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Yes, légende incontournable du rock progressif, nous offre,  en ce mois d’octobre 2021,  son 22ème album studio.  Le groupe, figure de proue emblématique de ce mouvement dans les années 70, en fut l’émanation la plus symphonique, la plus technique et, très certainement, la plus mystique. Nous avons eu le plaisir d’échanger avec le batteur Alan White, à l’occasion de la sortie de The Quest (voir la chronique sur le site), un album qui fait suite au très critiqué Heaven & Earth et qui, sous la houlette de Steve Howe, démontre que le groupe a encore énormément d’émotions musicales à partager et de messages à porter. Nous avons profité de cet entretien pour, bien entendu, parler de ce nouvel album mais, également, revenir sur la dense carrière d’Alan au sein de Yes, lequel fêtera ses 55 ans au sein du combo l’année prochaine.

Bonjour Alan, dans ce nouvel album, Yes met en exergue des problématiques très actuelles (ex : le changement climatique, l’intelligence artificielle) mais tente également de montrer la voie du changement. Ce qui confère à l’album in fine une tonalité très positive. Peux-tu nous en dire un peu plus sur le thème de The Quest (“La Quête”) ?

ALAN WHITE : Le titre de l’album, lui-même ne nous est venu qu’à la fin. L’objectif de cette “quête”, telle qu’illustrée par une partie des textes de l’album, est de revenir au monde d’avant. Et j’espère sincèrement que nous y parviendrons dans un futur proche !

Depuis que l’album a été mis en boite, je suppose que tu as pu prendre le temps de t’asseoir et de l’écouter avec attention. Que penses-tu du résultat ainsi obtenu ?

ALAN WHITE : Oui bien sûr. Je l’ai écouté plusieurs fois. Pour être sûr que tout était OK avec le mix et avec les messages que nous avons souhaité faire passer. Et je suis très satisfait du résultat. J’ai réellement pris beaucoup de plaisir à faire cet album. Les textes et la direction musicale ont été une vraie source de stimulation. Nous avons travaillé de manière assez différente cette fois-ci. D’habitude nous bossons tous ensemble dans le même studio. Nous échangeons, confrontons nos idées et enregistrons tous ensemble. Mais dans ce cas précis, le concept initial a pris naissance en Angleterre entre Steve (Howe) et Jon (Davison). C’est entre eux deux qu’une bonne partie de la musique a été écrite. Ensuite Geoff, aux claviers, a repris la main, d’un point de vue créatif, pour apposer sa patte et améliorer encore la musique. Et finalement, Billy (Sherwood) et moi-même avons passé environ deux semaines à travailler ensemble sur la rythmique basse / batterie, ici à Los Angeles, avec, toutefois, un input assez faible en termes d’écriture. Tout cela a été dicté par la situation COVID et la difficulté à se déplacer.

Enregistrer entre l’Angleterre et les US n’est pas forcément simple. Comment avez-vous géré cette contrainte et comment avez-vous fait pour maintenir le niveau d’énergie bien que n’étant pas tous dans la même pièce ?

ALAN WHITE : Tu sais, nous avons été musiciens professionnels pour la majeure partie de notre vie. Ce que je veux dire par là, c’est que nous sommes donc très expérimentés et savons exactement ce que nous devons faire en de telles circonstances. Cela nous a été, à ce titre, très aisé de nous adapter à cette manière d’enregistrer.

Cela a dû à la fois vous rendre tristes et vous paraître très étrange de ne pas avoir Chris (Ndlr: Squire, décédé en 2015) à vos côtés sur ce nouvel album ?

ALAN WHITE : Bien évidemment Chris continue de nous manquer énormément au sein du groupe. Mais tu sais, Chris était le mentor de Billy Sherwood. Billy et Chris se connaissaient depuis plus de 20 ans. Et Billy chante également de la même manière que Chris. C’était donc le choix idéal pour remplacer Chris, le moment venu. Nous savions qu’il allait très bien s’intégrer. Quant à ma collaboration avec Billy, elle remonte à un certain nombre d’années, en studio comme sur scène. Cela a été très facile pour moi de m’adapter à son jeu, d’autant plus que, comme je le soulignais, son jeu est très proche de celui de Chris.

