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Claviériste d’avant-garde, Derek Sherinian a apposé en l’espace de trois décennies son sceau sur le monde du prog metal et au-delà puisqu’il demeure, avant toute chose, un musicien d’un grand éclectisme, avec notamment un profond ancrage dans l’univers jazz-rock fusion. Artiste pour le moins prolifique, il peut se targuer d’avoir, très régulièrement, une actualité musicale multiple ainsi que l’illustrent la parution, à quelques mois d’intervalles, de ce coffret exceptionnel de Planet X et du premier album de Whom Gods Destroy, groupe formé sur les cendres de Sons of Apollo avec le guitariste Ron « Bumblefoot » Thal. Une très belle opportunité d’échanger avec un Derek Sherinian mu d’une énergie incroyable tout au long de cet entretien, à l’image de sa musique.

Commençons par la question qui taraude nombre de fans :  la naissance de Whom Gods Destroy sonne-t-elle la fin de l’aventure pour Sons of Apollo ?

DEREK SHERINIAN : Oui effectivement. Mais pour être honnête, l’aventure Sons of Apollo était déjà quasiment arrivée à son terme avec la période de la pandémie. Nous avons été forcés de rentrer chez nous pour nous confiner, comme tous les artistes à ce moment-là. Ron et moi-même sommes néanmoins restés en contact proche et avons continué à écrire comme nous l’aurions fait pour Sons of Apollo. Mais au sortir de la pandémie, en 2020, je me suis rapidement rendu compte que plusieurs d’entre nous, au sein du groupe, manifestaient l’envie de prendre une trajectoire différente ; Mike (Ndlr : Portnoy) n’avait qu’un désir, rejoindre son groupe d’origine (Ndlr : Dream Theater), Jeff (Ndlr : Scott Soto) souhaitait travailler sur des tas d’autres projets, etc…  Et c’est à peu près à ce moment que Ron et moi-même avons découvert Dino Jelusick, un chanteur qui nous a absolument époustouflés. J’ai dit à Ron : « Sons of Apollo, c’était une magnifique expérience mais c’est visiblement derrière nous. Prenons Dino et repartons de zéro ». Avec le recul, c’était bien évidemment la meilleure chose à faire !

Donc, Whom Gods Destroy, c’est un vrai groupe et pas juste un projet ?

DEREK SHERINIAN : C’est exact. On a signé un deal avec Inside Out.  Et on a la ferme intention de partir en tournée. Je ne sais pas quand car les dates ne sont pas arrêtées, la priorité étant de sortir l’album (Ndlr : dispo depuis le 15 Mars 2024). Nous croyons d’ailleurs profondément en cet album, nous pensons qu’il est très réussi, qu’il a un caractère trempé et se distingue de la production habituelle. Et nous avons un chanteur de classe mondiale qui est, également, un frontman exceptionnel. Donc nous sommes convaincus que nous tenons avec ce premier disque quelque chose d’unique et avons hâte de pouvoir le partager avec le public.

La dernière fois que je t’ai vu sur scène, c’était avec Sons of Apollo à Paris, un concert absolument fantastique. J’ai hâte de te voir en live avec Whom Gods Destroy, même si rien n’est encore déterminé… 

DEREK SHERINIAN : Je peux quand même te dire que nous allons probablement caler quelques dates plus tard dans l’année. Mais je pense qu’une véritable tournée ne verra le jour qu’au terme de notre second album. Même si, comme je te le disais, nous sommes convaincus d’avoir un premier album de grande qualité, nous voulons bien entendu d’abord voir de quelle manière il sera accueilli avant de nous lancer dans une grande tournée. C’est juste du bon sens.

J’ai le sentiment à l’écoute du disque que vous avez gardé ce principe qui vous tenait déjà à cœur avec Sons of Apollo, à savoir des refrains magnifiquement travaillés. Et qu’en même temps vous avez amplifié la puissance de la musique…

DEREK SHERINIAN : Je pense que la meilleure façon de décrire Whom Gods Destroy, si l’on veut faire une comparaison avec Sons of Apollo, c’est qu’il y a plus de tout (Ndlr : rires). C’est plus progressif, c’est plus heavy, c’est plus mélodique etc.

