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Whom Gods Destroy - Insanium
4.8TOP 2024

Quelques notes de piano à queue oppressantes annoncent la couleur en ouverture de cet album, à l’image de cet air lourd qui préfigure l’orage. Et puis, sans plus de préavis, c’est immédiatement la tornade. Un déferlement de quasiment 60 minutes, avec quelques rares accalmies, tout au long des dix titres du premier essai de ce tout nouveau projet à l’initiative des deux pointures que sont Derek Sherinian et Ron “Bumblefoot” Thal. Le prolifique claviériste (Dream Theater, Planet X, Black Country Communion) et le guitariste de renom (Guns n’ Roses), qui ont appris à se connaître au sein du défunt Sons of Apollo, en reprennent le canevas, gardant notamment l’esprit des refrains fédérateurs, mais vont encore plus loin, en redoublant d’intensité et d’inventivité, avec un disque qui sonne comme l’uppercut le plus soigné de l’histoire du prog-metal. Dit différemment, la puissance brutale d’Insanium n’a d’égale que sa technicité et son soin du détail. Et l’histoire retiendra que c’est Bumblefoot qui a été ardemment moteur pour explorer la part la plus agressive de cette musique, regrettant justement que Sons of Apollo n’ait jamais réellement franchi le pas.

Whom Gods Destroy vient donc de définir son indélébile marque de fabrique, avec un style et des sonorités qui lui sont propres. Très resserrée et compacte, la musique laisse peu d’espace aux longues digressions instrumentales, à quelques exceptions près, notamment sur la plus longue pièce “Insanium“, sur le break ahurissant de “The Decision” ou sur le bien nommé, mais trop court, instrumental “Hypernova 158“. Mais, pour autant, elle foisonne de plans techniquement débridés qui fusent de partout, sans répit aucun. Et sur lesquels plane parfois l’ombre de Planet X, comme en témoigne l’intro de “Crawl“. Plus que tout, c’est le sentiment d’un travail réellement collectif qui se dégage de ce disque, indépendamment du fait que la musique ait été écrite entièrement par Sherinian et Bumblefoot. Avec une forte osmose, une grande cohésion et surtout un bel équilibre entre les différents musiciens, tous, par ailleurs, extrêmement talentueux. Et les fans du travail de Derek Sherinian y trouveront amplement leur compte au regard de la dextérité des partitions du claviériste sur cet album, avec toujours cette capacité à délivrer des solos dignes d’un shredder, ainsi que l’illustre parfaitement celui de “Over Again“. Mais s’il en est un qui se distingue particulièrement c’est bien le chanteur Dino Jelusic. Cet artiste croate, lauréat du Concours Eurovision de la chanson junior 2003, avait déjà fait ses preuves sur différents projets et intégré, en 2021, le groupe Whitesnake, en tant que multi-instrumentiste et support de David Coverdale au chant. Mais force est de constater que la musique de Whom Gods Destroy lui offre enfin la possibilité de pleinement s’exprimer, mettant en exergue toute l’étendue de son registre vocal. Et c’est une véritable révélation ! On retiendra à titre d’exemple l’incroyable puissance de sa voix qui porte vers les sommets les refrains de “Over Again“, “Find my Way Back” ou encore “The Decision“, conférant à la musique un incroyable supplément d’énergie. Il était grand temps que Dino Jelusic soit sous le feu des projecteurs et c’est maintenant chose faite avec ce disque étourdissant, pour notre plus grand plaisir. Le line up est complété par le bassiste Yas Nomura (qui a fait ses premières avec le trio de rock progressif fusion Mammoth) et le batteur Bruno Valverde (du groupe de power metal Angra), offrant ainsi une solide assise pour la musique du quintet.

Une des autres grandes forces de ce disque réside dans la capacité à offrir une diversité de tons dans les compositions tout en gardant une véritable identité musicale. Un certain nombre de compositions s’inscrivent dans une tradition très heavy mélodique du prog-metal, au rang desquels “In the Name of War” (avec ce splendide solo de Bumblefoot qui n’en finit plus de nous surprendre, entre jazz rock et shredding), le très inspiré “The Decision” et sans oublier le mini-épique “Insanium” (avec en point d’orgue le magnifique passage que constitue le second mouvement intitulé “Abandoned“). D’autres compositions poussent d’un cran encore les potards comme les rageurs “Crucifier” et “Over Again“, nous conviant à un déluge de feu sur la base d’une distorsion permanente. Et puis comme en contraste, le mid-tempo “Find my Way Back” avec son intro Hammond et son solo de guitare bluesy nous ramènent avec réussite vers des rivages 70’s empreints d’un plus grand classicisme. Et l’on comprend d’autant mieux à l’écoute de ce titre que David Coverdale ait retenu Dino Jelusic pour raviver la flamme du Serpent Blanc. A noter la qualité du mix sur Insanium, qui restitue parfaitement les différents instruments, une belle performance au regard du mur de son et de la puissance développée par les musiciens. Seul petit regret sur cet album, des textes qui manquent un peu de profondeur et demeurent parfois très génériques, à l’exception de “In the Name of War” qui résonne tragiquement en ces temps troublés (« Tell me who counts the blood spilled to change the names of streets in the name of war » / « Dis-moi qui compte le sang versé pour changer le nom des rues, au nom de la guerre »).

Whom Gods Destroy prend son envol sur les cendres encore chaudes de Sons of Apollo avec un premier album très réussi et fortement ancré à l’extrémité heavy du spectre prog metal. Un début donc plus que prometteur. Et il est déjà question à cette heure d’un prochain opus, à l’écriture duquel contribueraient cette fois tous les musiciens, ainsi que l’expliquait récemment Bumblefoot. Ce qui confirme donc que Whom Gods Destroy se veut, non pas un projet, mais un groupe avec lequel il va falloir désormais compter, perspective bien évidemment plus que réjouissante.

WHOM GODS DESTROY – INSANIUM

Whom Gods Destroy - Insanium (2024)

Titre : Insanium
Artiste : Whom Gods Destroy

Date de sortie : 2024
Pays : États-Unis
Durée : –
Label : InsideOut

Setlist

01. In The Name Of War
02. Over Again
03. The Decision
04. Crawl
05. Find My Way Back
06. Crucifier
07. Keeper Of The Gate
08. Hypernova 158
09. Insanium

Line-up

– Derek Sherinian / keyboards
– Ron Thal / guitars
– Dino Jelusic / vocals
– Yas Nomura / bass
– Bruno Valverde / drums
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