Quelle part Chris prenait-il dans le process créatif et de quelle manière avez-vous surmonté cette absence ?

ALAN WHITE : Chris a toujours joué un rôle prépondérant dans le process d’écriture, depuis le premier jour, au sein de Yes. Et bien évidemment, à ce titre, son input nous a manqué. Mais je suis très heureux, au final, de ce que nous avons réalisé. Je suis très fier de ces chansons que nous avons créées ensemble. Tous les albums de Yes sont, d’une certaine manière, différents les uns des autres et celui-ci ne déroge pas à ce principe. Et à ce titre, ça a été un exercice à la fois intéressant et rafraichissant.

Quelles sont les raisons qui ont présidé au choix de Steve en tant que producteur sur cet album ?

JORDAN RUDESS : Steve s’est proposé de lui-même et nous a dit “j’aimerais beaucoup produire cet album“. Nous avons tous dit OK car personne ne connait mieux la musique de Yes que Steve lui-même. Il avait déjà une idée très précise, musicalement, de ce qu’il voulait pour Yes sur cet album et je pense sincèrement qu’il a été au rendez-vous de ses ambitions. Et nous en sommes très fiers !

Il y a de quoi… La dynamique globale de l’album reflète très bien la qualité du travail de Steve. Juste par curiosité, aviez-vous envisagé d’autres options pour la production de l’album, avant que Steve ne se propose ? Par exemple, retravailler avec Trevor Horn.

ALAN WHITE : Non, ce choix s’est imposé dès le départ. Nous n’avons jamais envisagé d’autres personnes pour la production de l’album. Et le résultat parle de lui-même.

Tu mentionnais que chaque album de Yes est différent, à sa manière, des précédents. Et très clairement, The Quest est différent de son prédécesseur Heaven & Earth. Est-ce le résultat d’un processus naturel ou était-ce plus une volonté consciente de répondre à certaines des critiques des fans au sujet de Heaven & Earth (Ndr : la réception de l’album avait été globalement plus que mitigée, également côté presse).

ALAN WHITE : Nous tirons toujours les enseignements de nos expériences passées, qu’il s’agisse de bonnes décisions ou d’erreurs. Et nous y réfléchissons avec attention lorsque nous travaillons à un nouvel album. La majeure partie du temps, nous essayons de bien définir en amont ce que nous allons faire et répétons l’ensemble mentalement afin d’être complètement prêts à l’heure de concrétiser notre effort et de délivrer le produit fini. Yes a de très hautes exigences de travail et ce, sur toutes les dimensions, qu’il s’agisse de la maîtrise de nos instruments live ou de la qualité des albums que nous proposons. Je crois que nous avons pour habitude de toujours travailler chaque dimension jusque dans les moindres détails.

Roger Dean a, une fois de plus, réalisé un superbe artwork pour la pochette. Vous travaillez avec lui depuis maintenant tant d’années. Qu’avez-vous mis à sa disposition pour nourrir son imagination et lui permettre de démarrer ?

ALAN WHITE : Roger a toujours été le sixième membre du groupe. Il puise son inspiration dans la musique, au fil de l’eau de sa création. Il avait ici écouté quelques-unes des démos de l’album en amont. Il a un style de peinture qui sied particulièrement à la musique de Yes. L’expérience visuelle va de pair avec la musique. C’est un tout global.

Merci Alan. Maintenant, si tu le veux bien, j’aimerais beaucoup revenir sur ton parcours au sein du groupe. Quels étaient tes plans long-terme avant de rejoindre Yes ? Est-ce que le prog faisait déjà partie de ton horizon musical ? Je te pose la question car à l’époque tu avais surtout travaillé et enregistré avec des gens comme John Lennon, Joe Cocker ou Georges Harrison , donc dans des registres musicaux différents.