Tu évoquais Dino, la puissance de sa voix contribue fortement à la dimension heavy de la musique proposée ici. Sa performance sur le refrain du nouveau single (Ndlr : “Over Again”) est absolument phénoménale…  

DEREK SHERINIAN : Un chanteur de classe mondiale comme je le soulignais à l’instant. Bien supérieur à de nombreux chanteurs dans ce style musical.

« Nous sommes convaincus que nous tenons avec ce premier disque de Whom Gods Destroy quelque chose d’unique et avons hâte de pouvoir le partager avec le public. » – Derek Sherinian

Il semble avoir trouvé avec Whom Gods Destroy l’opportunité de pleinement exprimer toutes les dimensions de sa voix, n’est-ce pas ?

DEREK SHERINIAN : Absolument. Dino a son propre groupe, Jelusick, qui est excellent dans son style (Ndlr : très heavy metal) et qui lui laisse une pleine autonomie. Et il a aussi collaboré à nombre de projets avec réussite. Ce qui explique d’ailleurs que de nombreux groupes aient essayé d’intégrer Dino au sein de leur effectif, de Journey à Whitesnake. Mais Dino aime également la musique super progressive, donc nous avons ici quelque chose de spécial à lui proposer en gardant à l’esprit la nécessité de lui laisser le champ libre afin qu’il se sente vraiment un membre à part entière de Whom Gods Destroy.

Cette remarque est d’autant plus intéressante qu’elle présente une certaine similitude avec certains de tes propos de par le passé ; je me souviens notamment que tu avais exprimé en avoir eu assez de contribuer aux projets d’autres personnes et que ta priorité avait été de monter ton propre groupe…

DEREK SHERINIAN : Nous avons tous dû jouer à un moment ou à un autre dans les groupes d’autres personnes. Et c’est parfois une condition sine qua non pour se faire connaître. Mais à un moment donné, tu as envie d’avoir ton mot à dire, voire, d’être tout simplement celui qui prend les décisions et qui a le contrôle sur la destinée du groupe. Décider par exemple de quelle manière doit sonner le groupe. En tout cas, oui, je pense que Whom Gods Destroy est un excellent tremplin pour Dino. Ron et moi avions à cœur de nous assurer que Dino se sente un partenaire à part entière. Il fait partie intégrante du processus de décision. C’est un effort collectif et nous avançons tous, ensemble, dans la même direction.

Je trouve que cet album fait montre d’une grande diversité. Et si je prends deux extrémités du spectre, tu as d’un côté “Find My Way Back” qui a des sonorités 70’s et, de l’autre, un titre comme “Crawl” qui évoque presque Planet X. A quoi est due cette diversité et qui a contribué à l’écriture des compositions ?

DEREK SHERINIAN : Ron et moi sommes tout simplement des musiciens très différents et, par voie de conséquence, également très complémentaires, ce qui ouvre des perspectives. Nous avons beaucoup d’influences en commun mais nous nous apportons mutuellement plein d’autres choses. Nous avons co-signé la totalité des titres, produit le disque ensemble et c’est Ron qui s’est chargé de la partie mastérisation.

Vous n’avez pas éprouvé le besoin de faire appel à quelqu’un d’extérieur pour produire le disque ?

DEREK SHERINIAN : Nous n’avons pas besoin d’un producteur. Tu sais, j’ai enregistré tellement de disques à ce jour que je sais exactement de quelle manière je veux que le résultat final sonne. Je n’ai pas besoin que quelqu’un qui se dise producteur vienne m’expliquer la vie et me bassine avec des suggestions. Je crois, sans vouloir sembler prétentieux, que Ron et moi savons parfaitement ce que nous faisons.

Whom Gods Destroy

« La meilleure façon de décrire Whom Gods Destroy, si l’on veut faire une comparaison avec Sons of Apollo, c’est qu’il y a plus de tout : c’est plus progressif, c’est plus heavy et c’est plus mélodique ! » – Derek Sherinian

L’album intègre bien évidemment des sonorités très progressives mais semble moins faire la part à des développements instrumentaux.

