (Nancy, Steve, Jonathan, Hopper) et nouvelles têtes trop esquissées (Bob, Billy). Les acteurs restent au diapason du refrain. Si le cast s’est vu radoucir, comme l’hystérie du personnage de Joyce Byers (Winona Ryder) transformée en mère courage inquiète mais téméraire, c’est bien David Harbour qui emporte une fois encore le morceau dans son rôle de shérif intègre et sentimental. On attend sa version de Hellboy avec impatience.

En définitive, la mécanique de la première saison coince ici par les raccourcis narratifs empruntés. Si l’accumulation d’invraisemblances est le lot habituel de ce type de productions (les familles en s’inquiètent de rien, on rigole dans les situations extrêmes, on arrête de s’enfuir au pire moment etc.), il faut plutôt chercher dans les décisions des personnages de quoi nourrir quelques interrogations sur leur lucidité ou une quelconque logique face aux événements. Nous n’évoquerons pas l’aspect purement psychologique, voire psychiatrique, qui, sur de tels phénomènes, devrait laisser maboule plus d’un protagoniste. Sans parler de Will, qui devrait être interné dans une position fœtale ad vitam. Pourtant, le fait de vouloir jouer dans la cours des séries B érigées ici en modèle n’exonère en rien une construction rigoureuse et une narration solide. A trop jouer sur l’affection que l’on peut légitimement éprouver avec le petit univers de Stranger Things, les frères Duffer proposent ici une saison bien réalisée, loin d’être déplaisante, notamment pour tous les spleené de l’époque, mais trop prévisible et facile. S’ils veulent élever les choses au-delà d’un solide divertissement “clin d’œil” avec cliffhangers de rigueur, il faudra privilégier la profondeur et creuser un peu plus loin que le succédané.

STRANGER THINGS

Stranger Things 2 - Netflix (2017)

Titre : Stranger Things
Saison : 2

Showrunner : Matt Duffer & Ross Duffer
Avec : Winona Ryder, David Harbour, Finn Wolfhard, Millie Bobby Brown, Gaten Matarazzo, Caleb McLaughlin, Natalia Dyer…

Année de sortie : 2017
Durée : 9×48 min

Réalisation : Matt Duffer, Ross Duffer, Shawn Levy
Scénario : Matt Duffer & Ross Duffer
Image : Tim Ives et Tod Campbell
Musique :  Kyle Dixon et Michael Stein
Nationalité : États-Unis
Genre : Fantastique
Chaîne : Netflix

Synopsis : En 1984, à Hawkins dans l’Indiana, un an a passé depuis l’attaque du Démogorgon et la disparition d’Onze. Will Byers a des visions du Monde à l’envers et de son maître, une créature gigantesque et tentaculaire. Plusieurs signes indiquent que les monstres vont franchir le portail et revenir sur la ville…

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