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Master Gardener
3.5Note Finale

Troisième volet de la trilogie non officielle sur la rédemption après l’excellent First Reformed (2017, jamais sorti en salle) et The Card Counter (2021). Une trilogie “non officielle“, donc, puisque le thème de la rédemption irrigue le cinéma de Paul Schrader depuis ses débuts de scénariste que ce soit avec d’autres réalisateurs (Taxi Driver, Raging Bull etc.) ou dans ses propres films (Light Sleeper, Affliction etc.). Rien d’étonnant pour cet admirateur sans borne de Robert Bresson et notamment du “Journal d’un curé de campagne“. Cette fois, le passé violent et nihiliste de son personnage principal (Joel Edgerton, formidable introverti) est contrebalancé par une existence soumise à des règles strictes, des codes presque religieux – tout comme les héros obsessionnels de ses deux précédents opus – autour de l’organisation du jardin à la française de l’ultime héritière d’une noblesse en fin de règne interprétée ici par une Sigourney Weaver à la fois captivante et pathétique. Dans ce petit monde en vase clos, bercé par les secrets et les non dits, l’arrivée de la petite nièce toxicomane de la proprio (Quintessa Swindell) va évidemment remuer la boue des souvenirs et du passé. Si First Reformed devait déjà être le dernier film de Paul Schrader, ce dernier, dont la santé reste précaire, avance finalement dans une direction où l’épure est le maître mot. S’il déroule son récit en terrain connu, comme une revisite de son oeuvre, le montage et la réalisation sont d’une précision qui ne surprend guère (quoiqu’un passage psychédélique vienne chambouler tout ça) sans pour autant briser la dynamique du récit. Chaque geste, chaque mot, chaque plan est pesé, se mérite, transformant le film en passionnant sujet d’observation pour les amateurs du réalisateur. Les novices pourront quant à eux trouver tout cet abattage d’une froideur mécanique. C’est tout le paradoxe de Master Gardener dont l’ascétisme peut verser dans une langueur déjà-vue, une forme de raideur qui empêche l’émotion de jaillir véritablement (pour cela courrez voir le bouleversant First Reformed), tout en lui rattachant les artefacts d’un cinéma à ce point dépouillé qu’il navigue à la lisière du théorique.

ENGLISH VERSION

Third part of the unofficial trilogy on redemption after the grandiose First Reformed (2017, never released in cinemas) and The Card Counter (2021). An “unofficial” trilogy, then, since the theme of redemption has irrigated Paul Schrader’s cinema since his early days as a screenwriter, whether with other directors (Taxi Driver, Raging Bull etc.) or his own films (Light Sleeper, Affliction etc.). Hardly surprising for this unbridled admirer of Robert Bresson. This time, the violent, nihilistic past of his main character (Joel Edgerton, a formidable introvert) is counterbalanced by an existence once again subject to strict rules, almost religious codes – just like the obsessive heroes of his two previous opuses – around the organization of the French-style garden of the last heiress of a nobility at the end of its reign, played here by a Sigourney Weaver who is both captivating and pathetic. The arrival of the owner’s drug-addicted niece (Quintessa Swindell) will obviously stir up the mud of memories and the past in this small world, cradled by secrets and things left unsaid. If First Reformed was already supposed to be Paul Schrader’s last film, the latter, whose health remains precarious, is finally moving in a direction where purity seems to be the watchword. While the story unfolds on familiar ground, like a revisiting of his work, the editing and direction are of a precision that hardly comes as a surprise (although a psychedelic passage does upset the balance) without breaking the story’s dynamic. Every gesture, every word, every shot is earned, turning the film into a fascinating observation subject for Schrader fans. Novices, on the other hand, may find all this slaughter mechanically cold. This is the paradox of Master Gardener, whose asceticism can lapse into a déjà-vu languor, a form of stiffness that prevents emotion from truly springing forth (for this, run to the deeply moving First Reformed), while at the same time attaching to it the artifacts of a cinema so stripped down that it teeters on the edge of the theoretical.

Master Gardener - Paul Schrader (2023)

Titre : Master Gardener
Titre original : Master Gardener

Réalisé par : Paul Schrader
Avec : Joel Edgerton, Sigourney Weaver, Quintessa Swindel…

Année de sortie : 2023
Durée : 107 minutes

Scénario : Paul Schrader
Montage: Benjamin Rodriguez Jr.
Image : Alexander Dynan
Musique : Dev Hynes

Nationalité : États-Unis
Genre : Drame

Synopsis : Narvel est un horticulteur dévoué aux jardins de la très raffinée Mme Haverhill. Mais lorsque son employeuse l’oblige à prendre sa petite-nièce Maya comme apprentie, le chaos s’installe, révélant ainsi les sombres secrets du passé de Narvel...

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