DEREK SHERINIAN : Je ne suis pas forcément d’accord avec ça. Je trouve qu’il y a beaucoup de passages instrumentaux, de breaks et de solos dans ces chansons…

Je voulais dire des passages instrumentaux plus longs, de 5 ou 10 minutes comme dans une certaine tradition du progressif, ce genre de choses…

DEREK SHERINIAN : Oui dans ce cas, je comprends ce que tu veux dire. Notre musique est plus concise. Et c’est bien sûr une décision consciente. Je trouve que cela donne plus d’impact aux compositions.

Puisque j’évoquais la dimension instrumentale, c’est peut-être une bonne transition pour parler du magnifique coffret Anthology de Planet X. Je dois te dire que ça a été un vrai bonheur d’écouter ces versions remastérisées. Je trouve que la production initiale était déjà excellente, mais la mastérisation surpasse les attentes et donne une nouvelle vie à ces albums. Peux-tu nous en dire un peu plus sur la genèse de ce projet ?

DEREK SHERINIAN : En fait, les albums de Planet X étaient épuisés depuis de nombreuses années et les fans ne pouvaient plus se les procurer. Sauf à les acheter sur eBay où les gens les vendaient pour 100 dollars du fait de leur rareté, ce qui était totalement exagéré. Avec Virgil (Ndlr : Donati, batteur et cogéniteur du groupe) on s’est dit « C’est complètement dingue ! Il faut remettre notre musique à disposition du public ». Et il se trouve que nous possédions les masters de ces disques. Donc nous avons créé notre propre maison de disques, Planet X Records, et nous sommes partis sur l’idée de proposer ce coffret. Nous nous en sommes occupés intégralement et avons demandé à Simon Phillips de remasteriser les quatre disques afin d’améliorer encore la dynamique et de s’assurer d’une cohérence globale. Et nous avons voulu donner à l’ensemble un caractère plus spécial en ajoutant, primo, quelques notes très détaillées dans le livret et en apportant, secundo, une dimension graphique plus prononcée avec quelques belles photos. Je trouve que c’est une belle manière de rendre justice à l’héritage de Planet X. C’est une anthologie pour les générations actuelles et futures. Et d’ailleurs, tu n’imagines pas le nombre de musiciens d’une vingtaine d’années, tout au plus, qui me confient à quel point ils ont été influencés par Planet X. Ils n’étaient même pas nés quand ces albums sont sortis. Clairement, ces disques résistent à l’épreuve du temps et c’est un superbe témoignage du caractère unique de cette collaboration avec Virgil. Et avec Tony (Ndlr : Macalpine, le guitariste des deux premiers LPs).

Quelle a été la genèse de Planet X ?

DEREK SHERINIAN : Il faut se souvenir qu’à l’époque j’étais en plein milieu de la réalisation de mon tout premier album solo, auquel participait déjà Virgil. Et c’est à ce moment que j’ai été remercié de Dream Theater. Passé le choc initial d’être évincé du groupe, j’ai transformé la colère qui m’animait en un puissant souffle créatif. J’ai dit à Virgil « créons un groupe de prog comme on n’en a jamais entendu et allons-y à 300% ». Du titre de mon premier album solo Planet X est né le nom du groupe. On en ensuite recruté Tony et puis un bassiste et d’autres musiciens par la suite.

Comment décrirais-tu la musique de Planet X à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler du groupe ?

