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Le «supergroupe» Transatlantic est de retour en Europe pour promouvoir le très acclamé The Absolute Universe paru en 2021. Le 28 juillet prochain, ils fouleront les planches parisiennes de l’Olympia, seule halte française de cette tournée européenne. Et une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, ils ont annoncé avoir la ferme intention d’enregistrer ce show pour un prochain DVD et CD live.

Nous avons eu le plaisir d’échanger début juillet avec Roine Stolt (guitariste, chanteur et compositeur de Transatlantic, bien sûr, mais également leader du groupe The Flower Kings), de revenir avec lui sur cet album exceptionnel qu’est The Absolute Universe  et d’aborder leur prochain show à  Paris. Nous en avons également profité pour revenir plus en détails sur l’historique du groupe puis d’évoquer les projets de l’artiste concernant son propre groupe, The Flower Kings.

Un grand merci tout d’abord à Roine Stolt pour avoir pris le temps de cette interview et pour la qualité de cet échange. Merci également à Valérie Reux (Inside Out Management) pour avoir facilité l’interview.

Bonjour Roine, je suis un grand fan de Transatlantic. Vous avez réussi à restituer l’essence même du prog des années 70 tout en apportant cette touche de modernité qui confère à Transatlantic cette singulière unicité. Était-ce le brief que vous vous étiez fixé en aux premiers jours du projet ?

ROINE STOLT : Je pense que cette singularité est inhérente à la conception du groupe en elle-même et aux personnalités qui le constituent. Inviter tel musicien plutôt que tel autre a forcément une influence déterminante sur le style musical du projet. Mike Portnoy est probablement le musicien le plus connu du groupe. Il avait été considéré jusque-là essentiellement comme un batteur de métal ou de métal progressif. Il faut dire que jusqu’à ce moment, et avant l’expérience Transatlantic, il n’avait fait partie d’aucun autre groupe en dehors de Dream Theater. Je me souviens que le père de Mike m’avait confié lors d’un concert à New York : «Tu es le premier autre guitariste avec lequel il joue». Mike a commencé avec Dream Theater et il faut reconnaitre qu’ils sont devenus célèbres rapidement, ce qui fait qu’à partir de cet instant, d’albums en tournées, tout s’est enchainé à un train d’enfer, laissant peu de place pour autre chose. Transatlantic était donc son premier projet en parallèle. Depuis, il en a initié bien d’autres. Je crois que les gens se sont fait une idée fausse de Mike, pensant que seul le metal l’intéresse. Mike est en fait aussi un grand fan de musique pop. N’importe quelle musique pop, tant qu’elle est bonne, d’Elton John aux Beatles. Tu serais surpris de trouver dans la collection de disques de Mike des groupes tellement différents et auxquels tu ne t’attendrais probablement pas. Et puis il faut se rappeler qu’il est aussi fan des groupes de rock progressif de la première heure comme Yes, Genesis ou King Crimson. Ce sont réellement ses bases et influences musicales.  Lorsqu’il a songé à monter Transatlantic, Mike a tout d’abord échangé avec Neal Morse, de Spock’s Beard évoquant avec lui cette idée  d’enregistrer quelque chose ensemble. Et puis ensuite, Pete Trewavas de Marillion a rejoint le groupe et enfin, moi-même, en tant que dernier venu. Donc, d’une manière ou d’une autre, nous avons tous des liens forts avec le rock progressif, qu’il s’agisse d’une filiation plus moderne ou plus rétro. Marillion par exemple a une dimension plus pop. Ce que j’ai fait de mon côté (NDLR : avec The Flower Kings) tient probablement d’un rock progressif de facture plus classique avec les influences à chercher du côté de groupes des années 70 comme Focus, Yes, King Crimson et d’autres encore. Quant à Spock’s Beard, il y a une petite touche pop également avec des influences plutôt du côté de groupes comme Kansas et un peu de Yes ou  Genesis je suppose. In fine, je pense que c’était vraiment ce que Mike avait en tête, de monter un groupe où il pourrait réellement jouer du rock progressif et, ce faisant, un peu moins de métal.

Tu as mentionné Focus, King Crimson et Yes. Quel regard portes-tu sur ces albums des années 70 qui sont devenus des classiques du genre ?

ROINE STOLT : Dans les années 70, j’étais un grand fan de Genesis et de King Crimson. Maintenant, avec le recul des années, je trouve que la musique qui a le mieux résisté à l’épreuve du temps est probablement celle de Yes et de Frank Zappa. Ceci dit, il y a des choses chez King Crimson qui se sont bonifiées avec le temps. Il y a aussi de très belles choses du côté de Genesis mais je n’écoute plus forcément tout avec la même oreille qu’à l’époque, tu sais. Bien évidemment un disque comme The Lamb Lies Down on Broadway demeure un super album. Selling England by the Pound également. Et certains morceaux de Foxtrot ou Nursery Crime sont des titres de référence. Mais je pense que Frank Zappa et Yes ont définitivement mieux résisté à l’épreuve du temps. En réécoutant Yes par exemple, je reste bluffé d’y trouver des choses dans cette musique qui demeurent vraiment uniques, notamment dans cette manière si particulière de construire la musique. J’ai toujours été séduit par le rock progressif mais je n’ai pas commencé mon apprentissage de la musique avec du rock progressif. J’ai commencé avec les Beatles, comme tout le monde. Je suppose que tous les membres de Transatlantic sont de grands fans des Beatles. Dans les groupes que j’ai montés par la suite, nous étions également fans de Procol Harum ou de Vanilla Fudge, des combos qui partaient de la musique rock et lui ajoutaient différents éléments d’improvisation, de blues, de classique et de métal. C’est ça que je trouve profondément intéressant. Et c’est aussi la proposition musicale de Transatlantic qui s’appuie sur une grande ouverture d’esprit. En revanche, une précision, Transatlantic n’était pas un projet long terme au départ. Ce projet, c’était juste l’envie de nous réunir tous les quatre, d’essayer quelque chose ensemble et de voir si cette collaboration pouvait donner naissance à une formule intéressante. Et puis ensuite prendre contact avec la maison de disques en leur disant « Voilà ce que nous avons enregistré. Est-ce que ça vous dit de le publier ? » C’est ce qu’ils ont fait et le succès a été immédiat !

C’est vrai que la réponse a été absolument enthousiaste, ce qui montre qu’il y avait une vraie attente! Tu as mentionné Yes. Transatlantic a joué live le morceau “The Revealing Science of God” avec Jon Anderson au chant. Tu as également travaillé sur un album avec Jon (The Invention of Knowledge). Quels souvenirs en gardes-tu ?

