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Indiana Jones et le Cadran de la destinée
3.3Note Finale

OK. Indiana Jones est trop vieux pour ces conneries. OK. Steven Spielberg n’est pas derrière la caméra. OK, nous ne sommes plus dans les années 80 où la franchise avait tous les atours du film d’aventure exaltant, comme une recette miraculeuse, le juste dosage entre un script malin, des acteurs épatants et un réalisateur qui pouvait déployer son génie sans arrière pensée. Et puis 2008. La catastrophe. Indiana Jones et Le Royaume du crâne de crystal signait le retour de toute la bande, vécue comme une récréation mais dictée par une addition de fausses bonnes raisons. On ne parlera pas non plus du script initial de Frank Darabont dont il ne restait quasiment rien. Déception, à minima. Sans une once de nuance, certains fans de la trilogie initiale préfèreront carrément oublier ce film, comme un mauvais souvenir. Posture pour imposture… jusqu’à l’annonce, près de 15 ans plus tard, d’un nouvel épisode. Le dernier. C’est promis. Avec Harrison Ford en tête de gondole à près de 80 piges. Improbable. Steven Spielberg quant à lui jette l’éponge. Il est passé à autre chose. Officiellement indisponible mais plus probablement occupé à ripoliner sa filmographie de fin de carrière (West Side Story, Fabelmans), il n’y croit plus lui-même. Il sait que le système a changé. Comme le public. Ready Player One en témoignait déjà. La fin d’une époque. L’arrivée de James Mangold, un des derniers bon artisan “classique” hollywoodien (Le 3h10 pour Yuma, Logan, Le Man 66) fut dès lors accueillie comme une excellente nouvelle. Même avec une filmographie inégale, Mangold peut s’enorgueillir d’une solide réputation et les fans commencèrent à croire en cet ultime baroud d’honneur. Et pourquoi pas ? Les choses se précisèrent avec l’arrivée des scénaristes Jez Butterworth et David Koepp, un habitué des scripts rafistolés comme Jurassic Park, La Guerre des Mondes, Spiderman, Panic Room ou Snake Eyes. Le casting s’annonçait plutôt roublard : Phoebe Waller-Bridge et Mads Mikkelsen sont du voyage alors que John Williams reprend ses partitions. Pour tout ce barnum il faudra finalement un budget de 290 millions de dollars. L’attente est palpable. Les rumeurs évoquent le voyage dans le temps, un rajeunissement numérique de Harrison Ford mais aussi des reshoots et plusieurs fins alternatives, ce que démentira Mangold… les mois passent, une bande annonce qui convoque le passé embraye, Spielberg s’emballe et le fait savoir sur les réseaux avant que le Cadran de la Destinée ne soit enfin présenté au Festival de Cannes. On y est. OK. Voici un choix périlleux. D’autres y ont laissé des plumes et plus encore. Ce cinquième épisode ne dérogera pas à la règle. Pire encore, sa réception sera plus amère, plus violente que le précédent volet dont l’immense succès au box-office avait pu laisser planer une vague idée de réussite. OK. Et donc ? Nous voici balancés en pleine deuxième guerre mondiale dans un train rempli de nazis “à l’ancienne” pour une introduction plutôt réussie qui permet d’apprécier les progrès effectués du de-aging (rajeunissement numérique). Certes, toute la scène n’est pas au diapason et certains plans éteignent le regard