Plus d’un an après sa sortie en salle, il fallait revenir sur les lieux du crime et prendre enfin la chose avec les pincettes d’usage tant le sujet (métavers, encore et encore), les commentaires (extatiques pour la plupart) et les sept Oscars (film, réalisation, scénario, montage et trois pour l’interprétation, carrément) avaient pu éveiller une curiosité vaguement tiédie rapidement douchée par ses 2h19 interminables. Encombré de ses scories patapoufs, Everything Everywhere All at Once s’avère un proto-film aussi écœurant qu’une fin de cuve d’aspartame. Inutile de s’étendre sur ce grand fourre-tout confondant poésie et n’importe quoi avec sa réalisation recyclée où les scènes d’action peinent à enclencher la seconde dans un montage hystérique-cache-misère qui semble confondre accumulation et efficacité. Au milieu du barnum, les comédiens n’y peuvent rien. Aussi sympathiques soient-ils, leur performance relève de l’anecdotique. Dès-lors, et sous couvert de transgression – le mot fût lâché par l’équipe de presse – le film s’acharne sur une thérapie familiale à grand renfort de psychologisme recuit autour d’un sempiternel conflit mère-fille tralala et s’il s’ouvre à des possibles infinis, c’est pour mieux se répandre dans la facilité d’une irrévérence confite et fouler les pieds du conformisme le plus édifiant. Ce que les Oscars ont sans doute pris pour la nouvelle clé de leur cérémonie en soins palliatifs. Dont acte.
ENGLISH VERSION
More than a year after its theatrical release, it was time to return to the scene of the crime and finally take the matter with the customary pinch of salt, so much so that the subject (metaverse, again and again), the commentaries (ecstatic) and the seven Oscars (film, director, screenplay, editing and three for acting) had aroused a vaguely lukewarm curiosity that was quickly quenched by its interminable 2h19. Everything Everywhere All at Once is a proto-film as sickening as the end of a vat of aspartame. There’s no need to dwell on this great mishmash of poetry and nonsense, with its recycled direction, where action scenes struggle to get off the ground, and its hysterical, hide-and-seek editing. The actors can’t help it. However sympathetic they may be, their performances are anecdotal. From then on, and under the guise of transgression – the word is dropped by the press team – the film focuses on family therapy, with a great deal of psychologism baked around the age-old mother-daughter conflict, and if it opens itself up to infinite possibilities, it’s all the better for spilling over into the ease of candied irreverence and treading on the toes of the most edifying conformism. What the Oscars have no doubt taken as the new key to their end-of-life ceremony. Duly noted.
Titre : Everything Everywhere All at Once
Titre original : Everything Everywhere All at Once
Réalisé par : Daniel Kwan et Daniel Scheinert
Avec : Michelle Yeoh, Stephanie Hsu, Ke Huy Quan, James Hong, Jamie Lee Curtis…
Année de sortie : 2022
Durée : 139 minutes
Scénario : Daniel Kwan et Daniel Scheinert
Montage: Paul Rogers
Image : Larkin Seiple
Musique : Son Lux
Nationalité : États-Unis
Genre : Science-fiction
Synopsis : Evelyn Wang est à bout : elle ne comprend plus sa famille, son travail et croule sous les impôts… Soudain, elle se retrouve plongée dans le multivers, des mondes parallèles où elle explore toutes les vies qu’elle aurait pu mener. Face à des forces obscures, elle seule peut sauver le monde mais aussi préserver la chose la plus précieuse : sa famille...
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