ROINE STOLT : C’était bien sûr génial de travailler avec Jon parce que, à l’époque de mon adolescence, comme tu peux l’imaginer, j’écoutais tous les albums de Yes comme Tales of the Topographic Oceans, Relayer ou Close to the Edge. C’était donc complètement surréaliste de finalement me retrouver à travailler avec Jon. Et ça a aussi été l’occasion d’en apprendre un peu plus sur lui, sur la manière dont il travaille musicalement et aussi sur la profondeur de ses racines côté jazz. En bossant avec lui, j’ai mieux compris sa manière de procéder. Jon ne joue pas vraiment d’un instrument, ce n’est ni un grand pianiste ni un grand guitariste. Et pourtant il a toute la musique dans sa tête. Il entend la musique et il trouve toujours un moyen d’exprimer ce qu’il recherche. Je pense, qu’à ce titre, je lui ai été très utile, lui permettant de traduire et de donner vie à ses idées, tout en contribuant avec mon propre apport. Ce fut donc une collaboration très intéressante pour moi à titre personnel, et très certainement l’une des meilleures à ce jour.

Transatlantic

« Avec Transatlantic, on n’a pas pour habitude de se projeter et de parler d’avenir… » – Roine Stolt

Et comment s’est passée la collaboration en elle-même avec Jon ? On dit que ce n’est pas toujours un personnage facile…

ROINE STOLT : Oui, certaines personnes m’ont dit «C’est Jon Anderson. Ca va être difficile pour toi car il a un côté très autoritaire». Mais en réalité, non, ça a été très simple et tout aussi agréable de travailler avec lui. Jon est au demeurant extrêmement sympathique. Nous avions des contacts presque quotidiens et parfois il m’envoyait jusqu’à trois ou quatre emails par jour. Nous échangions des fichiers non-stop. De nos jours, tu n’envoies plus de cassettes, tu bosses à partir de fichier mp3 sur lesquels tu fais tes overdubs. Jon enregistrait ses parties vocales qu’il m’envoyait ensuite et sur lesquelles je travaillais. C’est comme ça qu’on a avancé ensemble, petit à petit, dans un échange permanent. Donc, oui, ça a été une excellente collaboration et j’aime à penser que le résultat était plus qu’à la hauteur des espérances.

Absolument ! En parlant de personnalités, Transatlantic est un groupe qui s’est inscrit dans le temps, depuis plus de 20 ans maintenant et ce,  avec cinq fabuleux albums studio. Un « supergroupe » c’est aussi des personnalités fortes et un réel risque de conflits. Comment avez-vous réussi à garder le cap tous ensemble au fil des ans? Quelle est la recette de la longévité de ce line up qui n’a jamais varié d’un iota ?

ROINE STOLT : L’une des principales raisons pour lesquelles nous sommes toujours ensemble est, tout d’abord, que nous ne travaillons pas ensemble à plein temps. Transatlantic est un projet qui ne nous accapare que de temps à autre. Nous avons fait le premier album puis tourné aux US et en Europe. Presque immédiatement ensuite, nous avons enchainé avec un deuxième album. Et à partir de là, en revanche, nous nous sommes accordés une vraie pause pendant, je ne me souviens plus exactement, sept ou huit ans, avant de nous atteler à The Whirlwind. Dans la foulée nous avons enregistré l’album Kaleidoscope. Et puis juste après, nous avons de nouveau fait une pause. Je crois, très honnêtement, que ces pauses ont été salutaires et nous ont permis de maintenir le cap ensemble. Si nous avions passé les vingt dernières années ensemble, tournant et enregistrant en continu, nous nous serions probablement entretués d’une manière ou d’une autre (NDLR : rires), comme cela arrive à tous les groupes. Les conflits dans un groupe sont inévitables, et plus que jamais lorsque le groupe est composé de personnes qui ont beaucoup de volonté et sont parfois têtues.  Être ensemble sur la route peut être source de frustration comme de fatigue. Mais dans l’ensemble, pour nous, ça a fonctionné grâce à ces pauses et à d’autres choses bien sûr. Tiens, un autre point non négligeable, nous avons cet accord entre nous selon lequel nous divisons toujours tout de manière égale. Cela s’applique vraiment à tout, à commencer par les revenus des albums et des tournées, etc… Ce n’est pas comme si l’un d’entre nous gagnait plus que les autres. Et du coup, il n’y a jamais de sujet d’argent entre nous. Et ça, également, ça a eu un impact certain sur la longévité de notre relation.

Quelle a été la réaction des principaux groupes avec lesquels vous étiez impliqués lorsque vous avez annoncé avoir besoin de temps à consacrer à Transatlantic ? Sachant qu’en plus, ça doit être compliqué de jongler avec tous ces projets et engagements de part et d’autre…

ROINE STOLT : Oui, absolument, ça n’a pas toujours été simple de tout mener de front. Je ne peux pas parler pour les autres membres du groupe mais en ce qui me concerne, il n’y a pas eu tant de discussions que ça au sein de mon groupe. Mais peut-être qu’ils en ont parlé dans mon dos (NDLR : rires). Et peut-être qu’ils s’inquiétaient un peu parce que Transatlantic connaissait du succès et qu’ils se disaient que, forcément, j’allais quitter les Flower Kings. Mais ça n’a jamais été mon objectif, tu sais. J’ai toujours vu dès le début Transatlantic comme un projet très sympa à mener, une opportunité de faire quelque chose de différent, de sortir de mon quotidien, de tourner un peu plus et de gagner plus d’argent aussi. C’est toujours comme ça que je l’ai envisagé. Comme je te le disais, je ne peux pas te dire ce qu’il en était pour Neal et Spock’s Beard ou pour Mike et Dream Theater. Je suppose que du côté de Marillion par exemple, ils s’attendaient à ce que Pete soit dispo lorsque nécessaire. Nous devions donc tous faire très attention et bien caler quand travailler sur un album ou s’engager sur une tournée avec d’autres implications évidentes comme arrêter le temps nécessaire pour répéter etc… C’est réellement un travail à plein temps. Mais je dois dire que, miraculeusement, cela a super bien fonctionné pour nous au fil des ans.

Avec cinq albums majeurs à votre actif, quels sont les défis que vous vous êtes fixés en tant que groupe pour l’avenir ?

