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The Card Counter
4.3TOP 2021

A 75 ans, Paul Schrader en a encore sous le pied et pas mal dans la caméra. Après l’impressionnant First Reformed, passé malheureusement inaperçu, le scénariste de Taxi Driver de Martin Scorsese (ici producteur) revient avec The Card Counter tripoter les traumatismes d’une Amérique en quête de rédemption, son thème fétiche depuis des lustres. L’écriture est sèche, la réalisation ne n’exempte jamais l’image d’imperfections dans ce film porté littéralement par la présence impressionnante d’Oscar Isaac dont le personnage de William, rongé par la culpabilité, le trauma de la guerre et de ses dommages collatéraux, interroge sur la vie d’après à travers ses pérégrinations de casinos en casinos. Lieux de vie hors de la vie. Pour des parties de poker aux enjeux presque métaphysique. On sait Paul Schrader fortement attaché à l’imagerie religieuse, à la symbolique des choses et notamment la catharsis. En mâtinant son film au thriller psychologique, il peut ainsi dérouler son chapelet tortueux habituel dans une tension totalement maîtrisée. Sans trop en faire, il regarde et nous fait regarder l’Amérique contemporaine, ses fêlures, avec une forme de distanciation faussement froide. L’influence de Jean-Pierre Melville (celui du Samouraï) est toujours là mais également Robert Bresson (Pickpocket) que le cinéaste a toujours compté comme un modèle incontournable. Film sombre pourtant éclairé des néons artificiels où le destin ne semble jamais pouvoir être enrayé, où les actes se payent toujours un jour ou l’autre, où la rédemption ne peut être qu’un acte de foi désenchanté, The Card Counter est une œuvre souterraine et crépusculaire d’une très grande force.

ENGLISH VERSION

At 75 years old, Paul Schrader still has a lot under his feet and a lot in the camera. After the impressive First Reformed, which unfortunately went unnoticed, the screenwriter of Taxi Driver (Martin Scorsese, 1976) comes back with The Card Counter, poking at the traumas of an America in search of redemption, his favourite theme for ages. The writing is dry, the realization never exempts the image of imperfections in this film carried literally by the impressive presence of Oscar Isaac whose character of William, eaten away by guilt, the trauma of the war and its collateral damage, questions the life after through his wanderings from casinos to casinos. Places of life out of life. For poker games with almost metaphysical stakes. We know that Paul Schrader is strongly attached to religious imagery, to the symbolism of things and especially to catharsis. By mixing his film with the psychological thriller, he can thus unroll his usual tortuous string of events in a totally controlled tension. Without overdoing it, he looks and makes us look at contemporary America, its cracks, with a form of falsely cold distancing. The influence of Jean-Pierre Melville (The Samurai) is always there but also Robert Bresson (Pickpocket) that the filmmaker has always counted as an inescapable model. A dark film, yet lit by artificial neon lights, where fate never seems to be able to be stopped, where acts are always paid for one day or another, where redemption can only be a disenchanted act of faith, The Card Counter is an underground and twilight work of great strength.

The Card Counter (2021)

Titre : The Card Counter

Réalisé par : Paul Schrader
Avec : Oscar Isaac, Tye Sheridan, Willem Dafoe, Tiffany Haddish…

Année de sortie : 2021
Durée : 112 minutes

Scénario : Paul Schrader
Montage: Benjamin Rodriguez Jr.
Image : Alexander Dynan
Musique : Robert Levon Been

Nationalité : États-Unis
Genre : Drame

Synopsis : Mutique et solitaire, William Tell, ancien militaire devenu joueur de poker, sillonne les casinos, fuyant un passé qui le hante. Il croise alors la route de Cirk, jeune homme instable obsédé par l’idée de se venger d’un haut gradé avec qui Tell a eu autrefois des démêlés. Alors qu’il prépare un tournoi décisif, Tell prend Cirk sous son aile, bien décidé à le détourner des chemins de la violence, qu’il a jadis trop bien connus…

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