ALAN WHITE : Oui, le prog faisait partie de mes horizons musicaux. J’ai toujours eu envie de jouer des choses différentes et nouvelles. Et quand je jouais avec John ou Georges, que j’enregistrais leur musique, j’avais, en parallèle, mon propre groupe et nous jouions une musique plus typée progressive, du style de Frank Zappa et d’autres choses du même acabit. Donc j’ai toujours eu l’habitude de jouer des signatures rythmiques bizarres et j’étais clairement prêt pour de nouvelles aventures musicales. Et c’est bien ce dont il s’agissait avec Yes: nous avons toujours regardé vers l’horizon et au-delà. Et tenté d’expérimenter des choses auxquelles personne n’avait même songé, comme de nouvelles sonorités ou d’abolir les frontières pour transcender les styles musicaux.

Quelles furent tes premières impressions lorsque tu as rejoint le groupe à l’époque ?

ALAN WHITE : Je connaissais déjà le groupe. J’avais déjà entendu ce qu’ils faisaient. Lorsque je les ai rejoints, j’ai commencé immédiatement à écouter de manière très intense et approfondie leur musique. Et pour cause, j’ai eu 3 jours pour apprendre leur répertoire (Ndlr : le groupe avait une tournée à honorer). Bref j’ai eu à tout apprendre très rapidement. Je leur ai quand même dit “donnez-moi 3 mois pour voir si ça me plait” et voilà, l’année prochaine je fêterai mes 55 ans dans le groupe (Ndlr: rires).

Selon toi, qu’est-ce que le groupe attendait de toi au moment où tu as pris le job ?

ALAN WHITE : Je pense que Bill Bruford, mon prédécesseur, était plus un batteur typé jazz et les membres du groupe voulaient évoluer vers un style davantage rock qui conviendrait mieux à la nouvelle musique qu’ils étaient en train d’écrire. Dans cette logique, j’avais tous les atouts pour bien m’intégrer. En effet, j’avais, non seulement, une bonne connaissance de toutes les typologies de signatures rythmiques mais, également, j’étais capable de bien tenir le rythme.

En parlant de Bill, c’était comment de jouer avec lui, plusieurs années plus tard, sur l’album et la tournée Union ?

ALAN WHITE : C’était top! Bill et moi-même sommes de très bons amis. Notre relation est très amicale. Lorsque tu joues à deux batteurs, tu dois être très indulgent et laisser l’autre batteur s’exprimer. Et ça a très bien fonctionné entre nous. D’une certaine manière nous sommes très complémentaires l’un de l’autre. J’ai essentiellement eu pour rôle de maintenir le rythme, pendant la tournée Union, pendant que Bill mettait la touche finale, c’est-à-dire s’occupait des parties les plus excitantes et notamment toutes les percussions électroniques.

Tales of the Topographic Oceans est le premier album que tu as enregistré avec le groupe. Tales constituait une démarche très audacieuse (Ndlr : 80 minutes de musique répartie sur 4 faces), proposant une musique extraordinaire mais parfois très expérimentale. Aviez-vous des doutes ou des inquiétudes à l’époque au moment de concevoir l’album ?

ALAN WHITE : Pas le moins du monde. C’était vraiment le reflet de l’atmosphère au sein du groupe au moment de l’écriture de l’album. Nous avions la chance d’avoir une maison de disques qui comprenne ce que nous voulions exprimer au travers de notre musique et nous laisse sortir un double album avec seulement 4 morceaux. C’était très aventureux. Et je suis heureux que nous ayons pu procéder de la sorte. Nous avons répété pendant plus de 3 mois, avant même d’entrer en studio. Et ensuite, cela nous a pris 3 mois de plus pour enregistrer l’album. Bref c’est un album qui nous a sacrément mobilisé !

Alan White

Est-ce que tu dirais que c’était l’album le plus complexe que Yes ait jamais enregistré ?

ALAN WHITE : Tous les albums de Yes ont été compliqués à enregistrer, d’une certaine manière, et c’est lié à l’essence même de la musique de Yes. Mais c’est surtout Relayer qui a été plus particulièrement un challenge. Des chansons comme “Sound Chaser” ou “Gates of Delirium” étaient particulièrement complexes côté basse / batterie.

