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Stranger Things
3.0Note Finale

La nostalgie est un sentiment qui, s’il est bien cultivé, peut emmener loin.  Très loin. En signant la série des frangins Matt et Ross Duffer (Wayward Pines), Netflix était bien conscient de mettre les mains sur une véritable lettre d’amour au passé, un défilé référentiel qui puise sa source au cœur des années 80. Et dès le générique, le ton est donné : synthétiseurs façon John Carpenter et Tangerine Dream, typographie à la Richard Greenberg (Dead Zone), nous voici bien embarqués. La suite n’aura plus qu’à minutieusement décliner les codes de l’époque. Vêtements fluo, vélos cross, baskets à scratchs, micro fiches, sweats, talkie walkies, lycées typiques, jeux de rôles… la petite boutique du Geek en goguette est parfaitement achalandée.

De facto, le spectateur se retrouve immergé dans cette ambiance mystérieuse qui entremêle Stephen King (Stand by Me, Ca), Lovecraft, Tolkien, Joe Dante (Gremlins, Explorers) et quelques icônes filmiques en supplément (E.T., Star Wars, Wargames, Poltergeist, Alien, The Thing). La série s’accroche à tout un pan de la pop culture de l’époque, servi par un choix musical imparables (Clash, Joy Division, Jefferson Airplane, New Order, Toto etc.) et un casting sous forme de clin d’œil puisqu’il permet de redécouvrir deux comédiens qui se firent connaître précisément durant cette décennie : Winona Ryder (Beetlejuice, Edward aux Mains d’Argent) et Matthew Modine (Birdy, Full Metal Jacket). Cette manière de citer continuellement l’époque bénie du fantastique série B (on pense au Super 8 de J.J. Abrams) pose évidemment la question de l’originalité et de la surprise. Mais la réussite de Stranger Things ne repose pas sur ce besoin de nouveautés. La série cultive son côté rétro comme une Madeleine de Proust. Et ça marche !

Située en 1983 (les frères Duffer sont nés un an plus tard) dans la ville d’Hawkins, Indiana (!), l’action nous présente Will Byers, jeune ado d’une douzaine d’années qui, après une partie épique de Donjons et Dragons, disparaît mystérieusement sans laisser de traces. Commence alors un jeu de pistes doté d’une galerie de d’archétypes (les copains amateurs de science, la mère courage mais hystérique, le frère freak mal dans sa peau, l’ado faussement sage, les abrutis habituels du lycée, le prof super sympa, le shérif débonnaire mais ultra compétent), assez bien dépeints pour convaincre dans des situations qui n’hésitent pas longtemps à franchir la frontière du paranormal… Stranger Things oblige !

La narration se scinde alors logiquement autour de trois groupes : les adultes, les adolescents et les enfants, chacun développant sa typologie d’un genre (suspens, horreur, aventure) pour l’entrecroiser avec les autres au fil de chassé croisés malins et de flash-backs bien utilisés (si on excepte les gros sabots lors du dernier épisode). Les effets sont connus. Les situations déjà vues. Mais la recette est assez bien dosée pour rester constamment digeste et ludique, aidée en cela par sa troupe de comédiens incroyablement charismatiques et épatants. David Harbour excelle dans le rôle du shérif Jim Hopper et le trio d’enfants est impressionnant (Gaten Matarazzo, Caleb McLaughlin, Finn Wolfhard). Mention spéciale pour la révélation Millie Bobby Brown, bouleversante et renversante dans le rôle d’Eleven, jeune fille traumatisée et dotée de pouvoirs surnaturels.

Au-delà même de la reconstitution minutieuse d’une époque révolue (Internet et les téléphones portables n’étaient pas encore là), Stranger Things déploie une intelligence formelle et narrative jamais prétentieuse, ni froidement calculée. La réalisation reste constamment sobre, élégante, classique, sans être trop académique. Hommage sincère, la série n’évite pas quelques clichés trop appuyés, ni des loupés inexplicables du côté des « bad guys », trop peu développés pour s’avérer fascinants dans le mal. Symbolique, le traitement du Professeur Brenner (Matthew Modine) reste à ce titre sans épaisseur et caricatural. Dommage. Cependant, cette relative déception ne parvient pas à ternir l’enthousiasme légitime déclenché cet été sur les réseaux sociaux quitte à éclipser l’aura de Game of Thrones. Bourré de qualités, Stranger Things s’avère un objet télévisuel assez addictif pour être largement conseillé aux grands enfants qui vécurent cette époque comme aux autres. Et si quelques questions soulevées ne trouvent pas (encore) de réponses dans ces huit épisodes ramassés, nous sommes évidemment bien dans la règle du jeu. D’ailleurs, une suite déjà programmée pour l’année prochaine.

STRANGER THINGS

Stranger Things (2016)

Titre : Stranger Things
Saison : 1

Showrunner : Matt Duffer & Ross Duffer
Avec : Winona Ryder, David Harbour, Finn Wolfhard, Millie Bobby Brown, Gaten Matarazzo, Caleb McLaughlin, Natalia Dyer…

Année de sortie : 2016
Durée : 8×48 min

Réalisation : Matt Duffer, Ross Duffer, Shawn Levy
Scénario : Matt Duffer & Ross Duffer
Image : Tim Ives et Tod Campbell
Musique :  Kyle Dixon et Michael Stein
Nationalité : États-Unis
Genre : Fantastique
Chaîne : Netflix

Synopsis : Un soir de l’année 1983 à Hawkins, dans l’Indiana, le jeune Will Byers, 12 ans, disparaît brusquement et sans laisser de traces. Plusieurs personnages vont alors tenter de le retrouver : sa mère Joyce ; ses amis emmenés par Mike Wheeler et aidés par l’intrigante Onze ; et le chef de la police Jim Hopper. Parallèlement, la ville est le théâtre de phénomènes surnaturels liés au Laboratoire national d’Hawkins, géré par le département de l’Énergie (DoE) et dont les expériences dans le cadre du projet MKULTRA ne semblent pas étrangères à la disparition de Will.…

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