ROINE STOLT: En fait, la réalité est qu’avec Transatlantic, on n’a pas pour habitude de se projeter et de parler d’avenir. Je m’explique : à la fin de cette tournée, nous allons probablement prendre congé les uns des autres et nous dire tout simplement «Bye bye à la prochaine fois» ou quelque chose comme ça. Clairement nous n’allons pas nous dire «Ok on se donne rendez-vous dans trois ans». Ça a toujours été comme ça avec ce groupe. Après la tournée Bridge across Forever, nous sommes rentrés chez nous sans qu’il soit question d’un autre album. Nous nous sommes séparés sans que cette discussion ait eu lieu. Ensuite le temps passe, tu te rends compte que «Ok on ne va pas faire d’album cette année et probablement pas l’année prochaine non plus». Donc, concrètement, je pense que nous sommes ce genre de groupe où les choses arrivent quand elles arrivent. Tout commence généralement par un e-mail de l’un d’entre nous du style «Hé, ça vous dit de vous réunir en février prochain pour enregistrer un nouvel album» ? Et puis chacun répond par la positive ou la négative selon son propre emploi du temps. Donc, tout dépend réellement de ce qui se passe dans la vie des uns et des autres à cet instant précis…

Votre nouvel album, The Absolute Universe, est mon album préféré après Bridge Across Forever. Avant d’en parler, une question me taraude, est-ce qu’il y a un album de Transatlantic que tu préfères par rapport aux autres ?

ROINE STOLT : C’est assez difficile d’y répondre. Je te dirais que j’ai plutôt une préférence  pour certaines parties de certaines chansons que je trouve à la fois très réussies et mélodiques et qui, de ce fait, les rendent intéressantes à jouer. Par exemple, un passage qui posséderait une dimension rythmique particulière et qui donc retiendrait plus mon intérêt. Ou un texte très réussi etc… Il en va de même avec The Flower Kings. Il y a certains passages que j’aime plus que d’autres. Et tu peux en dire de même à propos de n’importe quel groupe. J’aime les Beatles mais je n’aime pas toutes les chansons des Beatles. J’adore Yes mais il y a peut-être une ou deux chansons que je n’aime pas autant etc… Maintenant pour répondre à ta question, The Whirlwind est un album qui me fait toujours aujourd’hui encore une forte impression. Plus difficile de juger notre nouvel album à ce stade. Il est peut-être un peu trop long, pour être franc.

C’est un commentaire intéressant…

ROINE STOLT : Je te le dis en toute sincérité. Avec le recul, je pense que j’en aurais fait une version plus courte. Et cette version aurait été différente de celle de Neal, la version violette de l’album  (NDLR : The Breath of Life – abridged version). Mais dans l’ensemble, je pense qu’il y a plein d’excellent matériel sur cet album, que le niveau de jeu est très bon et j’ai le sentiment aussi que la production est probablement la meilleure dont nous ayons bénéficié à ce jour.  Je dirais pour conclure que j’ai tendance à préférer The Whirlwind mais que The Absolute Universe n’est pas loin derrière.

Est-ce que tu as un top trois des titres qui feraient toujours partie de ta set list Transatlantic si cela ne tenait qu’à toi ?

ROINE STOLT : Non, pas vraiment. Cela dit, ça peut paraître étrange mais lors de la tournée aux US, je me souviens avoir dit à Neal à plusieurs reprises que la compo “Bridge Across Forever“, avec juste nous deux sur scène, était l’une de mes préférées de la set list, chaque soir. Et ça n’a rien à voir avec le fait qu’il n’y ait ni batterie ni basse. C’est juste que c’est une chanson magnifique et que c’est un moment magique. Et puis aussi, avec Transatlantic, c’est toujours un peu difficile de réellement parler de chansons. Prends The Whirlwind par exemple (NDLR : un seul morceau de 77 minutes) ! Et c’est la même chose avec The Absolute Universe. Quand tu prends un album des Beatles, tu peux immédiatement choisir un ou des titres, comme “Penny Lane” par exemple. Mais Transatlantic n’obéit pas à cette logique. Transatlantic, c’est plus comme une symphonie : il y a certaines parties d’une symphonie que tu vas affectionner particulièrement et d’autres auxquelles tu peux être moins sensible.

The Absolute Universe célèbre vraiment votre retour au concept album. Peux-tu nous dire pourquoi vous avez de nouveau opté pour un concept album et, globalement, quelle est l’idée générale derrière cet album ?

ROINE STOLT : Eh bien, pour être honnête, je pense que la raison pour laquelle cela a pris forme est que cette fois, au lieu d’enregistrer aux US comme nous le faisions de par le passé, nous sommes allés dans un studio en Suède, qui est le pays dans lequel je vis. Nous y sommes restés une dizaine de jours pour écrire la musique. Pour ce faire, nous avons puisé dans nos démos respectives et tenté de mettre tout bout à bout en construisant progressivement une grande pièce musicale. Nous ne nous sommes pas retrouvés en partant de zéro et en nous disant qu’il fallait écrire un long morceau de musique. Nous avons juste assemblé des idées à la manière, je suppose, d’un Pink Floyd pour The Wall ou Dark Side of the Moon. Il y a certains thèmes plus prégnants qui se sont imposés. La manière dont nous avons procédé est, je dirais, probablement assez similaire à la construction d’une œuvre de musique classique ou d’une comédie musicale avec ces  thèmes principaux qui reviennent à plusieurs moments. Je pense que c’est le concept en soi. Et puis, autre chose intéressante, quand nous avons décidé de faire deux versions de l’album, nous nous sommes retrouvés avec des paroles différentes pour la même composition.

Roine Stolt

La raison en est la suivante : lorsque nous étions en train de bosser sur l’album, je me suis parfois mis à écrire les paroles d’un morceau de musique sur lequel Neal travaillait mais pour lequel il n’avait pas encore de texte. Et puis, nous avons continué à travailler sur l’album et Neal a fini par également écrire ses propres textes. Donc, c’est comme ça que nous nous sommes retrouvés parfois avec deux textes différents pour un même morceau. Et Mike (NDLR : Portnoy)  a suggéré de tout garder en disant «Eh bien, nous pouvons utiliser les deux. Je suis sûr que ça sera sans doute très intéressant pour l’auditeur d’avoir les deux versions de l’histoire». Donc, ça aussi, ça fait partie du concept, tu sais. Je ne suis pas sûr qu’un groupe ait fait ça avant nous, je veux dire offrir deux versions différentes du même album. Et c’est arrivé sans que cela ne soit prémédité.