de Ford alors que son fameux sourire en coin a bien du mal à s’afficher, l’acteur assez peu enthousiaste sur sa condition étant devenu un ersatz de “grumpy old man“, ne pouvant ou ne voulant plus vraiment faire l’effort de paraître cool. Qu’à cela ne tienne ! L’histoire bringueballante mais plutôt maline, plonge le docteur Jones entre l’ancien monde, le sien, et le nouveau, en 1969, au lendemain des premiers pas sur la Lune. Changement de paradigme et le moment idéal pour une retraite annoncée. Pourtant, voilà que déboule Helena Shaw, une filleule roublarde et foldingue avec, dans sa besace, un fameux appel de l’aventure que n’aurait pas renié Joseph Campbell. On sera gré à Mangold de trousser des scènes taillées pour son personnage principal (la poursuite lors de la parade à New York), plus lent, moins agile, sans réussir pour autant à garder le cap de cette “gériatrisation” au fil d’une intrigue qui enchaîne les morceaux de bravoure avec plus ou moins d’inspiration comme cette séquence maritime gênante et inutile avec un Antonio Banderas (à la poursuite d’un cacheton perdu) nouveau meilleur amis depuis jamais qui amorce une séquence sous-marine assez ridicule et mal fichue. Il y a pourtant de bonnes idées (l’agent féminine de la CIA très blaxploitation, la scène d’escalade durant laquelle Indy demande une pause) et une résolution (quasi) finale dont il faut garder le secret et que d’aucuns jugeront “nanardesque” alors qu’elle symbolise toute l’obsession du héros, ce à quoi il a dédié toute sa vie. Le fan service plus subtile que dans les resucées de Star Wars verse même dans un sentimentalisme bienvenu lors d’une dernière scène qui devrait enfin clôturer la saga. Il faut l’espérer. Car si le film se perd en longueurs au fil d’une intrigue bafouée de toute logique (une pensée pour le gamin exaspérant, aux mains des nazis, dont se fichent littéralement nos héros partis explorer une grotte), la réalisation de Mangold parvient à respecter tant bien que mal un cahier des charges impossible. Loin d’être un grand film, Indiana Jones et le Cadran de la destinée s’avère honorable, fabriqué avec le goût des choses bien faites, traversé par une douce mélancolie sur le temps qui passe et la fin des choses. La musique de John Williams, et cela n’étonnera personne, est dans la continuité des autres épisodes, sans se renouveler pour autant, au point qu’il réutilise d’anciens thèmes (La Dernière Croisade, Minority Report, Tintin) ce qui reste franchement exceptionnel, et les acteurs font le job, et notamment le duo Harrison Ford  Phoebe Waller-Bridge. Malgré des effets-spéciaux qui accumulent les fonds verts trop visibles, les transparences foireuses et autres joyeusetés qui ne cessent d’intriguer pour un tel budget et s’il manque la “magie” originelle, le film corrige à minima la précédente sortie patraque du héros. Fatalement, le film devrait s’échouer au box office. Entre nostalgiques déçus de ne pas retrouver ce petit quelque chose qui faisait tout le charme de la franchise et la nouvelle génération peu inspirée par les aventures d’un octogénaire, l’histoire, celle avec un petit “h“, semblait malheureusement écrite à l’avance. Mais au-delà du sacro-saint box office, Indy peut enfin nous quitter. Sans honte.

