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TRUST – Tournée RE-CI-DIV
Olympia 19 octobre 2022

A l’heure d’écrire ces quelques lignes, TRUST vient d’achever sa tournée française d’une vingtaine de dates, le Re.Ci.Div Tour 2022, initialement prévue pour 2021 mais reportée dans le contexte des incertitudes liées aux mesures sanitaires et finalement amorcée le 11 octobre 2022. L’occasion de revenir sur l’une des premières prestations du groupe, celle de l’Olympia le 19 octobre dernier.

Commençons par ce qui fâche. La tournée s’intitulant Re.Ci.Div (en support du coffret paru fin 2020 proposant les trois premiers albums du groupe ré-enregistrés dans des conditions « live » et quelque peu ré-actualisés, notamment via l’adjonction de choristes) il était donc complètement légitime de s’attendre à une set list articulée presque exclusivement autour de la sainte trinité que constituent L’Elite, Répression et Marche ou Crève. Pour autant, c’est tout juste un peu plus du tiers du concert qui est consacré ce soir aux années historiques du groupe, le reste des compos provenant essentiellement des trois derniers opus studio du groupe. Contre toute attente, nous n’aurons donc ni droit aux classiques tels que ”Police-milice”, ”Bosser huit heures”, ”Monsieur Comédie”, ”Instinct de Mort”, ”Marche ou Crève”, ni au très controversé mais néanmoins réussi ”Le Mitard”. Evacuons immédiatement tout malentendu à ce sujet, la déception de ce soir, palpable autour de moi dans la salle, est davantage liée au sentiment d’une promesse non tenue, qu’à la qualité intrinsèque des compos issues des albums récents, un album comme Dans le Même Sang (2018) figurant même au rang des meilleurs albums de TRUST toutes époques confondues. Mais il eut été certainement plus honnête de rebaptiser la tournée Propaganda, du nom du tout nouveau LP (2022) dont le groupe a à cœur de défendre plusieurs compos ce soir sur scène.

Ne boudons néanmoins pas le plaisir que nous avons de retrouver TRUST sur cette scène de l’Olympia. Lorsqu’il en foule les planches, Bernie Bonvoisin est un peu à la maison. Cette salle n’a plus aucun secret pour lui. Et pour cause, bien avant même d’y jouer pour la première fois avec TRUST le 4 décembre 1977 (en première partie du groupe BIJOU), il y travaillait déjà, entre autres, aux éclairages scéniques derrière les projecteurs des poursuites. Performer exceptionnel, Bernie n’a rien perdu de sa présence, de sa gouaille et de sa verve. Le temps ne semble pas avoir d’emprise sur lui. Dans un look improbable (ce bob champêtre qu’il arborait déjà au Hellfest en 2017, ce pantalon de survêtement et ces baskets d’une même marque emblématique des 80’s) le chanteur parolier prend immédiatement possession de la scène comme de son auditoire, du premier titre au dernier. Parmi les points d’orgue de cette soirée, en véritable maître d’orchestre, il convie le public à chanter intégralement ”Saumur” dans un mime teinté d’une ironie mordante. Ouvertement contestataires et solidement ancrés dans la réalité sociétale de par le passé, ses textes les plus récents sont toujours aussi incisifs et demeurent parfaitement en phase avec les temps actuels. Ainsi, avant d’attaquer ”Cette prière sur tes lèvres et ce sang sur tes mains”, il déclare non sans humour que «la religion, c’est comme le sel en cuisine… avec modération ! ». Un peu plus tard, celui qui a ouvertement combattu les idées du Rassemblement National invite la salle à faire preuve de « discernement, seul antidote à la haine ». Et nul doute que ses diverses expériences en dehors de la musique, comme le superbe documentaire Paroles d’Enfants Syriens (2016), n’auront fait que renforcer ses convictions et sa détermination, élargissant son regard et armant sa plume d’une plus grande maturité. Ce qui se ressent directement dans les textes des excellents ”Dans le même sang” et autres ”Démocrassie” proposés dans la set list.

L’alter ego historique de Bernie au sein de TRUST, le guitariste Norbert Krief (”Nono”) n’est pas en reste sur cette scène de l’Olympia. Tour à tour blues, rock et hard rock avec ses influences majeures à chercher du côté d’Alvin Lee, Jeff Beck et Jimmy Page (lui qui ne connaissait pas AC/DC avant de rencontrer Bernie) il nous rappelle à chaque accord, à chaque riff, à chaque solo, que c’est bien lui qui a forgé le son emblématique de TRUST, sur lequel vient se superposer la voix de Bernie, le premier slam-rocker de l’histoire de la musique hexagonale, avec ce chant scandé auquel rendait encore hommage récemment Mohamed Chemlekh (”Moho”, l’un des premiers guitaristes du groupe), donnant à l’ensemble cette tonalité unique. Et indépendamment des heurts et des procès entre les deux compères au fil des ans, il faut reconnaître que le duo Bernie – Nono brille de tous ses feux ce soir et continue de fonctionner à merveille, avec une connivence, qui à défaut d’être inaltérable, semble néanmoins bien de retour. Tous deux sont épaulés par les fidèles et solides David Jacob (basse) et Izo Diop (guitare) ainsi que par Krys Dupuy à la batterie (qui a fait quelques aller retours ces dernières années, la valse des batteurs étant hélas une constante au sein du groupe depuis le tout premier jour) ainsi que trois choristes. Mais il est évident que ce sont Bernie et Nono qui prennent toute la lumière ce soir sur la scène de l’Olympia. Dans un registre large, des uppercuts implacables, pied au plancher, toutes époques confondues (”Certitude… Solitude…”, ”Ni Dieu Ni Maître”) aux grands moments de communion et de frisson comme sur le blues du magnifique ”Ton Dernier Acte”, dédié (doit-on le rappeler?) au regretté Bon Scott, en passant par des classiques tels que ”La Junte” ou ”Au Nom de la Race” et en clôturant le concert par l’indispensable ”Antisocial” qui, plus de 42 ans plus tard, fait toujours vibrer le public à l’unisson. TRUST prouve une fois de plus ce soir qu’il demeure pour longtemps encore la figure tutélaire d’un rock engagé, direct et authentique. Et que l’espoir n’est pas qu’une vague lueur dans le lointain car oui, tôt ou tard  «Les murs finiront par tomber. Sur ceux qui les ont dressés ».

Setlist

1. Déjà servi
2. L’europe des 27
3. Ni Dieu ni maître
4. Fils de pute, tête de liste
5. Fais où on te dit de faire
6. La Junte
7. La première pierre
8. Cette prière sur tes lèvres et ce sang sur tes mains
9. Le conteur
10. Ton dernier acte
11. Démocrassie
12. Au nom de la race
13. Saumur
14. Certitude… Solitude…
15. Dans le même sang
16. Delenda
17. Antisocial

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