DEREK SHERINIAN : Je crois que le nom du groupe est explicite : c’est une musique d’une autre planète, une musique que nous n’avons jamais entendue auparavant, que ce soit d’un point de vue harmonique ou rythmique. Nous avons élevé le niveau de jeu, grâce notamment à Virgil Donati qui est, à proprement parler, un génie musical. Il avait déjà une longueur d’avance sur tout le monde et n’a jamais cessé de s’améliorer au fur et à mesure que nous jouions. Il est même arrivé à un tel point d’excellence que je ne pouvais tout simplement plus le suivre en « live » ! J’ai fini par lever les bras au ciel et j’ai dit : « Tu sais quoi ? Je suis incapable de suivre et de comprendre ce que tu joues. Et donc, peut-être que tu devrais maintenant jouer avec des extraterrestres !» (Ndlr : rires)

J’ai vraiment le sentiment qu’avec Planet X vous êtes allés là où aucun autre musicien n’est allé avant vous…

DEREK SHERINIAN : C’est vrai et je repense parfois à cette époque où j’ai joué avec Alice Cooper, à mes débuts (Ndlr : tournée de l’album Trash). Il m’avait dit « Derek, pour devenir une légende, tu dois aller si loin que les gens aient peur de te suivre ». On  peut prendre ça à différents niveaux, mais musicalement, ça veut dire pour moi aller là où personne n’a osé aller ou n’a pu aller. Et c’est ce que nous avons fait avec Planet X. D’ailleurs, aujourd’hui encore, comme je te le disais, des tas de musiciens reconnaissent avoir été influencés par le groupe. Prends par exemple le guitariste Tosin Abasi, du groupe Animals As Leaders (Ndlr : groupe de prog metal instrumental), il reconnaît en Planet X une réelle influence. Et le batteur du groupe connaît bien Virgil.

Avec le recul est-ce qu’il y a quoi que ce soit que tu aurais souhaité faire différemment avec Planet X ?

DEREK SHERINIAN : Disons que, bien entendu, j’aurais adoré que ce groupe prenne de l’ampleur au point de jouer devant des milliers de gens à travers le monde. Et prenne ainsi son envol de manière définitive. Ça aurait été bien. Mais je suis fier de ce que nous avons accompli. Nous avons fait le tour du monde et avons tourné à plusieurs reprises en Europe. Nous avons eu la chance de pouvoir réaliser tous ces albums puis ce coffret. A ce titre, je trouve que Virgil et moi avons fait un excellent travail de documentation pour cette anthologie.

Derek Sherinian

« Cette anthologie de Planet X, à destination des générations actuelles et futures, est une belle manière de rendre justice à l’héritage du groupe. » – Derek Sherinian

En parlant de Virgil, peux-tu nous dire comment tu as été amené à collaborer avec lui ?

DEREK SHERINIAN : Je travaillais sur un album solo pendant que j’étais au sein de Dream Theater. Et c’est Mike Varney, le boss de la maison de disques (Ndlr : Shrapnel Records, le label qui a hébergé tant de guitar heroes dans les 80’s comme Yngwie Malmsteen, Jason Becker ou encore Marty Friedman) qui m’a parlé de Virgil et m’a invité à le rencontrer. On a organisé une jam session et de cette session est née ni plus ni moins que “Apocalypse”, la première section de “The Atlantis Trilogy”, le tout premier titre de mon album solo, que beaucoup de gens considèrent aujourd’hui encore comme un classique du prog. C’est juste dingue ; nous avons écrit ce titre le tout premier jour de notre collaboration ! L’alchimie a été immédiate entre nous. Nous avons pourtant tous les deux des personnalités très différentes. Il en va de même de Simon Phillips. Mais quand nous nous réunissons, il se passe quelque chose de magique immédiatement entre nous avec un résultat plus que probant…

Le regretté et génialissime guitariste Allan Holdsworth a contribué à plusieurs morceaux sur Quantum. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?