« L’enregistrement live e concentrera sur le show de Paris. Il est possible qu’il y ait des bonus sur le Blu-ray, peut-être quelque chose qui proviendra des tournées aux US et au Canada ou des tranches de vie enregistrées à bord du tour bus etc » – Roine Stolt

Certaines chansons sont exactement les mêmes, certaines chansons sont totalement différentes, certaines chansons ont été rejouées, certaines ont été raccourcies, certaines ont des claviers plus présents alors que d’autres sont plus portées par la guitare, parfois c’est moi qui chante et parfois c’est Neal, etc…

Donc c’est vraiment le cas que certaines des pistes communes ont été enregistrées deux fois, n’est-ce pas ?

ROINE STOLT : Oui et pour être transparent je n’ai même pas vérifié mais il est possible que les enregistrements de batterie soient aussi différents. Je me souviens avoir utilisé différentes guitares électriques, jusqu’à trois ou quatre pour l’enregistrement des parties rythmiques, peut-être deux guitares acoustiques également. Rich Mouser, qui a mixé l’album, a ensuite utilisé certaines des parties de guitares au détriment d’autres. J’ai aussi joué pas mal de parties de claviers. Rich a parfois utilisé les miennes et parfois plutôt celles de Neal. Au final, Rich s’est retrouvé avec nombre d’options, ce qui lui a permis de faire preuve de créativité. Nous nous sommes assis pour écouter ses différentes propositions et franchement, nous avons trouvé qu’il y avait plein de choses super intéressantes. Du coup on s’est dit, si c’est intéressant pour nous, ça le sera peut-être tout autant pour nos fans qui seront très heureux de profiter d’une double expérience avec cet album. On en a conclu que certaines personnes achèteraient les deux albums, d’autres en choisiraient un seul et en seraient tout autant satisfaites. Il y a donc plein d’options, ce qui est très bien.

Et quelle a été la réaction de la maison de disques quand vous avez avancé l’idée de proposer deux versions de l’album ?

ROINE STOLT : La maison de disques a en fait été rapidement partante avec cette idée. Je dois dire que nous étions un peu nerveux. On s’attendait à ce qu’ils nous prennent pour des dingues. Mais à contrario ils ont dit «OK, ce n’est pas une mauvaise idée». Et on a enchainé en précisant «On va aussi le faire en vinyle, et puis il y aura aussi un coffret avec plusieurs vinyles». Nous avons même un coffret version black box avec tous les enregistrements y compris un DVD et plein d’autres choses de mémoire.

Est-ce qu’il faut y voir l’influence des Flower Kings dans cette idée de faire un double album ?

ROINE STOLT : Je ne sais pas. Nous discutions via skype et ne parvenions pas à décider de quelle manière Neal devait s’y prendre pour parvenir à un album plus resserré. Quelles compos couper et quelles autres rajouter etc… Et pour ma part, je me suis énormément investi sur ce disque, qu’il s’agisse de mon travail sur les guitares, les vocaux, les chœurs ou au niveau des parties de claviers. Bref, tu vois, je pensais à tout ce boulot réalisé et à certaines sections musicales dont je suis tombé en quelque sorte amoureux. Et je me disais que voilà, certaines d’entre elles allaient être mises au rebut ! Et c’est là que Mike a déclaré: «Eh bien, nous pouvons faire les deux en fait. On laisse Roine travailler à la version longue (NDLR : Forevermore – extended version) et Neal se charge d’une version plus courte (NDLR : The Breath of Life – Abridged version)». C’est comme ça que ça s’est fait finalement !

En parlant d’input, qu’est ce que l’expérience The Flower Kings te permet d’apporter à Transatlantic. Et vice versa, qu’est-ce que l ‘expérience Transatlantic t’apporte pour The Flower Kings ?

ROINE STOLT : C’est vraiment très difficile à dire parce que je pense que tout procède d’une démarche très naturelle pour moi. Quand nous décidons de bosser sur un album, j’arrive généralement avec beaucoup de démos. Cette fois-ci je suis venu avec une heure et demie de musique dans mes bagages. J’avais aussi probablement plus d’une heure de musique pour les albums précédents. Il y a bien évidemment ensuite des choix à faire et bien sûr, nous ne pouvons pas tout utiliser. Je pense que j’apporte probablement ce qui me vient le plus spontanément, c’est-à-dire tout simplement des éléments qui ont trait à des styles musicaux que j’apprécie. Parfois, il peut s’agir d’une ballade acoustique, parfois d’une section complexe d’influence Zappa ou d’une partie instrumentale technique. Parfois, cela peut être quelque chose de très symphonique, voire très emphatique, et parfois quelque chose de plus simple ou de plus électronique. C’est le genre d’influences que je pense pouvoir apporter et qui ne sont pas forcément celles de Neal ou de Pete. Je crois maintenant bien connaitre les styles musicaux que Neal ou Pete proposeront. Tous les styles que nous apportons sont très différents. Donc nous nous complétons les uns les autres. Quant à Mike, il n’écrit pas vraiment de musique mais il s’investit en passant tout en revue, en suggérant des idées, comme  «Ok, prenons cette partie et voyons si nous pouvons faire ceci, essayons de jammer sur cette idée etc.. » et aussi en essayant de connecter les différentes pièces du puzzle musical. Mais je n’y réfléchis pas plus que ça. Je présente ce que j’ai et j’écoute les commentaires. Si je quitte la séance de travail en n’ayant utilisé que la moitié de ce que j’ai apporté, ça me va tu sais ! Je ne m’attends pas à ce que tout soit utilisé, parce qu’au final, la réalité de Transatlantic est que nous avons beaucoup de compositeurs dans ce groupe ! Maintenant, par rapport à ce que je  peux apporter à The Flower Kings de cette expérience, c’est probablement plus de l’ordre du subconscient. Et ça se produit sans doute lorsque nous composons ensemble ou lorsque je suis sur scène avec Transatlantic. Des choses qui naissent ainsi, que ce soit avec ce groupe ou lorsque je bosse avec quelqu’un d’autre, et que je réinjecte inconsciemment par la suite dans mon travail avec The Flower Kings. Mais vraiment, encore une fois, c’est une chose à laquelle je ne pense pas plus que ça.

Vous venez à Paris en juillet. Inutile de vous dire qu’on a hâte de tous vous voir sur scène le 28 à L’Olympia, qui est une de mes salles préférées compte tenu de l’excellent niveau acoustique. Alors, à quoi les fans doivent-ils s’attendre le 28 ?

