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Hasse Fröberg est un nom qui compte pour The Flower Kings qu’il a rejoint en 1997 et, évidemment, pour  HFMC, son propre groupe lancé en 2010. La sortie d’un nouvel album pour ces deux formations sont autant d’occasions de se réjouir et surtout l’opportunité d’échanger quelques mots avec notre ami.

Hasse Fröberg and Musical Companion - Parralel Life (2019)

Lire la chronique de “Parallel Life”

The Flower Kings - Waiting For Miracles (2019)

Lire la chronique de “Waiting for Miracles”

Salut Hasse, très heureux d’avoir cette conversation avec toi et de pouvoir discuter de deux beaux albums.

HASSE FRÖBERG : C’est un plaisir !

Tu as une actualité chargée avec la sortie de deux albums en trois mois. Comment ressens-tu ces deux disques Parallel Life et Waiting For Miracles ?

HF : C’est vrai ! mais c’est à la fois fun et excitant ! Le temps total pour enregistrer Parallel Life a été très important, bien que paradoxalement on ait passé assez peu d’heures dans le studio. Quand on a démarré l’enregistrement, le studio (Soundfront Productions) était en travaux, la construction n’était pas terminée : on a parfois du attendre des semaines, voire des mois, pour que la partie dont on avait besoin soit achevée. Donc par moment, on a vécu des situations assez stressantes, mais finalement, maintenant quand j’écoute le résultat, je suis très content de ce qu’on a réalisé. Ca fait maintenant 10 ans que le groupe est formé et je trouve qu’on a atteint un bon niveau de maturité tous ensemble. On n’a jamais aussi bien joué ensemble que maintenant ! Je trouve également que nos morceaux et notre production s’est améliorée, est plus intéressante qu’avant.

Pour l’enregistrement de Waiting For Miracles, c’est totalement l’opposé qui s’est produit, enfin peut-être pas pour Roine (il se marre). Après notre ‘comeback tour’, qui a été très bien reçu par le public et sur lequel on a joué pas mal de vieux classiques des Flower Kings, je n’ai finalement pas été très surpris que Roine nous dise qu’il voulait faire un nouvel album. J’ai plus été surpris par le timing, ce qui m’a de nouveau conduit à enregistrer deux albums en même temps (ndlr : c’était déjà le cas en 2012 avec Banks of Eden d’un côté et Powerplay de l’autre), ce qui n’est pas quelque chose de confortable et que je recommande…(rire sarcastique). Quoi qu’il en soit, Roine est un mec très expérimenté en studio et le groupe a fait le job de manière assez rapide et organisée, ainsi “soudainement”, on s’est rendu compte qu’on avait tout le matériel et qu’on pouvait attaquer le mixage de tout l’album. À mes oreilles, c’est vraiment le retour des Flower Kings inspirés et qui en veulent !

Je lisais sur Facebook que tu annonçais être particulièrement fier à la fois de Parallel Life et de Waiting For Miracles, Plus que des albums précédents ?

HF : Très difficile de répondre en fait. Je ne suis pas certain d’être plus fier de ces deux-là que de TOUS les autres albums, mais ce dont je suis sûr et fier, c’est que ces deux disques sont deux albums très forts.

Je suppose que HFMC s’est créé il y a 10 ans parce que les Flower Kings étaient en sommeil, c’est bien ça ?

HF : En réalité, à cette époque (ndlr : 2007), je pensais réellement que le groupe était terminé, fini, kaputt. Ce n’était pas le meilleur moment de la carrière du groupe, avec beaucoup de frictions, voire de disputes. Pour autant, je ne pouvais pas m’imaginer arrêter la musique, et c’est pourquoi j’ai démarré Hasse Fröberg & Musical Companion. Et voilà ! 10 ans plus tard, nous sommes toujours là, avec 4 albums studio et un DVD/album live au compteur.

« En réalité, à cette époque (ndlr : 2007), je pensais réellement que le groupe était terminé, fini, kaputt… » – Hasse Fröberg

Tu peux nous raconteur la genèse de HFMC ? Comment vous vous êtes rencontrés ?

