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Mission Impossible: Dead Reckoning part 1
3.8Note Finale

Le cas de Mission Impossible est intéressant. Sans avoir besoin de remonter les horloges et refaire l’histoire en profondeur, résumons les épisodes précédents : les sept saisons de la série “à la cool” initiée par Bruce Geller dans les années 60, avec son générique culte et sa bande originale signée Lalo Shiffrin, les droits acquis par Tom Cruise au mitan des années 90 qui voyait l’occasion de se lancer dans la production, un premier film réalisé par Brian de Palma (1996) sous l’influence du Topkapi de Jules Dassin, entre espionnage à trahisons multiples et cambriole, un succès mondial qui lance une franchise dont les épisodes à venir colleront à la trajectoire époumonée de son acteur principal qui n’en finit pas de courir. Avec un second volet suintant de mégalomanie et emporté par les tics visuels de John Woo (2000) et un troisième épisode sans véritable style mais pour lequel J.J. Abrams impose de nouvelles méthodes d’écriture avec une intrigue principalement dominée par un mémorable Philip Seymour Hoffman, le concept commence à s’essouffler, comme la carrière de Tom Cruise que les frasques télévisuelles lors de la promo de la Guerre des Mondes (Steven Spielberg, 2005) avaient carrément poussé vers la sortie d’une Paramount remontée à bloc. L’échec de sa reprise du studio United Artist confirmait le crash à venir. Et quand une star hollywoodienne du calibre de Tom Cruise commence à se casser la figure, c’est généralement accompagné par le duo pertes et fracas. Mais l’acteur est un cas à part. Cinéphile averti. Résilient confirmé. Il ne décide pas seulement de reprendre Mission Impossible en bouée de sauvetage. En frappant à la porte du génie de l’animation Brad Bird, qu’il avait repéré dès Le Géant de Fer (1999) avant qu’il ne confirme tout son talent chez Pixar (Les Indestructibles, Ratatouille), il poursuit l’idée de faire appel à un réalisateur différent pour chaque film. Surtout, il lui donne l’occasion de travailler sur son premier long métrage en prise de vue réelle. Cela confère à Ghost Protocol (ce quatrième volet initie également les noms de code façon serial de série B) une facture cartoonesque, un humour plus affirmé et des scènes d’anthologie qui en font – avec le premier épisode – le sommet actuel de la franchise. Le succès est immédiat. Le retour de la Star au sommet est un jeton supplémentaire dans le grand juke-box hollywoodien. La mélodie est connu et la suite va dès-lors prendre les choses en main à défaut de risques. Car s’il a pu tenter des trucs un peu dingues dans sa carrière (sa collaboration avec Stanley Kubrick, Michael Mann ou Paul Thomas Anderson), tout l’univers Tom Cruise était calculé. Millimétré. Comme une cascade. Avec un contrôle d’image à l’avenant. Pour l’aider, Cruise s’était depuis la fin des années 80 entouré d’une ancienne gloire du scénario : Robert Towne (Chinatown). Ce dernier se chargeait de la réécriture des personnages interprétés par l’acteur dans les productions les plus élémentaires. Mais en 2008, l’acteur rencontre Christopher McQuarrie, scénariste de Usual Suspect, à l’occasion du tournage de Walkyrie. Le film ne rencontrera pas un grand succès – qui voulait voir Tom Cruise jouer un colonel allemand borgne et accessoirement lose ? – mais il formalise une nouvelle collaboration à long terme. Un peu plus tard, le duo propose l’adaptation de Jack Reacher (2012) en espérant initier une nouvelle franchise. McQuarrie écrit et réalise mais le succès est mitigé. Plus intéressant, il a retravaillé dans l’ombre le script de Ghost Protocol ce qui le propulse de facto sur le cinquième épisode intitulé Rogue Nation (2015). C’est un virage car McQuarrie va rester à l’écriture et derrière la caméra pour les quatre épisodes suivants, brisant ainsi la règle d’un cinéaste pour chaque film. Emballé c’est pesé. Le succès renouvelé aidant suivront le très (trop) sérieux Fallout (2018 et plus grand succès en date) puis le diptyque Dead Reckoning (2023 et 2024) avec un premier volet dont il est question ici. Ouf !