ROINE STOLT : Très clairement, une grande partie de la set liste sera articulée autour du nouvel album. Je ne suis pas totalement sûr dans le détail même si je devrais vraiment être au courant parce que je suis censé répéter en ce moment même (NDLR : Rires). Ca ne sera pas la version complète mais plutôt la version correspondant à la Black Box. Et à part ça, je pense qu’il y aura un peu de l’album The Whirlwind et peut-être quelques éléments d’autres albums plus anciens, plus dans une approche medley.

Jouerez-vous le medley Bridge across Forever ?

ROINE STOLT : Oui, c’est possible !

Transatlantic

Peux-tu nous parler de ce projet d’enregistrement du show parisien ?

ROINE STOLT : L’Olympia est une très belle salle. C’est un super endroit pour jouer le dernier concert de la tournée et nous avons effectivement décidé d’enregistrer ce concert. Nous allons faire un  Blu-ray et un CD live. Nous avons enregistré quelque chose aux États-Unis mais l’enregistrement officiel proviendra du concert de Paris. Ce lieu est mythique. Les Rolling Stones y ont joué. J’y ai moi-même joué avec Steve Hackett il y a quelques années et j’y ai vu King Crimson. Alors oui, je suis déjà venu à L’Olympia plusieurs fois et, effectivement, comme tu le soulignais, l’acoustique y est géniale, la scène est top, bref c’est un super lieu à tous points de vue !

Donc, tu y seras presque comme à la maison !

ROINE STOLT : Absolument. L’enregistrement comme je te le disais se concentrera sur le show de Paris. Il est possible qu’il y ait des bonus sur le Blu-ray, peut-être quelque chose qui proviendra des tournées aux US et au Canada ou des tranches de vie enregistrées à bord du tour bus etc… Mais je ne peux pas te le confirmer car nous n’en avons pas encore vraiment discuté. Mais il y aura certainement de vrais bonus pour les fans qui attendent aussi des choses plus personnelles comme des interviews des membres du groupe.

Nous avons beaucoup parlé de Transatlantic. Quels sont tes projets immédiats en parallèle pour The Flower Kings, d’autant plus que vous avez ce tout nouvel album à votre actif (NDLR : By Royal Decree) sorti le 22 mars ?

ROINE STOLT : Eh bien, parmi mes projets immédiats, demain  je devais participer à un festival dans le nord de la Norvège. Mais la Scandinavian Airlines est en grève en Suède. Et c’était tellement compliqué de nous y rendre par un autre moyen de transport qu’on a malheureusement dû annuler notre participation. Et puis nous avions aussi envisagé de tourner à partir de l’automne. Mais le truc, c’est qu’on dirait que tout le monde est en tournée en ce moment. Ce qui crée beaucoup de problèmes. Ne serait-ce qu’avec les bus de tournée pour commencer. C’est super compliqué et absolument pas garanti d’en sécuriser un avec tous les groupes qui sont sur la route maintenant. Cela semble fou mais c’est vrai. Je viens de lire l’anecdote concernant Steve Vai qui est actuellement en tournée dans le sud de l’Europe et dont la clim du tour bus est tombée en panne…et qui doit continuer comme ça. Il fait chaud à Paris mais ce n’est rien à côté des températures vécues en ce moment en Italie et en Espagne ! C’est dingue cette situation que l’on vit. Tu te rends compte que tout le monde est en tournée, des Rolling Stones à tous les groupes de progressif bien sûr. Nous pensons donc que la meilleure option pour The Flower Kings, au lieu de partir en tournée cet automne, serait tout simplement d’enregistrer un nouvel album. J’ai prévu un point demain, en fait, avec les autres membres du groupe et j’ai en tête de leur suggérer cette alternative. N’allons pas sur la route quand tout le monde y est car ça va finir par juste être un sacré bordel !

Tout le monde rattrape le temps perdu après cette folle période de pandémie que nous avons traversée…

ROINE STOLT : Effectivement. Et tous les vols sont annulés. Par exemple, j’avais un vol pour la tournée avec Transatlantic qui a été annulé, j’ai donc dû prendre l’avion un jour plus tôt. Ce type de situation semble arriver de plus en plus fréquemment. Il semble que la pandémie ait créé de nombreux problèmes en termes de ressources dans les aéroports. Les aéroports se sont séparés de plein de monde pendant la période Covid et donc ils n’ont plus le personnel nécessaire pour gérer cet afflux subit. Maintenant, tout le monde veut voyager et donc ça explose de toute part. C’est donc une situation très compliquée et je ne veux mettre à risque ni le groupe ni moi-même. C’est un cauchemar pour voyager aujourd’hui pour les musiciens comme pour n’importe qui. Je pense que le mieux est de stimuler notre créativité à la maison, d’écrire et d’enregistrer des chansons puis de sortir un nouvel album des Flower Kings l’année prochaine. Et ensuite, de partir en tournée peut-être à partir de février ou mars. Et honnêtement je me sens mieux comme ça.  Franchir de nouvelles étapes en m’attelant à l’écriture de nouvelles compos est enthousiasmant!

Excellentes nouvelles pour The Flower Kings.  Et croisons les doigts pour que tout se passe bien pour ce qui est de votre venue à Paris en Juillet !

ROINE STOLT : Une fois là-bas, tout ira bien. Je pense que nous commençons avec le premier show en Transylvanie. Et puis nous avons sur notre liste, la Hollande, l’Angleterre, la France et l’Allemagne si je me souviens bien.

Je suis conscient du temps qui nous est imparti pour cette interview. Est-ce qu’il y a autre chose que tu aimerais partager et que nous n’avons pas abordé ?

ROINE STOLT : Oui peut-être, juste te préciser que nous tournons en Europe avec un cinquième membre. C’est Ted Leonard. Est-ce-que tu le connais?

Bien sûr, Ted d’Enchant (NDLR : excellent groupe de néo-prog américain) et de Spock’s Beard.

ROINE STOLT : Alors voilà Ted est notre cinquième membre du groupe pour cette prochaine tournée. Il va chanter, jouer de la guitare et des claviers.

Merci beaucoup Roine d’avoir pris le temps de partager tout cela et de répondre à nos questions aujourd’hui. Au plaisir de tous vous retrouver sur scène le 28 juillet prochain à l’Olympia de Paris pour cette venue exceptionnelle de Transatlantic en France.

