PAN ! Qui l’eut cru ? En 2014, personne n’aurait parié gagnant sur John Wick, petit film d’action réalisé (ou plutôt co-réalisé) par Chad Stahelski, un ancien cascadeur, dont c’était les premiers pas derrière la caméra, et devant celle-ci un Keanu Reeves englué dans les nanars inconséquents (L’Homme du Tai Chi, 47 Ronin). Pire, le scénario proposé, digne d’une série B sur papier job, avait de quoi laisser circonspect : un ancien tueur à gage repenti décide de se venger de mafieux russes, responsables de la mort de son chien, cadeau posthume de sa femme. La suite tenait autant dans la succession de scènes de baston carabinées dont le seul concurrent valable reste aujourd’hui The Raid de Gareth Evans (2012), que de l’univers fantasmé pour la “Grande Table“, un ordre malfaisant mais fort bien rangé où les tueurs pullulent et obéissent à un code strict. Dans cette société secrète, on échange ses services avec des pièces d’or estampillées, les ordres transitent via des terminaux sortis des eighties, dans des lieux hors du temps tel que le fameux Hôtel Continental et à géographie variable – New York puis, Rome dans le second épisode. Cette fois, la plaque tournante de l’aventure se trouve au Maroc… notre héros, en fuite, s’est en effet mis à dos toute l’organisation après avoir violé le code de conduite en flinguant une tête de lard au sein même du Continental. Excommunié, un contrat de 14 millions de dollars signe le début d’une chasse à l’homme plutôt motivante pour ses collègues de boulot. Balot.
John Wick Parabellum commence ainsi exactement là où se terminait le second opus et prolonge cette fuite en avant, multiplie les scènes spectaculaires, sanguinolentes, abat les cartes de nouveaux détails sur l’organisation qui permettront de retrouver à l’écran Angelica Huston mais aussi Mark Dacascos que l’on avait plus beaucoup aperçu après Crying Freeman et Le Pacte des Loups, de sinistre mémoire. Le héros bringuebalant déboulera donc à Casablanca, histoire de dépayser les choses, et nous laisser découvrir une Halle Berry toute aussi énervée par les maltraitances canines que son homologue. Décidemment ! Tueuse impitoyable et furibarde, son segment restera le nerf central d’une narration qui ne cesse de miser sur des chorégraphies à couper le souffle et une esthétique tirée à quatre épingles soignée par la photographie de Dan Laustsen (La Forme de L’eau de Guillermo Del Toro).
Évidemment, dans tout ce ramdam, la crédibilité n’a pas lieu d’être. D’une marche forcée dans le désert (coucou Said Taghmaoui) au finale rocambolesque qui nous promet un quatrième épisode déjà sur le feu, John Wick ne travestit jamais son cahier des charges. Chad Stahelski insuffle un rythme et un sens du cadre d’une efficacité redoutable. Le résultat est bluffant. Sur sa forme de cartoon badass qui flirte avec un sens du grotesque assumé mais jamais inhabité, le film permet une nouvelle fois à Keanu Reeves de revisiter son statut de tueur impitoyable et impassible. Iconique. En flirtant avec une abstraction purement graphique des combats, John Wick Parabellum délivre un shot d’adrénaline jubilatoire pour nous faire oublier les carences d’un scénario focalisé sur l’efficacité de ses archétypes. PAN !
ENGLISH VERSION
JOHN WICK 3 – PARABELLUM
BANG! In 2014, no one would have bet a single dollar on John Wick, the first action film co-directed by Chad Stahelski, a former stuntman. In the meanwhile, Keanu Reeves then seemed stuck in the inconsistent movies (The Man of Tai Chi, 47 Ronin) and the script sounded very close to a B movie: “a repentant former hitman decides to avenge the death of his dog (a posthumous gift from his wife) killed by Russian mobsters. With that kind of MacGuffin, John Wick was concentrated on the succession of (gun)fight scenes. Violent but estetical too, the only valid competitor in this category still remain The Raid by Gareth Evans (2012). But John Wick is more than this as it is about a fantasy universe of the High Table, an evil order where killers abound and obey a strict code. In a secret organization, people exchange their services with stamped gold coins, in timeless places like Continental Hotel and gradually different places.
So, our hero, who has alienated the entire organization after violating the code of conduct by shooting a bad guy in the Continental itself, is excommunicated and has only one hour to prepare his escape, a $14 million contract to sign the beginning of a motivating manhunt. So be it! John Wick Parabellum begins exactly where the second opus ended. The film will thus prolong this headlong rush by multiplying the spectacular, bloody scenes, new details of the organization with the help of new guests like the geat Angelica Huston but also Mark Dacascos who we had not seen much after Crying Freeman and Le Pacte des Loups (Christophe Gans).
The whole thing will come to Casablanca, just to change the scenery, and to have a Halle Berry as a guest just as irritated by dog abuse as its counterpart. A slayer as ruthless as she is furious, her segment remains the central nerve of the film and the opportunity for breathtaking choreographies and a great photography by Dan Laustsen (“The Shape of Water“, 2017)..
Obviously, in all this, credibility is not necessary. From a forced walk in the desert (with Said Taghmaoui as Elder, the only man above the High Table) to the incredible finale which promised a fourth episode already in preparation, John Wick never disguises his specifications. Chad Stahelski instills a rhythm and a sense of framework that is extremely effective. In its badass cartoon form, which flirts with an assumed but never uninhabited sense of grotesque, the film once again allows Keanu Reeves to revisit his status as a merciless and impassive killer. Iconic! By flirting with a purely graphic abstraction of the fights, John Wick Parabelum delivers enough adrenaline to forget the shortcomings of a scenario focused on efficiency and archetypes. Nothing but fun. BANG!
JOHN WICK: CHAPITRE 3 – PARABELLUM de CHAD STAHELSKI
Titre : John Wick: Chapitre 3 – Parabellum
Titre anglais : John Wick: Chapter 3 – Parabellum
Réalisé par : Chad Stahelski
Avec : Keanu Reeves, Ian McShane, Halle Berry, Lance Reddick, Laurence Fishburne…
Année de sortie : 2019
Durée : 130 minutes
Scénario : Derek Kolstad
Montage : Evan Schiff
Musique : Tyler Bates et Joel J. Richard
Nationalité : États-Unis
Genre : Action
Format : couleur — 2,39:1
Synopsis : John Wick a transgressé une règle fondamentale : il a tué à l’intérieur même de l’Hôtel Continental. “Excommunié”, tous les services liés au Continental lui sont fermés et sa tête mise à prix. John se retrouve sans soutien, traqué par tous les plus dangereux tueurs du monde…
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