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Lettres d'Iwo Jima
4.8TOP 2006

SMémoires de nos Pères était un gros budget pour Clint Eastwood (plus de 80 millions de dollars au compteur), son pendant japonais n’est en comparaison qu’une petite production, quatre fois moins chère, une œuvre presque intimiste. Un film d’auteur. En déroulant le fil de la bataille d’Iwo Jima du côté japonais, le cinéaste adopte un point de vue similaire à Sur la Route de Madison avec la lecture de lettres posthumes dont il exploite toute l’émotion d’un carnage clé de la guerre du pacifique. Un ressort narratif classique mais toujours efficace. Si Paul Haggis est toujours aux commandes du script original, il est rapidement épaulé puis remplacé par Iris Yamashita qui se charge également de la traduction japonaise. Le film sera tourné en japonais avec une équipe locale même si les habituels collaborateurs du cinéaste restent présents, notamment le chef décorateur Harry Bumstead dont ce sera malheureusement le dernier film et sans oublier le directeur photo Tom Stern qui compose pour l’occasion une image désaturée, tamisée, absolument somptueuse. Son travail sur les clairs obscurs offre au film un chromos impressionnant, très éloigné du premier volet, enveloppé par une bande originale signée par le fiston Kyle Eastwood et Michael Stevens.

 

A la fin de la Deuxième Guerre, je me rappelle encore mon soulagement à la voir s’achever. Chacun à travers le monde aspirait alors à vivre en paix. J’espère que nous aurons tous ce privilège au cours de notre existence. – Clint Eastwood

 

Au centre, la mise en scène est inspirée, libérée de la contrainte d’un budget trop imposant. Toujours précise, attentionnée, bourrée d’adrénaline et de haute tension dans ses climax, elle permet une composition solide des interprètes (Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Tsuyoshi Ihara) malgré la barrière de la langue et un tournage sur les chapeaux de roue. Un mois à peine. Mais pour Clint Eastwood, qu’importe la langue : jouer est la même chose dans toutes les cultures et si le comédien est bon, il est bon. Lettres d’Iwo Jima reste ainsi à hauteur d’hommes, Eastwood souhaitait avant tout éviter de parler de victoire et de défaite. Il ne se permet jamais de juger et jette un regard à la fois droit, honnête et plein de compassion pour ces soldats voués à un sacrifice délirant et dérisoire. Le propos n’épargne aucun camp et donne une forme de sobriété et d’honnêteté saluée par la presse américaine et japonaise ; le film remportera le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère (!) et sera nommé à quatre Oscars (film, film étranger, réalisateur et scénario). Par cette sagesse et cette universalité qui faisaient parfois défaut au premier volet, plus éclaté aussi, Lettres d’Iwo Jima rejoint les œuvres de Samuel Fuller dans cette forme rare de requiem humaniste.

ENGLISH VERSION

LETTERS FROM IWO JIMA

If Flags of Our Fathers was a big budget for Clint Eastwood (more than $80 million), his Japanese counterpart is in comparison only a small production, four times less expensive, an almost intimate work. An auteur film. By unravelling the thread of the battle of Iwo Jima on the Japanese side, the filmmaker adopts a similar point of view to The Bridges of Madison County with the reading of posthumous letters from which he exploits all the emotion of a key carnage of the Pacific War. A classic narrative spring but always effective. Although Paul Haggis is still at the helm of the original script, he is quickly replaced by Iris Yamashita, who is also in charge of the Japanese translation. The film will be shot in Japanese and with a local crew, even if the filmmaker’s usual collaborators are still present, notably the chief set designer Harry Bumstead (unfortunately this will be his last film), but also the cinematographer Tom Stern who composes for the occasion a desaturated, sifted, absolutely sumptuous image. His work on the chiaroscuro gives the film an impressive chromos, far removed from the first part, wrapped by a soundtrack signed by the son Kyle Eastwood and Michael Stevens.

 

I remember that I was pleased it was over. Everybody around the world was yearning for a peaceful state. I just hope we all have many peaceful states in our lifetime…all of us. – Clint Eastwood

 

In the centre, the staging is inspired, freed from the constraint of a too imposing budget. Always precise, attentive, full of adrenaline and high tension in its climaxes, it allows a solid composition of the performers (Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Tsuyoshi Ihara) despite the language barrier and a shooting on top form. Barely a month. But for Clint Eastwood, language doesn’t matter: acting is the same in all cultures and if the actor is good, he is good. Letters from Iwo Jima thus remains at the level of men, Eastwood wanted above all to avoid talking about victory and defeat. He never allowed himself to judge and cast a straight, honest and compassionate glance at these soldiers who had made a delirious and ridiculous sacrifice. The film will win the Golden Globe for Best Foreign Language Film (!) and will be nominated for four Academy Awards (film, foreign film, director and screenplay). With the wisdom and universality that was sometimes lacking in the first part, which was also more fragmented, Letters from Iwo Jima joins the works of Samuel Fuller in this rare form of humanist requiem.

Lettres d'Iwo Jima (2006)

Titre : Lettres d’Iwo Jima
Titre original : Letters from Iwo Jima

Réalisé par : Clint Eastwood
Avec : Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Tsuyoshi Ihara…

Année de sortie : 2006
Durée : 135 minutes

Scénario : Iris Yamashita
Montage: Joel Cox et Gary D. Roach
Image : Tom Stern
Musique : Kyle Eastwood et Michael Stevens

Nationalité : États-Unis
Genre : Drame / Guerre

Synopsis : En 1945, les armées américaine et japonaise s’affrontèrent sur l’île d’Iwo Jima. Quelques décennies plus tard, des centaines de lettres furent extraites de cette terre aride, permettant enfin de donner un nom, un visage, une voix à ces hommes ainsi qu’à leur extraordinaire commandant. Les soldats japonais qu’on envoyait à Iwo Jima savaient que leurs chances de survie étaient quasi nulles. Animé d’une volonté implacable, leur chef, le général Kuribayashi, exploita ingénieusement la nature du terrain, transformant ainsi la défaite éclair annoncée en 40 jours d’héroïques combats. De nombreux soldats américains et japonais ont perdu la vie à Iwo Jima. Leur sang s’est depuis longtemps perdu dans les profondeurs du sable noir, mais leurs sacrifices, leur courage et leur compassion ont survécu dans ces Lettres…

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