Interview réalisée par Skype le 13 juillet 2022 – Stéphane Rousselot

ENGLISH VERSION

The supergroup Transatlantic is back in Europe to promote the widely acclaimed The Absolute Universe. Next Jul (28th) they will be in Paris at the Olympia. And it gets even better than this since they are planning to record the show for a DVD. We had the pleasure to have a chat early July with Roine Stolt (guitarist, vocalist and composer for Transatlantic and leader of The Flower Kings) to discuss The Absolute Universe and the European tour with the forthcoming show in Paris. We also took this opportunity to look back at the Transatlantic history and equally touch upon the next immediate plans of the artist regarding his band The Flower Kings. Special thanks first and foremost to Roine for taking the time for this interview and, very much so, for such an enjoyable chat. Thanks as well to Valérie Reux for facilitating the interview.

Hi Roine, I’m a massive fan of Transatlantic. You guys captured the 70s feel and gave it a modern edge and a unique twist that defines the essence of Transatlantic. Was that the musical brief that you set to yourselves as a band when you started the project?

ROINE STOLT : I think actually it was probably in the design of the band itself, looking at the specific members of this band. The thing is, if you invite certain people then you’re going to get a certain style of music. Mike Portnoy is probably the most well-known musician in the band and he’s been viewed as a metal or progressive metal drummer up to that point. This is because, until then and actually before Transatlantic, he had not been in another band than Dream Theater. I remember talking to Mike’s dad when we did a show in New York and he said “You’re the first other guitar player he’s played with”. That is because Mike started out with Dream Theater and they became famous and it just went on and on from that point, doing all these shows and all the albums, getting into very busy times. Transatlantic was his first side project and now there are actually many. I think that people see Mike coming from the metal side of things but Mike is actually also a huge fan of pop music. Any good pop music, like Elton John or the Beatles. You’re going to find in Mike’s record collection lots of different bands that you would probably not expect to be there. And then you have to remember that he is a fan of the classic progressive rock bands like Yes, Genesis or King Crimson. So, that’s really where he comes from. Then Mike had some first discussion with Neal Morse, from Spock’s Beard, about recording something together. And then, later Peter Trewavas from Marillion joined and finally, myself, as the last member. So, one way or another we’re all dealing with progressive rock, be it more modern or more retro. Marillion for example is more on the pop side. What I’ve been doing is probably more on the classical progressive rock side of things with influences from the 70s bands like Focus, Yes, King Crimson and other stuff like that. And Spock’s Beard maybe more on the poppy side with bands  like Kansas and a little bit of Yes and Genesis I suppose. So, I think that was the idea that Mike had, to put together a band where he could actually play progressive rock and maybe a little bit less of metal.

You mentioned Focus, King Crimson, Yes. How do you look back at these 70s classic albums?

ROINE STOLT  : In the 70s I was a big fan of Genesis and King Crimson. Looking at it now, over the years, the music that has stood the test of time best I think is probably Yes and Frank Zappa. And certain stuff of King Crimson has aged better. There’s some beautiful Genesis music but there’s also stuff that I don’t listen to the same way I did back then, you know. I mean stuff like Lamb Lies Down on Broadway is a great album. Also Selling England by the Pound. Some stuff from  Foxtrot and Nursery Crime as well. Frank Zappa I think has stood the test of time and Yes, definitely. Listening back you find stuff in Yes music that is really unique. I mean the way they constructed the music for example. Progressive rock has been there but I didn’t start listening to music with progressive rock. I started with the Beatles like everyone else. I suppose all the band members in Transatlantic were big Beatles fans. In my bands we were also fans of Procol Harum or Vanilla Fudge who took rock music and added different elements of improvisation, blues, classical and metal. That is what I find interesting. And this is also what Transatlantic set out to do with an open mind. There wasn’t initially a big plan. We just got together the four of us to give it a go and then see if something interesting would come out of it. And then go to the record label and say “Hey we recorded this. Are you interested in releasing it?” That’s what they did and we had such an immediate success!

Yes the response was absolutely enthusiastic which goes to show Transatlantic is really something all us were craving for! You mentioned Yes. You guys played live with Jon Anderson the track ” The Revealing Science of God”. You also worked on an album with Jon (The Invention of Knowledge). How was this experience for you?

ROINE STOLT  : That was great of course working with Jon because, back in my teenage days,  I used to listen to things like Tales of the Topographic Oceans, Relayer or Close to the Edge. So it was kind of a surreal moment getting to work with Jon. But also learning a little bit more about him and the way he works with music and how profound his roots in jazz music are.  Working with him, I did understand much better how he does it, I mean,  despite Jon not playing an instrument, not being a great piano or guitar player, he however has all the music in his head. He hears the music and he can always find a way to express what he’s looking for. I think I was very helpful for him to realize his ideas and then put in a bit of mine. So it was a very interesting collaboration for me personally, one of the best I’ve done up to this date actually.

And what about the collaboration itself with Jon? He’s said to be quite a character.

ROINE STOLT :  Some people said “Oh, that’s John Anderson. That’s going to be difficult for you because he’s probably going to be very bossy”. But actually, no, it was very easy. Jon was extremely friendly. We had almost daily contact and sometimes he was sending up to three or four emails a day.  We were sending files back and forth.  Nowadays you don’t send tapes anymore, you send actually a mp3 file and do overdubs. Jon would do some vocals and send that to me. I would work with it and this is how we worked the music, bit by bit. So, yeah that was a great collaboration and I like to think something great came out of it in the end actually.

Absolutely ! Talking about characters, Transatlantic has been going on for more than twenty years now, with five fabulous studio albums. A super group usually equates to big personalities. So how did you manage to keep it together all over the years? What is the recipe for the longevity of this lineup that stayed the same all the way?

ROINE STOLT : One of the main reasons we kept it together for this long is actually that we do not work together on a full-time basis. Transatlantic is something we do every now and then. So, we did the first album. We did the tour in both America and Europe. Then pretty much immediately we went straight into the second album. And then we had a break for, I can’t remember about maybe seven years or eight years, before doing The Whirlwind. Then straight in from that one we did the Kaleidoscope album and then we had a break again. I believe these breaks probably helped us to stay together because if we’ve been together for the last years, touring all the time and doing all this, then probably we would have killed each other one way or another (Editors note : laughs). I mean this happens to every band.  There’s always going to be some conflicts, especially if you have very strong minded and stubborn people. Being together on the road can sometimes be frustrating and tiring. But all in all, for us, it’s been working. And the other thing that helps is that we’ve had an agreement that we would split everything equally four ways. This applies to everything, starting with the albums and the tours etc… It’s not like one guy is earning more than the others. There’s never any argument about money in the band and that also helps staying together.