Et donc ? Disons-le tout de suite, la recette fonctionne toujours. Exaltante. Malgré sa longueur (près de 2h45) le film ne lasse jamais, balancé entre scènes d’action virtuoses plus inspirées que dans le précédent opus, un humour plus marqué également avec l’arrivée d’un nouveau personnage qui fonctionne (Hayley Atwell que l’on retrouve après Captain America) au détriment de Ilsa interprétée par la toujours impeccable Rebecca Ferguson que le scénaristes n’arrivent pas à véritablement utiliser malgré un touchante scène dans les canaux de Venise où elle tient la main de Ethan Hunt dans un élan de sentimentalisme prude. Car Ethan Hunt n’est pas James Bond. Que ce soit envers les femmes comme sur son instinct meurtrier qu’il semble cacher plus qu’à son habitude. Ici, le film se concentre avant tout sur un antagoniste insaisissable (une IA nommée l’Entité) et son suave messie incarné par un Gabriel (Esai Morales) en mode mineur. En pleine problématique que les outils tels que ChatGPT, le script anticipe les choses, se place dans un contexte, une problématique très actuelle tout en recyclant les vieilles angoisses façon Skynet. Dès lors  le film retrouve ce goût pour le jeu du chat et de la souris, à la poursuite d’une clé qui permettra de désactiver l’IA en question, à grand renfort de courses poursuites que ce soit dans un aéroport ou dans les rues de Rome avec une séquence qui retrouve le goût du cartoon à bord d’une Fiat 500. Certes, il n’y a rien de véritablement surprenant. Des cascades vertigineuses il y en a déjà eu, des bagarres sur le toit d’un train la’cé à pleine vitesse également (coucou Brian de Palma) mais la réalisation, classique et efficace de Christopher McQuarrie permet de passer un sacré bon moment, sans fausse note. Et si Tom Cruise prend beaucoup de place il faut reconnaître qu’à ce niveau, Ghost Protocol faisait figure d’exception. Le syndrome Mission Impossible conserve sa trajectoire de tourner avant tout autour de son personnage principal. Les amateurs apprécieront. Les autres moins. Tant pis. En tout état de cause, il faut reconnaître à ce nouvel épisode cette capacité à poursuivre une franchise exaltante, commencée il y a près de 30 ans maintenant, sans prendre le spectateur pour un idiot ni un simple consommateur. Quand bien même cette aventure attend dores et déjà sa suite. Une nouvelle mode à Hollywood qui paraît moins cynique et mercantile que sur d’autres franchises (Fast and Furious pour ne citer qu’elle) avec un cliffhanger plutôt malin. En cela, Mission Impossible – Dead Reckoning n’est pas un simple produit estampillé mis dans les rayons du supermarché streaming. Il conserve ce goût de l’action, de l’aventure et du dépaysement solidement écrit pour un film de ce calibre, avec en retour un petit côté décalé et clin d’oeil assumé.