« Nous avons prévu d’inclure des titres de Relayer dans notre prochaine set list. Cela va être un sacré challenge car nous étions très jeunes lorsque nous avons enregistré cet album… » – Alan White

Est-ce que tu as une période fétiche au regard de toute la carrière de Yes ?

ALAN WHITE : C’est très difficile d’y répondre car chaque album a été comme une ère différente pour Yes. Il n’y a pas pour moi une période qui soit meilleure qu’une autre. Mais si tu parles du point de vue de la rythmique basse / batterie, l’album Relayer a été très intéressant et riche d’un point de vue du process créatif.

Est-ce que tu te réjouis à l’idée rejouer des morceaux de Relayer sur scène dans les mois à venir ?

ALAN WHITE : Effectivement, nous avons prévu d’inclure des titres de Relayer dans notre prochaine set list. Cela va être un sacré challenge car nous étions très jeunes lorsque nous avons enregistré cet album. Et nous ne sommes plus exactement de toute première jeunesse maintenant (Ndlr : rires). Donc il va falloir qu’on se pousse et se dépasse un peu. J’ai pour ma part une pratique quotidienne qui n’a pas changé au fil des ans. Je m’entraine le plus possible, entre les interviews que j’accorde, comme celle-ci (Ndlr : rires).

Qu’est ce qui te plait le plus, musicalement parlant, dans ce que tu as entendu ces dernières années ?

ALAN WHITE : Je suis très éclectique. J’ai toujours écouté plein de choses différentes au cours de toutes ces années. Beaucoup de musique classique. Mais j’aime aussi des groupes plus récents, comme Coldplay, qui vont jouer pas loin de chez moi, prochainement, à Seattle. On a eu pas mal de groupes ici, comme Soundgarden. “Black Hole Sun“, par exemple, est un morceau particulièrement incroyable. Je ne peux pas dire que tout ce qui se passe du côté de la nouvelle scène musicale soit source d’inspiration pour moi. Mais, en même temps, cela fait partie du panorama musical actuel. Et à ce titre, j’espère que ce nouvel album de Yes puisse s’y inscrire.

Et maintenant, la question qui est sur toutes les lèvres des fans: est-ce que Yes réécrira un jour une composition épique de 20 minutes?

ALAN WHITE : C’est la question à 64000$ (Ndlr: rires. La question à 64000$ était un jeu télévisé américain diffusé, dans les années 50, aux heures de grand écoute). En fait, c’est tout à fait possible. Parce que tu sais, une grande partie de la musique que nous avons écrite récemment a été réduite pour répondre aux exigences de cet album…

J’ai cru comprendre que tu avais vécu en France dans la fin des années 70…

ALAN WHITE : C’est exact. J’ai vécu à Paris pendant 9 mois. Dans le quartier du Marais. Je vivais dans un petit appartement, dans des anciennes écuries reconverties. J’avais mon bar fétiche au coin de la rue, le Café des Amis. En venant de Notre Dame, direction rive droite de la seine, la rue était quasiment en face de toi (Ndlr : 4th arrondissement).

Je ne sais pas à quoi ça ressemblait dans les années 70 mais c’est un très beau quartier…

ALAN WHITE : Absolument, le plus vieux quartier de Paris. J’ai adoré y vivre. C’était magnifique.

Est-ce que vous avez écrit quelque chose lorsque tu étais à Paris ?

ALAN WHITE : Oui, mais l’album n’est jamais sorti. Il est devenu “les enregistrements perdus de Paris” (Ndlr: rires). Nous enregistrions dans un studio juste à côté des Bains Douches. Ce lieu est-il toujours ouvert ?

Oui. Je crois que ça vient de réouvrir assez récemment. C’est un hôtel depuis 2011 mais je crois qu’ils ont gardé la boite de nuit (même s’ils en ont réduit la taille) ainsi que la fameuse piscine !