DEREK SHERINIAN : Allan est notre héros. Il est tout simplement le plus grand de tous nos héros. Nous avons tous une admiration sans bornes pour lui. Et qu’Allan ait accepté de jouer sur Quantum est pour moi un moment tout aussi magique qu’inoubliable. Après le départ de Tony Macalpine nous nous sommes dit qu’il fallait relancer Planet X en donnant au groupe une dimension nouvelle et faire quelque chose d’encore plus spécial. Nous avons échangé avec Allan qui a tout de suite accepté de participer à cet album. Nous nous sommes calés et puis nous avons attendu, attendu et attendu encore…. Allan était quelqu’un de très perfectionniste qui prenait beaucoup de temps pour travailler ses compos. On a enfin fini par recevoir un message d’Allan qui nous informait avoir terminé quatre morceaux.  Nous étions aux anges. On lui a aussitôt répondu en lui demandant de nous envoyer ce qu’il avait écrit pour l’écouter. Une semaine s’est écoulée, deux semaines, trois semaines. J’ai laissé plusieurs messages à Allan, mais il ne m’a pas répondu. Et puis quelqu’un m’a appelé pour me dire ; « écoute, Allan a bien enregistré les compositions, mais il est revenu un soir du pub, les as écoutées, a détesté chaque note qu’il avait jouée et a tout effacé ». Quand je te dis que c’était un perfectionniste.

Non ! Sérieusement ?

DEREK SHERINIAN : Hélas oui. Tu sais, il venait peut-être d’écrire quelque chose de complètement incroyable… et a tout effacé.  Bon, quoi qu’il en soit, il a fini par jouer sur deux morceaux. Nous savions que c’est tout ce que nous aurions et nous devions, par ailleurs, continuer à avancer rapidement. Donc, on était très content de ces deux morceaux et c’est le guitariste Brett Garsed qui est venu jouer sur le reste de l’album. Il a fait un boulot fantastique, à l’égal de son travail sur mon premier album solo.

Pour continuer au sujet d’Allan, c’est vraiment remarquable qu’il ait contribué à Planet X. Cela démontre sa grande ouverture d’esprit. Il y a beaucoup de gens qui aiment le jazz rock mais qui, dès que la musique prend une coloration plus heavy, s’en détournent et ne parviennent pas à franchir le pas…

DEREK SHERINIAN : Disons que les titres sur lesquels il a joué au sein de Planet X ne sont pas les plus heavy (Ndlr : rires). Il a aussi joué sur mon album solo, Mythology,avec Zakk Wylde (Ndlr : Ozzy OsbourneBlack Label Society). Et tu sais à quel point Zakk peut jouer de manière très heavy. Et donc il y a ce titre “Day of the Dead” sur lequel Zakk jouait entre autres un solo en intro. Quand j’ai demandé à Allan d’ajouter ses parties de guitare, j’ai mis en sourdine le solo de Zakk pour ne pas effrayer Allan avec cette dimension trop metal. Il a donc ajouté ses soli sur une partition ne comprenant que la basse, la batterie et les claviers. Et c’est seulement ensuite que j’ai ajouté la guitare de Zakk. Il a probablement détesté ce morceau quand il l’a entendu dans sa version finale (Ndlr :  rires). Mais sérieusement, non je ne pense pas, d’autant plus que beaucoup de gens ont adoré son travail sur cette chanson, “Day of the Dead”.

Et maintenant la question que tout le monde se pose, avez-vous l’intention de ressusciter Planet X à un moment ou à un autre ?

DEREK SHERINIAN : Virgil et moi en avons parlé, mais, au final, il faut vraiment que ça ait du sens. Les groupes instrumentaux c’est très particulier. Et nous n’avons pas échangé avec Tony depuis un moment. Bref, je ne sais pas si ce serait avec Tony ou avec un autre guitariste. Donc, oui, peut-être dans le futur, qui sait ? Mais ce n’est pas une priorité. Et si c’était le cas je pense que nous enregistrerions d’abord un nouvel album avant de partir en tournée.

Derek Sherinian

« Qu’Allan Holdsworth ait accepté de jouer sur l’album Quantum de Planet X est pour moi un moment tout aussi magique qu’inoubliable. » – Derek Sherinian

C’était en tout cas une question légitime alors que sort ce coffret. Je pense que beaucoup de gens s’interrogent sur ce point.

DEREK SHERINIAN : Oui, ça aurait été la bonne chose à faire.  Une perspective excitante. Mais c’est juste que le timing n’était pas le bon.

Je n’ai malheureusement jamais eu la chance de vous voir en concert avec Planet X à l’époque. Quel souvenir gardes-tu de ces shows ?