ENGLISH VERSION

The case of Mission Impossible is interesting. Without having to wind up the clocks and redo the story in depth, let’s summarize the previous episodes: the seven seasons of the “cool” series initiated by Bruce Geller in the 60s, with its cult credits and its original soundtrack by Lalo Shiffrin, the rights acquired by Tom Cruise in the mid-1990s who saw the opportunity to start producing, a first film directed by Brian de Palma (1996) under the influence of Jules Dassin’s Topkapi, between espionage and betrayal multiple and heist, a worldwide success which launches a franchise whose future episodes will stick to the suffocated trajectory of its main actor who never stops running. With a second part oozing with megalomania and carried away by the visual tics of John Woo (2000) and a third episode without real style but for which J.J. Abrams imposes new writing methods with a plot mainly dominated by a memorable Philip Seymour Hoffman, the concept is beginning to run out of steam, like the career of Tom Cruise, whose television escapades during the promotion of War of the Worlds (Steven Spielberg, 2005) had squarely pushed towards the release of a revamped Paramount. The failure of his takeover of the United Artist studio confirmed the crash to come. And when a Hollywood star of the caliber of Tom Cruise starts to fall apart, it’s usually accompanied by the duo of loss and crash. But the actor is a special case. Avid cinephile. Resilient confirmed. He doesn’t just decide to resume Mission Impossible as a lifeline. By knocking on the door of animation genius Brad Bird, whom he had spotted from The Iron Giant (1999) before he confirmed all his talent at Pixar (The Incredibles, Ratatouille), he pursues the idea to call on a different director for each film. Above all, it gives him the opportunity to work on his first live-action feature film. This gives Ghost Protocol (this fourth installment also initiates serial B codenames) a cartoonish style, a more assertive humor and anthology scenes that make it – with the first episode – the current peak of the franchise. . The success is immediate. The Star’s return to the top is another token in the great Hollywood jukebox. The melody is known and the sequel will therefore take things in hand for lack of risk. Because if he was able to try some crazy things in his career (his collaboration with Stanley Kubrick, Michael Mann or Paul Thomas Anderson), the whole Tom Cruise universe was calculated. Millimeter. Like a waterfall. With image control to match. To help him, Cruise had surrounded himself since the end of the 80s with a former glory of the screenplay: Robert Towne (Chinatown). The latter was responsible for rewriting the characters played by the actor in the most basic productions. But in 2008, the actor met Christopher McQuarrie, screenwriter of Usual Suspect, during the filming of Valkyrie. The film will not be a great success – who wanted to see Tom Cruise play a one-eyed and incidentally lose German colonel? – but it formalizes a new long-term collaboration. A little later, the duo offers the adaptation of Jack Reacher (2012) hoping to initiate a new franchise. McQuarrie writes and directs but success is mixed. More interestingly, he reworked the Ghost Protocol script in the shadows, which propelled him de facto to the fifth episode entitled Rogue Nation (2015). It’s a turnaround as McQuarrie will stay on as a writer and behind the camera for the next four episodes, breaking the one-filmmaker-to-each-movie rule. Packed it is weighed. The renewed success helping will follow the very (too) serious Fallout (2018 and greatest success to date) then the diptych Dead Reckoning (2023 and 2024) with a first part which is discussed here. Phew! And so ? Let’s say it right away, the recipe still works. Uplifting. Despite its length (nearly 2h45) the film never tires, balanced between virtuoso action scenes more inspired than in the previous opus, a more marked humor also with the arrival of a new character who works (Hayley Atwell as the ‘we find after Captain America) to the detriment of Ilsa interpreted by the always impeccable Rebecca Ferguson whom the scriptwriters cannot really use despite a touching scene in the canals of Venice where she holds Ethan Hunt’s hand in a surge of sentimentality prude. Because Ethan Hunt is not James Bond. Whether it’s towards women or his murderous instinct that he seems to hide more than usual. Here, the film primarily focuses on an elusive antagonist (an AI named the Entity) and his messiah embodied by a minor-key Gabriel (Esai Morales). In the middle of the problem that tools such as ChatGPT, the script anticipates things, places itself in a context, a very current problem while recycling old Skynet-style anxieties. From then on the film rediscovers this taste for the game of cat and mouse, in pursuit of a key that will deactivate the AI ​​in question, with a lot of chases whether in an airport or in the streets. of Rome with a sequence which finds the taste of the cartoon aboard a Fiat 500. Admittedly, there is nothing really surprising. There have already been vertiginous stunts, fights on the roof of a laced train at full speed as well (hello Brian de Palma) but the classic and effective realization of Christopher McQuarrie allows you to have a hell of a good time, without a false note. And if Tom Cruise takes up a lot of space, it must be recognized that at this level, Ghost Protocol was an exception. Mission Impossible Syndrome retains its trajectory of primarily revolving around its main character. Fans will appreciate. The others less. Too bad. In any case, we must recognize in this new episode this ability to continue an exhilarating franchise, started almost 30 years ago now, without taking the viewer for an idiot or a simple consumer. Even though this adventure is already waiting for its sequel. A new trend in Hollywood that seems less cynical and mercantile than in other franchises (Fast and Furious to name but one) with a rather clever cliffhanger. In this, Mission Impossible – Dead Reckoning is not a simple stamped product placed on the shelves of the streaming supermarket. It retains this taste for action, adventure and a change of scenery solidly written for a film of this caliber, with in return a little quirky side and an assumed wink.

Mission Impossible- Dead Reckoning part 1 (2023)

Titre : Mission Impossible: Dead Reckoning part 1

Réalisé par : Christopher McQuarrie
Avec : Tom Cruise, Hayley Atwell, Ving Rhames, Simon Pegg, Rebecca Ferguson, Esai Morales, Pom Klementieff, Mariela Garriga, Vanessa Kirby, Henry Czerny…

Année de sortie : 2023
Durée : 163 minutes

Scénario : Christopher McQuarrie, Erik Jendresen
Montage: Eddie Hamilton
Image : Fraser Taggart
Musique : Lorne Balfe

Nationalité : États-Unis
Genre : Action / Espionnage

Synopsis : Dans Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1, Ethan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité entière. Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission – pas même la vie de ceux qu’il aime...

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