ALAN WHITE : Nous y sortions en boite de nuit. On se marrait bien. Nous avions également pour habitude d’aller au Palace pour les soirées roller-disco. Il m’est arrivé au Palace une histoire qui est de notoriété publique. J’y suis allé un soir vers une heure du matin après avoir descendu quelques bouteilles de vin avec Richard Branson (qui était un de mes très bons amis)… et c’est comme ça que je me suis cassé la cheville (Ndlr : rires). Bref, un souvenir plutôt particulier du Palace !

Et c’est la raison pour laquelle l’album n’a jamais vu le jour ?

ALAN WHITE : Précisément. On en était à la moitié de l’album. J’ai dû appeler le groupe pour leur expliquer que ma jambe était dans le plâtre et qu’ils allaient devoir se concentrer sur le chant pendant encore quelque temps (Ndlr : rires). Et c’est là que nous avons décidé de terminer l’aventure et de mettre un terme à ce projet d’album, ce qui fut probablement un mal pour un bien car, honnêtement, les sessions ne donnaient pas quelque chose de très fructueux (Ndlr : l’album suivant fut Drama qui, à sa manière, changea la donne significativement pour Yes)

Merci énormément Alan pour ta disponibilité aujourd’hui. Cela a été un réel plaisir et un honneur d’échanger avec toi. Je serai ravi de te voir sur scène pour l’étape française de la tournée Relayer à Paris (Le 13 juillet prochain, salle Pleyel).

ENGLISH VERSION

Prog-legend Yes are releasing this October their 22nd studio album! Yes will forever remain one of the most iconic progressive rock bands of the 70’s. Highly symphonic, very technical and somehow mystical – to say the least. We were delighted to have a chat with the long standing legend drummer Alan White to discuss the excellent new release The Quest and took this opportunity to look back over the years of his tenure with Yes, bearing in mind Alan will actually be celebrating next year his 55th anniversary of collaboration with the band.

Hi Alan, the brand new album feels very positive. You guys are acknowledging challenges of nowadays (e.g. climate change, Artificial intelligence etc..) but are, equally, trying to show the way to change things. Can you tell us a little more about the theme behind The Quest?

ALAN WHITE : The name itself “The Quest” is one of the very last thing we came up with. The Quest is in general, from some of the lyrics on the album, to get the world back as it was. And hopefully we can achieve that, in the near future.

Since you completed the recording did you have a chance to just sit down and listen to the album back to back? How do you feel about it?

ALAN WHITE : Yes of course. Many times. Just to make sure everything is OK with the mixes and the message behind the album. And I am really satisfied with it. I really enjoyed making this album. I really got inspired by the lyrics and the direction. The way we did the album was kind of different than usual. Usually we’re all in the same studio, recording together, bouncing ideas. But for this one, the initial concept started in England between Steve (Howe) and Jon (Davison). This is where a lot of the inception of the music was created. Then Geoff, on keyboards, came up with inspiration to further embellish the music. And finally Billy (Sherwood) and myself spent about 2 weeks putting together the drums and bass, over here in Los Angeles, though with a slight input in the writing department. This was dictated by the COVID situation and the challenges of travelling.

Recording between the US and the UK must have been quite a challenge. How did you pull through? How did you manage to create this energy as if you were all in the same room?

ALAN WHITE : You know, we’ve been professional musicians for most of our life. In that sense we’re pretty seasoned musicians and know what to do in those situations. It’s very easy to adapt to that way of recording.

It must have felt quite sad and odd not to have Chris being part of the journey on this new album..

ALAN WHITE : Well, obviously, Chris was sorely missed and is still missed in the band. But you know Chris was Billy’s Sherwood mentor. Billy has known Chris for over 20 years. And he’s singing like Chris too. So he was a pretty obvious replacement. When the time came, Billy was the obvious choice and fitted in perfectly. Billy and myself go back a long time playing in the studio and on stage. It was easy for me to adapt to his style of playing because, as I said, it was very much like Chris.

How pivotal was Chris role in the past and how did you overcome this as a band with regards to the creative process?