What was the reaction of the main bands you were involved with when you said you’d need some time off to dedicate to Transatlantic? Bearing in mind it must be crazy juggling with so many balls in the air…

ROINE STOLT : Yeah, absolutely. I cannot speak for the other guys but for me personally there wasn’t much talk within my band. But maybe it is they talked behind my back (Editors note : laughs). Maybe they were getting a little bit worried because Transatlantic was successful and thinking “Okay he’s gonna leave the Flower Kings now“. But that was never my plan, you know. I just saw Transatlantic as something that was fun to do at the time, an opportunity to do something else, going out and touring a bit, and making some good money as well. That’s the way I viewed it. As I said, I can’t speak for Neal and Spock’s Beard or for Mike and Dream Theater. I suppose for a band like Marillion they expected Pete to be there when needed. So we had to be very careful about when to work on an album or tour and subsequently how much time we’d have to rehearse etc… Because it’s a full-time job. And I have to say it worked out some in some miraculous way over the years.

Now with five major albums under your belt, what challenges do you set for yourselves as a band for the future?

ROINE STOLT : Well, the thing is, with Transatlantic there’s never been any talk about the future. So, for example, we are doing this tour now. Then, at the end of the tour, we’re probably going to say “Bye bye see you next time” or something like that. It’s not like “Okay guys let’s get together again in three years’ time”.  It’s always been like that with the band. After the Bridge across Forever tour we went home and there wasn’t any talk about another album. This discussion did not happened you know. And then you realize “Okay we’re not going to make an album this year and probably not next year either“. So, I think we’re the kind of band where it happens when it happens. It usually starts with someone dropping an email to the other guys saying “Hey guys, how do you feel about getting together next February to maybe record a new album” ? And then the other guys respond yes or no depending on their schedule. So, it’s pretty much very open to whatever happens in everyone’s life at the time you know.

The new album, The Absolute Universe is my second best after my all-time favorite Bridge Across Forever. Before we dive into it, do you have a favorite Transatlantic album?

ROINE STOLT : It’s actually difficult to tell. For me, it’s more like there are certain sections of certain songs that I find both very strong and melodic and which make them interesting to play. It could be something about the rhythm section that captures my interest, or some particularly good lyrics etc… It’s pretty much the same with The Flower Kings. There are certain bits I love more than others. And you can say the same thing about any band. I do love the Beatles but I don’t like every single Beatles song you know. I love Yes but there may be one or two songs that I don’t like as much etc… Now to answer the question the Whirlwind is a strong album for me personally. Very difficult to judge the new one at this stage.  Maybe it is a little bit too long to be honest.

That’s an interesting comment…

ROINE STOLT : I’m just being very honest now. With hindsight benefit I think I would have probably edited it down. And I wouldn’t have done it the way that Neal edited down the purple album  (Editors note : The breath of Life – abridged version). But all in all, I think there’s some really strong material there, there’s some great playing and I think the production also is probably the best so far. So I tend to like the Whirlwind and the new one best, if anything.

Do you have a top three songs that would always be on the Transatlantic set list if it was just your call?

ROINE STOLT : No, not really. That said, it may be odd but when we did the tour in America, I remember saying to Neal a couple of times that the song Bridge Across Forever was one of the best songs of the set list, every evening with just him and me on stage. And it’s not because there’s no drums or bass. It’s just because it’s a beautiful song and it’s really magical when this happens. Then also, with Transatlantic it is a bit difficult to talk about songs per se. For example with the Whirlwind you can’t really talk about songs. And this is the same thing with The Absolute Universe. Looking at a Beatles album, you can probably pick songs like “Penny Lane” or something. But we’re not that kind of band. Transatlantic is more like a symphony.  There are parts of a symphony you will really like and some you might be more indifferent to.

« The record/DVD will be just Paris. I mean it’s possible there are bonus things on the Blu-ray, maybe something we did from the American or the Canadian shows or capturing something from the tour bus etc… » – Roine Stolt

The Absolute Universe is really celebrating for you the return to a concept album. Can you tell us a little bit more why you went for a concept album and the overall idea behind the album?

ROINE STOLT : Well, to be honest I think the reason the overall idea took shape this way is because this time, instead of recording in America as we did in the past, we went to a studio in Sweden in my home country. We were there for about ten days writing the music. I mean picking bits and pieces from our demos and trying to piece it all together to a bigger piece of music. So, I think it’s not like we went in there writing from scratch saying well, let’s do a long piece of music. We just took bits and pieces pretty much like I would guess Pink Floyd did with The Wall or Dark Side of the Moon. Then you have themes sort of going in and out and coming back you know. This is how we operated in,  I would say, probably in the same fashion as when you look at classical music or a musical where you have several themes and you reuse these themes along the way.  I think that’s the concept in itself.  And then interestingly enough, when we decided to do two versions of the album, we would have the same song but with different lyrics. That is because when we worked on the album, sometimes I would write lyrics for a piece of music Neal was working on but did not yet have proper lyrics. And then, we’d continue to work on the album and Neal wrote his own lyrics too. So, we were sitting there with two versions of the lyrics and Mike said “Well we can use both and make it interesting for the listener to have two sides of the story”. So, that’s also part of the concept you know. I am not sure any band has done that before, two different versions of the same album. And it just happened without any premeditation. Certain songs are exactly the same, certain songs are totally different, some songs were replayed and some were scaled down, some have more of a keyboard influence, some of them are more guitar driven, sometimes it’s me singing and sometimes it’s Neal singing etc…

So it is really the case that some of the common tracks were actually recorded twice, right?

ROINE STOLT : Yes and to be honest I haven’t even checked but there may be a possibility that the drum tracks are different. I definitely remember tracking lots of different guitars, up to three or four electric guitar channels, maybe two acoustic guitar channels. Rich Mouser who mixed the album, then used some of the guitars and then took away the others. I did put in quite a bit of keyboard parts. Rich sometimes used mine and sometimes used Neal’s. So there was lots of material to pick from, providing Rich with the opportunity to be very  creative. We would just sit there and listen to what he presented to us, which was interesting for us. And then we thought, if it’s interesting for us maybe it will be for the fans too who might enjoy a double experience. We thought some people will buy both albums, some will pick one of them and be happy with that. So there’s lots of options. Nothing wrong with that.

And how did the record company react?

ROINE STOLT : The record company was game on with the idea. We were a bit nervous because we were expecting them to say we’re crazy but they said “Yeah, not a bad idea”. And we said, “okay but you know it’s also going to be on vinyl, with this big box of vinyls as well“.  We even have the big black box that has everything recorded and a DVD I think and stuff like that.