HF : Au départ, mon plan était de jouer avec des nouveaux musiciens, plus jeunes que moi. Donc pour chercher des contacts de ce type, je me suis rapproché de Ola Strandberg, avec qui je jouais dans Spellbound, dans les années 80. Ola a joué avec pleins de types différents dans plusieurs cover-bands, donc je lui ai demandé de m’aider à trouver des contacts. Il est revenu vers moi avec les noms de Anton Lindsjö (guitare) et Kjell Haraldsson (claviers). Ce qui est amusant, c’est que j’avais déjà un œil sur Kjell depuis un moment. A la fin, je me suis retrouvé avec deux nouveaux musiciens, et deux membres de SpellBound : Ola (batterie) et Thomsson (basse). HFMC était constitué, et nous n’avons pas changé de line-up depuis !

Ce line-up est très stable ! ( en comparaison des Flower Kings pas exemple )

CC : Et comment ! Nous aimons évidemment jouer ensemble et en plus, nous aimons passer du temps ensemble. Je suppose que c’est aussi simple que cela.

Si tu devais décrire vos 4 albums en une ou deux phrases ….?

HF :

Future Past – Un beau début, un son chaud, des souvenirs d’une atmosphère chaleureuse.

Powerplay – De bons morceaux que nous n’avons pas eu le temps d’achever avec le soin qu’ils méritaient. Deadline serrée et beaucoup de stress.

HFMC – Un album fort, et la fin d’un chapitre dans l’histoire du groupe.

Parallel Life – De superbes morceaux et une production améliorée avec de belles performances de chacun des membres. Le début d’un nouveau chapitre

A l’écoute de Parallel Life et en particulier de titres comme “Sleeping With The Ghost” ou “Friday”, j’ai trouvé que l’album avait une saveur très typée ‘classique hardrock des années 70’ si tu vois ce que je veux dire. Un peu comme si on y avait mis une touche de Rainbow ou de Deep Purple, tu vois ? Tu es d’accord ? Ces groupes t’ont influencé ?

HF : Oui je suis d’accord, je pense qu’on a une ou deux chansons sur chaque album qui est autant ‘classic hardrock’ que ‘prog’, et c’est bien évidemment le résultat de ce que je suis moi-même. Etant gamin, j’avais un voisin qui était bien plus vieux que moi et qui m’a initié à Led Zeppelin, Deep Purple, Sparks, Uriah Heep The Sweet, Black Sabbath, Mud, et les groupes que tu as cités…donc bien sûr qu’on va retrouver ces influences dans ma musique. Plus tard, j’ai découvert Yes, Genesis, Fleetwood Mac, The Who, Mountain, etc, grâce à un ami dont le père était américain. Je pense qu’on avait entre 10 et 14 ans quand on a découvert ces groupes, et le truc amusant c’est qu’on se fichait complètement de savoir quel type de musique ils jouaient. Pour nous c’était juste de bons groupes de rock, ni plus, ni moins.  Je pense que c’est aussi la raison pour laquelle HFMC peut être une passerelle entre ces différents genres.

Pour certaines personnes, c’est un atout de pouvoir jouer une grande variété de musique, d’autres trouvent ennuyeux qu’on ne se cantonne pas à un seul style…Mon point de vue, est que je suis le leader d’un groupe qui en plus porte mon nom, donc je veux montrer tout ce qui m’a inspiré ou jouer tous les styles qui me plaisent.

Tu as commencé à évoquer ton apprentissage, peux-tu nous détailler comment tu es devenu musicien ?