ALAN WHITE : Chris always was an integral part of the writing process, for most of the time, from day one in Yes. And, yes, his input was missed in that regard. But I am really proud of what we achieved in the end. I am really proud of these songs that we created together. All Yes albums seem to be slightly different in a way and this one is no exception. It’s kind of refreshing for me.

What made you decide to go for Steve as a producer on this album?

ALAN WHITE : Steve stepped up and said “I think I’d like to take the role of being the producer” on this album. We all said “fine” as nobody knows the music in Yes more than Steve. He was very definitive in his mind about where we should go musically with Yes and I think he achieved what he set out to do. And we’re all pretty proud of it.

For sure, the dynamics on the album do reflect the fantastic effort he’s put in! Just being curious here, did you consider other options before settling for Steve? Like working with Trevor again for example?

ALAN WHITE : No, that’s really how it was from day one. That was the direction we were going in. And we never considered any other kind of production. And it seemed to be turning out fine. I am really glad with the results.

You mentioned that every Yes album is different. And for sure The Quest is a different album than its predecessor Heaven & earth. Is that something that just happened naturally or was it a conscious decision to address some of the mixed feelings amongst the fans at the time around the release of Heaven & earth?

ALAN WHITE : We always learn from things we’ve done in the past, whether it would be good movements or mistakes. We think very carefully when we do new albums. And a lot of the time, we go through it a lot and rehearse it in our mind and make sure we know what we’re doing at the time it gets down to the finished product. Yes has very high standards of working all round, whether it would be playing our instruments or what we release to the public. And I think we always put it through the nth degree.

Roger Dean has done another fantastic artwork. You’ve been working with him for a while now. What do you feed him with to fuel his imagination and get started?

ALAN WHITE : Roger has always been a kind of a sixth member of the band. He gets inspiration from listening to the the music as it gets created. He did listen to some of the demos and tracks. He has a style of painting that goes along with Yes music. So the visual experience goes with the music. You get the whole thing in one big parcel.

Thanks for this. Now, if that’s OK with you, I would like to look back a little bit over the years with you. What were your long term plans before joining Yes? Was prog already on your radar? I am asking because, at the time you’d been recording with John Lennon, Joe Cocker or Georges Harrison – which is a bit of different scene.

ALAN WHITE : Yes, I have always been interested in playing stuff that is different and new. And when I was working with John or Georges, recording their music, I had my own band that played more progressive type music, like Frank Zappa and stuff like that. So I was very well versed in doing a lot of odd time signatures and ready for new adventures in music. Which was the whole point of Yes: we always looked to the horizon and over it. And tried to achieve things that nobody had come up with, like new sounds and breaking down new barriers in music.

What were your 1st impressions of joining Yes back then?

ALAN WHITE : I already knew the band. I heard then before. When I joined I started listening to the music more intensively since they only gave me 3 days to learn their repertoire. I had learn things very quickly. I said “ well, give me 3 months to see if I like doing this” and here I am. Next year, will be my 55th year in the band.

What is it you felt they were expecting out of you when you took the role?

ALAN WHITE : I think Bill Bruford, my predecessor, was more of a jazzy-type style and the band wanted to move forward with a more rock based approach that would fit the new music they were creating. So I kind of fitted perfectly since I had knowledge of all different kind of time signatures. And I was also able to hold the beat down pretty well.

Talking about Bill, how was it to play a couple of years later with Bill on the Union tour / album?

ALAN WHITE : It was great. Bill and myself are very good friends. The whole relationship is very amicable. When you play with 2 drummers you have to be very forgiving with what you play and let the other drummer speak out. And it really worked out between the 2 of us. To a certain degree we do complement each other. I used to hold down the beat a lot when we did that Union tour whilst Bill did the icing on the cake, the thrills if you will and all the more electronic percussions.

You joined for the Tales of the Topographic Oceans album which certainly was a very bold move (80 mins music over 4 tracks) putting forward some incredible stuff and also some quite experimental parts? Were there any doubts or concerns within the band at the time?

