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The Power of the Dog
4.3TOP 2021

Pour relancer cette rubrique “rapido”, qui se veut brève comme son nom l’indique – les choses sont quand même bien faites – sans que celle-ci ne soit assimilable à un quelconque jugement de valeur, voici venir le premier épisode sur l’un des films les plus attendus de cette fin d’année : The Power of the Dog. Signé Jane Campion, auteure également d’un script adapté du roman de Thomas Savage qui nous envoie illico dans le Montana de 1925, chez les frères Burbank, riches éleveurs de bétail. Entre le western classique, avec son troupeau, ses décors immenses, et moderne avec l’automobile notamment, le film s’avère un manifeste du cinéma de Jane Campion, porté sur le temps qui passe, le contemplatif, la caractérisation parfois alourdie de symboles et les accès de violences physiques, psychologiques ou silencieuses. Portrait de famille entre deux frères que tout oppose. Phil (Benedict Cumberbatch tendu comme un barbelé) est l’aîné, brillant, cultivé, bavard, musicien et paradoxalement l’homme de ferme, mal lavé, mal habillé, faisant fi de toute bienséances, comme accroché à « l’ancien monde », à ses codes et en proie à des turpitudes sexuelles inavouées. Un homme torturé qui n’entrevoit dorénavant sa vie qu’à travers sa relation avec George (Jesse Plemons toujours impeccable), son frère d’une grande sensibilité, taiseux, propre sur lui, qu’il ne ménage pourtant jamais de sa raillerie infantile. Quand ce dernier décide d’épouser Rose (Kirsten Dunst sur le fil), une jeune veuve, et de la faire venir au ranch avec son fils Peter (Kodi Smit-McPhee, une vraie révélation), l’univers de Phil craque soudainement. La jeune femme devient dès lors l’intruse, l’étrangère qui s’immisce entre lui et son frère. Comme dans La Leçon de Piano et In the Cut dont on retrouvera des traces, Jane Campion peut dès lors traiter à nouveau ses thèmes de prédilection : les forces et les faiblesses de l’être humain, la vengeance, la cruauté, la folie et la séduction ambigüe, dans une forme à la fois fascinante et claustrophobe qui convoque John Ford (l’embrasure de la porte de La Prisonnière du Désert) dans une superbe enveloppe signée Ari Wegner (Le Gang Kelly de Ned Kelly, 2020) et porté par la musique de Jonny Greenwood (Radiohead). Autopsie du virilisme et de la masculinité, qu’elle soit toxique ou non, The Power of the Dog est une fable à la fois magnifique et cruelle.

ENGLISH VERSION

To inaugurate this new section, which will be brief as its name indicates – things are well done – without it being assimilated to any value judgment, here comes the first episode on one of the most awaited films of this end of year: The Power of the Dog. Signed by Jane Campion, author of a script adapted from Thomas Savage’s novel that sends us straight to Montana in 1925, to the Burbank brothers, rich cattle breeders. Between the classic western, with its herd, its immense scenery, and the modern one with the automobile in particular, the film proves to be a manifesto of Jane Campion’s cinema, focused on the passing of time, the contemplative, the characterization sometimes weighed down with symbols and the bouts of physical, psychological or silent violence. A family portrait between two brothers that everything opposes. Phil (Benedict Cumberbatch, taut as a barbwire) is the elder, brilliant, cultured, talkative, musician and paradoxically the farmhand, badly washed, badly dressed, flouting all decorum, as if clinging to the “old world”, to its codes and prey to unacknowledged sexual turpitudes. A tortured man who from now on sees his life only through his relationship with George (Jesse Plemons), his brother, who is very sensitive, quiet, clean-cut, and yet never spares him his childish mockery. When his brother decides to marry Rose (Kirsten Dunst), a young widow, and to bring her and her son Peter (Kodi Smit-McPhee, a real revelation) to the ranch, Phil’s world suddenly breaks down. The young woman becomes the intruder, the stranger who comes between him and his brother. As in The Piano and In the Cut, of which there are traces, Jane Campion can once again deal with her favorite themes: the strengths and weaknesses of the human being, revenge, cruelty, madness and ambiguous seduction, in a form that is both fascinating and claustrophobic and that summons John Ford (the doorway of The Prisoner of the Desert) in a superb envelope signed by Ari Wegner (Ned Kelly’s The Kelly Gang, 2020) and carried by the music of Jonny Greenwood (Radiohead) An autopsy of virilism and masculinity, whether toxic or not, The Power of the Dog is both a beautiful and cruel fable.

The Power of the Dog (2021)

Titre : The Power of the Dog

Réalisé par : Jane Campion
Avec : Benedict Cumberbatch, Jesse Plemons, Kirsten Dunst, Kodi Smit-McPhee…

Année de sortie : 2021
Durée : 126 minutes

Scénario : Jane Campion
Montage: Peter Sciberras
Image : Ari Wegner
Musique : Jonny Greenwood

Nationalité : Nouvelle-Zélande
Genre : Néo-western dramatique

Synopsis : Originaires du Montana, les frères Phil et George Burbank sont diamétralement opposés. Autant Phil est raffiné, brillant et cruel – autant George est flegmatique, méticuleux et bienveillant. À eux deux, ils sont à la tête du plus gros ranch de la vallée du Montana. Une région, loin de la modernité galopante du XXème siècle, où les hommes assument toujours leur virilité et où l’on vénère la figure de Bronco Henry, le plus grand cow-boy que Phil ait jamais rencontré. Lorsque George épouse en secret Rose, une jeune veuve, Phil, ivre de colère, se met en tête d’anéantir celle-ci. Il cherche alors à atteindre Rose en se servant de son fils Peter, garçon sensible et efféminé, comme d’un pion dans sa stratégie sadique et sans merci…

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