DEREK SHERINIAN : C’était tout simplement fou. Les gens qui ont eu l’occasion de nous voir peuvent en attester. C’était d’une intensité rare. Avec cette concentration particulière d’un public habitué au jazz et au rock progressif et donc attentif à chaque note. Et tout cela avec un côté heavy que l’on ne retrouve habituellement pas dans ces genres musicaux. C’était un véritable tour de force à chaque concert. Donc, pour tous les gens qui ont eu la chance d’assister à ça en live, ça a dû être quelque chose de sacrément spécial, pour sûr.

Un petit mot sur toi, juste pour conclure. Tu as joué avec beaucoup de musiciens, au cours de ta carrière. Y a-t-il d’autres musiciens avec lesquels tu aurais aimé jouer ou écrire ?

DEREK SHERINIAN : La seule personne avec laquelle j’ai toujours voulu jouer est Jeff Beck. Mais il n’est malheureusement plus parmi nous donc ce rêve ne se réalisera jamais. Mais sinon, tu sais, tout va bien. Je n’ai pas une liste de personnes avec lesquelles je veux impérativement jouer. J’ai joué avec à peu près tous les artistes qui me tenaient à cœur. Ceci dit, je suis toujours à la recherche de nouveaux talents.

Quel a été le moment décisif dans ta vie où tu as compris que la musique était ce que tu voulais faire ?

DEREK SHERINIAN : Je crois qu’il y en a plusieurs. Mais l’un d’entre eux a été indéniablement un concours lorsque j’avais 13-14 ans. Nous avions un groupe et n’avons joué qu’un titre mais avons remporté ce concours. Et je me souviendrais toujours de cette sensation indicible de jouer devant une foule. Et du fait que les gens te reconnaissent dans la rue parce que tu fais partie d’un groupe. Une sensation d’autant plus prégnante que je n’étais pas de ces ados qui font partie de l’équipe de football américain, tu sais ce type de personnes super populaires. Mais voilà, tout d’un coup, j’ai trouvé mon « super pouvoir » dans la vie et c’était ça. Je pense donc que cela a été un temps fort et décisif pour moi. Ensuite, en termes de carrière, le plus grand coup de pouce, le saut quantique, ça a été lorsque j’ai rejoint Alice Cooper pour tourner avec lui en 1989. A ce moment-là, je suis passé du statut de musicien en situation précaire à celui de musicien participant à une tournée mondiale sur MTV, jouant dans le groupe d’une légende du rock. Et le rêve est devenu réalité. C’était donc un élément essentiel et déterminant. J’ai eu par la suite la chance de jouer avec tant de mes héros. Et il y en a eu tellement tout au long de mon parcours. Je ne peux même pas tous les citer.

Tu as toujours de multiples projets en cours. Il y a donc eu ce coffret de Planet X. Il y a maintenant ce nouveau groupe, Whom Gods Destroy. D’autres choses également ?

DEREK SHERINIAN : Oui, je me suis attelé à un album de piano avec Simon Phillips. En trio. Un sacré défi et c’est ce sur quoi je me concentre en ce moment.

Un album de trio jazz ?

DEREK SHERINIAN : Oui, du jazz en mode acoustique.

J’attends ça avec impatience car j’avais beaucoup aimé la dimension jazz du titre “Scorpion” sur ton dernier album solo, Vortex.

DEREK SHERINIAN : Ca sera dans cet esprit. Un album complet.

Je vois que le temps passe. Est-ce qu’il y a un sujet que tu voudrais partager et que nous n’avons pas abordé ?

DEREK SHERINIAN : Non. Juste te remercier de cet échange et remercier tous mes fans et amis en France. Vous me manquez beaucoup et j’espère que je pourrai venir jouer pour vous bientôt. Cela fait très longtemps, beaucoup trop longtemps !

Une interview réalisée via Zoom le 14 février 2024 par Stéphane Rousselot.

Tous nos remerciements à Birgit Wolters (Oktober Promotion) pour avoir facilité cette interview.

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