ALAN WHITE : Not at all. That reflected on the mood in the band as far as writing was concerned at the time. We were glad we had a record company that understood what we wanted to say in our music and let us do a double album with 4 songs on it. That was pretty adventurous to start with. I am glad it happened that way. And we rehearsed that album for 3 months before we even went into the studio. And then it took another 3 months in the studio to record it. So we spent a long time in the process of making it.

Would you say this was the most challenging album you recorded with Yes?

ALAN WHITE : They all were in a way, because of the nature of Yes music. But Relayer was one particular challenging album, songs like “Sound Chaser” or “Gates of Delirium” were certainly challenging for bass and drums.

Do you have one favourite period within Yes?

ALAN WHITE : It’s very hard because very album is like an era in Yes. There’s not really one period that is better than another. But if you’re talking from a bass and drums point of view, as far as the creative process is meant, Relayer was a very interesting album to do in that sense, as I said.

So are you looking forward to bringing back Relayer on stage in the coming months?

ALAN WHITE : Yes, we plan to include Relayer in the next stage set. It will be very challenging because we were pretty young when we made that album and we’re no spring chickens anymore (Laughs, Ed.) , so we are going to have to push ourselves a little bit. I have a daily practice routine which has not changed at all over the years. I always play as much as possible, in between doing a lot interviews in a moment like this (Laughs, Ed.).

What is the latest stuff that really amazed you, musically speaking?

ALAN WHITE : I am very versatile. I have been listening to lots of different kind of music in my years. A lot of classical music. I also like some of the more recent bands. Coldplay for instance, who will be playing close to me soon, in Seattle. We had bands like Soundgarden over here. “Black Hole Sun” is just an unbelieving song. I am not totally inspired by what is happening in the new music department. But at the same time it’s part of what’s going on. So hopefully the new Yes album will fit right in.

Now I have to ask the one burning question, which is most likely in the back of the mind of every fan – will Yes ever write again a 20 minutes epic?

ALAN WHITE : That’s the 64000$ question (Laughs, Ed.). It’s very possible actually because a lot of the music we have been doing recently usually gets whittled down to make it listenable and presentable and being able to get it on the album.

I understand you spent some time in Paris in the late seventies…

ALAN WHITE : Yes. I actually lived there for nine months. In Le Marais. I used to live in a small muse apartment. I had my local French café on the corner, le Café des Amis. Coming up from Notre Dame in the right bank direction, the street was almost right in front of you (This is the 4th district, Ed.).

Not sure how it looked like in those days but you certainly did pick up a really nice area.

ALAN WHITE : Yes. That is the oldest part of Paris. I really enjoyed my time there. It was beautiful.

Did you write whilst you were in Paris at the time?

ALAN WHITE : Yes. But the album never came out. It became the “lost Paris tapes”. We recorded in a studio nearby The Bains Douches. Is this place still open?

Yes. I think it actually reopened recently. It’s now a hotel since 2011 but I believe they’ve kept the club, although smaller now, as well as the famous pool.

ALAN WHITE : We used to go clubbing there. It was very funny. We also used to go the Palace for the roller skating disco. I have a notorious story of when I lived there. Richard Branson was a good friend of mine and we went roller skating at one in the morning after a couple of bottles of wine and … this is how I broke my ankle (laughs, Ed.). So pretty bad memories of Le Palace.

And that is the reason why that the album never came out ?

ALAN WHITE : It is. The album was only half way down. I had to call the band to let them know my leg was in a cast and I said “you’ll have to do some vocals for a while” (laughs). So this is when we decided to finish that album, which was probably a blessing in disguise because it was not turning out very good anyway (The next attempt that was going to be Drama which turned out to be equally a game changer for the band, Ed.)

Thanks a lot Alan for your time today. It’s been a pleasure and an honour talking with you. We can’t wait to see you on the Relayer tour in Paris (Jul 13th, next year in salle Pleyel). All the very best.

Une interview réalisée en septembre 2021 par Stéphane Rousselot – remerciements particuliers à Alan White et également Valérie Reux (Inside Out Music)

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