HF : J’ai commencé par la flute à bec à huit ans parce que c’était obligatoire. Après un an de flûte, j’ai bifurqué vers la guitare et la batterie à la Kommunala Musikskolan (qui est une école fondée par le gouvernement pour que les enfants apprennent la musique) A cette époque, l’école était gratuite, ce n’est plus le cas aujourd’hui, même si ça reste très bon marché. Ça n’a pas pris très longtemps avant que je décide de me concentrer sur la guitare, parce que c’était bien plus simple de composer à la guitare plutôt qu’à la batterie. Bref, ensuite à partir de mes années ados, j’ai joué dans plein de groupes, pop, rock, même blues, jusqu’à ce que Thomsson et moi formions Spellbound en 1983. On a eu notre petit succès à l’époque, avec même une reconnaissance internationale. Ça a duré jusqu’en 88/89. Ensuite, j’ai joué live avec énormément de groupes différents et de temps à autres enregistré un album, soit en tant que session man, soit pour le groupe avec qui je jouais live. Ça m’a conduit à être recruté pour les Flower Kings, en 1997. J’avais déjà fait plusieurs sessions avec Roine auparavant, qui travaillait beaucoup en session, production, arrangement après avoir quitté Kaipa, puisque j’ai même chanté sur son premier album solo The Flower King. (ndlr, en fait le 3eme, mais les premiers Fantasia et Behind The Walls sont … quelconques).

Sur “Scanning The Greenhouse”, si mes souvenirs sont bons.

HF : (il se marre) Exactement…

Deux ans entre Future Past et Powerplay, puis trois avant HFMC et maintenant quatre avant la sortie de Parallel Life, pourquoi ce délai qui s’allonge ?

Hasse-Froberg

HF : Et bien j’ai un engagement avec les Flower Kings aussi (rires) et les Flower Kings ont été très actifs en 2012/2013, je n’ai matériellement pas eu le temps de composer. C’est pour cela que ça a pris 3 ans entre Powerplay et HFMC. Ensuite on a beaucoup tourné et joué live en support de HFMC, ce qui a même conduit à la sortie d’un album/DVD live : No Place Like Home. Réaliser ce live et ce DVD a aussi été consommateur de temps. D’où les 4 ans avant Parallel Life.

Quelle est votre méthode de travail habituelle au sein du groupe ?

HF : Normalement, je fais des plans à deux ans que je communique aux gars (et que nous ne suivons jamais hahaha …) pour qu’ils aient de la visibilité à long terme sur ce qui les attend. J’ai aussi un planning pour les répétitions, que ce soit pour la préparation d’un enregistrement ou avant un concert ou une tournée. Comme tu vois, je suis un mec très organisé (il se marre). Je pense que c’est la seule façon de faire si on veut que le groupe aille de l’avant et progresse : se fixer un objectif et travailler dur pour l’atteindre. Étant donné que nous sommes toujours les cinq mêmes personnes qu’au début il y a dix ans, je ne dois pas trop mal me débrouiller…

Avec les Flower Kings, le chant est partagé entre Roine et toi. Sur Parallel Life,  je pense que c’est la première fois qu’on entend un vrai duo, sur “Time Waits”, Est-ce que c’est une piste que tu penses approfondir  dans le futur ?

HF : Probablement. J’aimerais beaucoup en tous cas. Je pense que ça élargit, que ça donne de l’ouverture au son, quand tu ajoutes une nouvelle voix, avec un nouveau timbre. J’ai beaucoup aimé qu’Ola veuille chanter dans le groupe et je suis sûr qu’il est partant pour remettre ça.

Tu écris et compose quasiment tout pour HFMC, alors que les Flower Kings semblent avoir une approche plus ‘collective’ désormais. Que t’apportent les Flower Kings par rapport à HFMC ?

HF : Avec HFMC, j’ai l’opportunité de réaliser MA vision de la musique et de définir comment la présenter au public. Je pense que c’est finalement la même chose pour Roine avec les Flower Kings. Ensuite, je suis très heureux et fier de faire partie des Flower Kings, mais ce n’est pas un secret de dire que c’est vraiment le bébé de Roine, ce qui me va très bien. C’est comme je te disais auparavant, je recherche plus la liberté et faire ce que j’ai envie, et les gars de HFMC m’aident à réaliser ça

Parlons un peu de Waiting For Miracles… Est-ce qu’on peut dire que ce disque est une sorte de Flower Kings 2.0 avec Roine, Jonas et toi formant le noyau du groupe et de nouveaux membres à la batterie et aux claviers ? Qu’est-ce que tu peux nous dire ce de nouveau lineup qu’on a découvert sur la tournée ‘revisited’ de cet hiver ?