Was doing a double album a bit of a Flower Kings’ influence as well maybe somehow?

ROINE STOLT : I don’t know. We had this skype call and we couldn’t decide which way Neal was to shorten the album, cut it down and put in some other songs. And at that point I had already worked a bit on my guitars, on vocal stuff, on choir, background vocals, keyboards.  So I was thinking all about all this work put in and some certain sections I had sort of fallen in love with. And then someone would come in and cut it down!  So during this skype call Mike said “Well, we can do both actually. Let Roine drive the forevermore version and Neal you can do your shorter version too”. So, that’s what we went about it you know!

Talking about input, what would you say you bring from The Flower King experience to Transatlantic and likewise what is it that you’re taking back to The Flower Kings from the Transatlantic experience?

ROINE STOLT : That’s very difficult to tell really because I think everything comes very naturally for me. When we’re about to do an album I usually come in with a big chunk of demos. I actually had this time one and a half hour of music. I also probably had over one hour  of music for the previous albums. So there’s a lot to pick from and of course, we can’t use everything. I think I probably bring in what comes natural for me, I mean the kind of music I like.  Sometimes it could be an acoustic ballad, sometimes it could be a tricky Zappa style section or a tricky instrumental part. Sometimes it can be something bombastically symphonic and sometimes it can be something scaled down or more electronic-like. These are the kind of influences I think I can offer that will certainly not come from Neal or from Pete. I believe I know by now the style of music Neal or Pete will put forward. All very different. So it’s like complementing each other. And then Mike is not really writing music but he’s overviewing and suggesting stuff, like “Okay let’s take that part, see if we can do this, can we jam on that” trying to connect the different bits and pieces. I don’t tend to overthink much. I present what I have and wait for their comments back. If I leave the session having used only half of what I brought, it’s fine you know. I don’t expect all will be used because at the end of the day we have many writers in the band. Now, with regards to what I bring back to The Flower Kings it’s probably more subconscious. This would happen from making the music and being on stage with Transatlantic, some kind of experience I would take back for my Flower Kings work or when I’m working with someone else. But really, this is something I don’t think much about.

You’re coming to Paris this July. Needless to say we just can’t wait to see you all on stage on the 28th at the Olympia which is one of my favorite places in Paris given the excellent acoustic. So, what should the fans expect on the 28th?

ROINE STOLT : Of course it’s going to be a lot from the new album. I’m not totally sure actually, but I should really know because I’m supposed to rehearse it now (Editors note : Laughs). It won’t be the full version but more like the black box version. And besides that I think there’s a bit of the Whirlwind and there’s maybe a few things from the other older albums, more like a medley of things.

Will you play the Bridge across Forever medley?

ROINE STOLT : Yeah, it’s possible.

I understand you are planning to record this show in Paris?

ROINE STOLT : Definitely. As you say it’s a really nice venue, a great place to  play as the last show for the tour and we’re going to record it. We’re going to do a Blu-ray video, whatever you call it, and a live recording. We have recorded something in the United States but the big official release will be from the Paris show. It’s a classic venue. The Rolling Stones play there. I actually played there with Steve Hackett a couple of years back and I’ve seen King Crimson there. So yes, I’ve been to Olympia many times and, as you say, the acoustic is great, the stage is great, and it’s a great all round location.

So, it will feel like home somehow !

ROINE STOLT : Absolutely. As I said the record/DVD will be just Paris. I mean it’s possible there are bonus things on the Blu-ray, maybe something we did from the American or the Canadian shows or capturing something from the tour bus etc… But I can’t really tell. We haven’t really discussed it yet. But there’s definitely going to be something more for the fans who want more personal stuff like interviews.

We’ve talked a lot about Transatlantic. Now, what are the next immediate steps for The Flower Kings with this brand new album under your belt (By Royal Decree) that you released in March 22?

ROINE STOLT : Well, the immediate plan is I was actually supposed to be doing a festival in the north of Norway tomorrow. But the Scandinavian Airlines, in Sweden, are on strike. And it was so complicated to get there that we had to unfortunately cancel this plan. And then we looked into touring around the autumn. But the thing is, it looks like everyone is out there touring. Which creates a lot of issues. Just with tour buses to start with. You’re not even sure you can get a tour bus with every band being on the road now. It sounds crazy but it’s true. I just read about Steve Vai who is touring now in Southern Europe. They were on the tour bus and the air conditioning broke down…  Paris is hot but Italy and Spain are really super-hot at the moment. So these are crazy times. You just realize that everyone is out touring. Anyone, from  the Rolling Stones to all the progressive bands of course. So we’re thinking that maybe the right thing for The Flower Kings to do instead of touring this autumn is actually to go back and record a new album. And I have a meeting tomorrow actually with some of the guys to suggest this. Let’s not go out when everyone else is out because it’s just going to be a mess.

Everybody’s making up for the lost time after this crazy pandemic period we went through…

ROINE STOLT : Indeed. And all flights are getting canceled.  I had a flight for the Transatlantic tour which I got told was canceled so I had to fly one day earlier. Things like that seem to happen more often. It seems the Covid situation created troubles at many airports. They don’t have the staff because they did let people go during the years of Covid. Now it’s exploding with  everyone wanting to travel. So it’s like a very complicated situation and I don’t want to put myself or the band in that situation.  Some musicians now have a bit of a nightmare travelling, just like normal people I mean. I think the best is to be creative at home, write songs, record songs and be out with a new album with the Flower Kings next year and then do the touring maybe starting February or March. And that feels good actually. I mean we don’t need to be out there. We have done so much over the years so taking new steps and writing new music is inspiring to me !

Fantastic. So fingers crossed that everything will be absolutely fine for the Paris show!

ROINE STOLT : Yes. Once we get there you know it will be fine. I think we start with the first show in Transylvania. And then we have, I think, Holland, France, England and Germany if I remember right.

Fantastic. I’m conscious about time, is there  anything else you’d like to share that we haven’t touched upon?

ROINE STOLT : Yes maybe just one thing, let me tell you also that we are touring in Europe with a fifth member and that’s Ted Leonard. Do you know him? 

Absolutely, Ted from Enchant and Spock’s Beard.

ROINE STOLT : So Ted is our fifth guy. He’s going to sing, play guitar and keyboards. So we will be a five piece when we’re touring next!

Thank you ever so much Roine for taking the time today for this interview. Looking forward to seeing you all on stage on the 28th of July at the Olympia in Paris!

 

Skype interview Jul 13th, 2022 – Stéphane Rousselot

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