HF : Tout ce que peux dire, c’est que nous avons actuellement des relations très harmonieuses et décontractées entre les membres du groupe, ce qui est bénéfique à la fois pour les tournées et le processus de création, comme l’enregistrement de cet album. Globalement, je trouve que le groupe est en très bonne forme pour le moment et compte tenu des retours que nous avons eu lors de notre tournée l’an dernier, il semble que je ne suis pas le seul à penser de cette façon.

« … la seule façon de faire si on veut que le groupe aille de l’avant et progresse : se fixer un objectif et travailler dur pour l’atteindre… » – Hasse Fröberg

Tu fais partie des Flower Kings depuis le presque début du groupe et Waiting For Miracles est aussi le premier album sans Tomas Bodin. J’ai cru lire ou comprendre qu’il souffrait de problème d’audition, tu peux donner de ses nouvelles ?

HF : Ouaip, j’ai rejoint le groupe en 1997 pour Stardust We Are, et c’était la période à laquelle on commençait à beaucoup tourner. Avec Stardust, le groupe a franchi un palier en termes de notoriété et très vite on a joué dans pleins de pays d’Europe, puis aux Amériques et même en Russie ou au Japon. En ce qui concerne Tomas, je n’ai pas d’infos particulières sur sa santé. Je sais qu’il travaille désormais comme professeur et qu’il est plutôt bon et reconnu. C’est triste à dire, mais nous avons perdu contact depuis ces deux dernières années, donc tout ce que je peux souhaiter est qu’il aille bien.

Au sein des Flower Kings, tu te considères plus comme un chanteur ou un guitariste ?

HF : Je me considère d’abord et surtout comme un chanteur.

Pourquoi avez-vous choisi d’enregistrer chez Benny Andersson ?

HF : Ce serait plus à Roine de te répondre mais je pense qu’il voulait expérimenter et tester quelque chose de nouveau. On a enregistré dans plusieurs studio danois ou suédois par le passé comme Varispeed, Fenix, Pama and Medley, donc où aller après ? Pourquoi pas le RMV studio de Skeppsholmen au centre de Stockholm, qui appartient à Benny Andersson de ABBA.

Depuis 2007, la fréquence des albums des Flower Kings à beaucoup baissé, en parallèle, les trois derniers disques sont vraiment excellents. Qu’est ce qui a fait que cela prenne autant de temps à les réaliser ? Roine est trop occupé ?

HF : C’est très certainement une des raisons principales et le fait que Jonas tourne aussi beaucoup avec Steve Hackett n’aide pas non plus. En fait, on est tous pas mal occupé et le fait qu’on habite assez loin les uns des autres est un cauchemar logistique quand il faut se réunir. De plus quand on regarde tout ce que Roine a fait depuis 2007, son album avec Jon Anderson, sa tournée avec Hackett, Transatlantic…ce n’est finalement pas une surprise que les Flower Kings n’avancent plus à la même vitesse qu’au début. Par ailleurs, on ne rajeunit pas non plus .

HFMC

Photo by Tallee Savage

J’ai le sentiment à l’écoute de l’album, que ce disque est une sorte de comeback à l’atmosphère qui régnait sur certains classiques des Flower Kings, Stardust We Are, ou Flower Power… Tu es d’accord ?

HF : Non seulement je suis d’accord, mais je suis heureux que tu le remarques, car on a eu le même feeling nous-mêmes. Il y a un truc, dans cet album, dans les compos et dans la façon de jouer qui nous a ramené 20 ans en arrière !

Il y a quelque chose que tu veux ajouter pour nos amateurs de prog français ?

HF : Je n’ai que de bons souvenirs de nos concerts en France, que ce soit avec HFMC ou les Flower Kings, donc j’espère qu’on aura l’occasion d’en refaire beaucoup, et pas seulement le prochain de décembre.

Merci pour ta disponibilité, et je te souhaite le meilleur pour ces deux superbes disques !

HF : Merci Stéphane c’était sympa, à bientôt.

Une interview réalisée en septembre 2019 par Stéphane Mayère
Remerciements à KOID9

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