ENGLISH VERSION

OK. Indiana Jones is too old for this crap. Alright. Steven Spielberg is not behind the camera. Alright, we’re no longer in the 80s when the franchise had all the elements of an exciting adventure film, like a miraculous recipe, the perfect balance between a clever script, impressive actors, and a director who could unleash their genius without second thoughts. And then came 2008. The disaster. Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull marked the return of the whole gang, seen as a recreation but driven by a collection of false good reasons. We won’t even mention the original script by Frank Darabont, which was barely recognizable. A disappointment, at the very least. Without a hint of nuance, some fans of the original trilogy would rather forget this film altogether, like a bad memory. Posturing for imposture… until the announcement, nearly 15 years later, of a new episode. The last one. That’s promised. With Harrison Ford leading the way at almost 80 years old. Improbable. Steven Spielberg, on the other hand, is throwing in the towel. He has moved on. Officially unavailable but most likely occupied with repolishing his end-of-career filmography (West Side Story, The Fabelmans), he doesn’t believe in it anymore himself. He knows the system has changed. Like the audience. Ready Player One already testified to that. The end of an era. The arrival of James Mangold, one of the last good “classic” Hollywood craftsmen (3:10 to Yuma, Logan, Ford v Ferrari), was then welcomed as excellent news. Even with an uneven filmography, Mangold can boast a solid reputation, and fans began to believe in this final hurrah. Why not? Things became clearer with the arrival of screenwriters Jez Butterworth and David Koepp, a veteran of patched scripts like Jurassic Park, War of the Worlds, Spider-Man, Panic Room, or Snake Eyes. The cast seemed rather clever: Phoebe Waller-Bridge and Mads Mikkelsen are on board, and John Williams is composing again. All of this would eventually require a budget of $290 million. The anticipation is palpable. Rumors mention time travel, digital rejuvenation of Harrison Ford… months pass, a trailer invoking the past is released, Spielberg gets excited and lets it be known on social media before the long-awaited appearance of The Destiny Dial at the Cannes Film Festival. Here we are. Alright. This is a risky choice. Others have stumbled, and worse. This fifth installment will not deviate from the rule. Worse yet, its reception will be more bitter, more violent than the previous chapter, whose massive box office success had hinted at some level of achievement. Alright. And so? We’re thrown right into World War II on a train full of “old-school” Nazis for a rather successful introduction that allows us to appreciate the progress made in de-aging technology. Granted, not every scene is consistent, and some shots dull Ford’s gaze while his famous sly smile struggles to show, the actor, quite unenthusiastic about his condition, has become a sort of “grumpy old man,” no longer willing or perhaps able to appear cool. But no matter! The meandering yet rather clever story places Dr. Jones between the old world, his own, and the new, in 1969, after the first steps on the Moon. Paradigm shift and the perfect moment for an announced retirement. Yet, enter Helena Shaw, a cunning and quirky goddaughter carrying in her bag a call to adventure that Joseph Campbell would not have disowned. We’ll thank Mangold for crafting scenes tailored to his main character (the chase during the New York parade), slower, less agile, though not quite maintaining this “geriatrification” throughout a plot that strings together moments of bravado with varying degrees of inspiration, like that awkward and unnecessary maritime sequence with a new best friend forever, Antonio Banderas (chasing a lost tablet), which initiates a rather ridiculous and poorly executed underwater sequence. However, there are good ideas (the CIA female agent with a blaxploitation vibe, the climbing scene where Indy requests a break), and a (almost) final resolution that must remain secret and that some will find “cheesy” even though it embodies the hero’s obsession, what he dedicated his life to. The more subtle fan service than in the Star Wars rehashes even leans into a welcome sentimentality in a final scene that should finally conclude the saga. One can hope. Because while the film gets lost in length through a plot devoid of logic (a thought for the annoying kid, in the hands of the Nazis, that our heroes barely care about while they explore a cave), Mangold’s direction manages to somewhat respect an impossible set of guidelines. Far from being a great film, Indiana Jones and the Destiny Dial is respectable, crafted with a sense of well-done things, infused with a gentle melancholy about time passing and the end of things. John Williams’ music, not surprisingly, is in line with the other installments, without exactly renewing itself, to the point that he reuses old themes (The Last Crusade, Minority Report, Tintin), which is quite exceptional, and the actors do their job, especially the duo Harrison Ford and Phoebe Waller-Bridge. Despite special effects that accumulate too-visible green screens, dodgy transparencies, and other quirks that continue to intrigue given the budget, and despite lacking the original “magic,” the film corrects at least minimally the hero’s previous lackluster outing. Inevitably, the film is likely to flop at the box office. Between disappointed nostalgics who couldn’t find that something that made the franchise charming and the new generation uninspired by the adventures of an octogenarian, the story, the one with a small “h,” unfortunately seemed written in advance. But beyond the sacrosanct box office, Indy can finally leave us. Without shame.

Indiana Jones et le Cadran de la destinée (2023)

Titre : Indiana Jones et le Cadran de la destinée
Titre original : Indiana Jones and the Dial of Destiny

Réalisé par : James Mangold
Avec : Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen, John Rhys-Davies, Antonio Banderas…

Année de sortie : 2023
Durée : 154 minutes

Scénario : Jez Butterworth, John-Henry Butterworth, David Koepp, James Mangold
Montage: Andrew Buckland, Michael McCusker et Dirk Westervelt
Image : Phedon Papamichael
Musique : John Williams

Nationalité : États-Unis
Genre : Aventures

Synopsis : 1969. Après avoir passé plus de dix ans à enseigner au Hunter College de New York, l’estimé docteur Jones, professeur d’archéologie, est sur le point de prendre sa retraite et de couler des jours paisibles. Tout bascule après la visite surprise de sa filleule Helena Shaw, qui est à la recherche d’un artefact rare que son père a confié à Indy des années auparavant : le fameux cadran d’Archimède, une relique qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. En arnaqueuse accomplie, Helena vole l’objet et quitte précipitamment le pays afin de le vendre au plus offrant. Indy n’a d’autre choix que de se lancer à sa poursuite. Il ressort son fedora et son blouson de cuir pour une dernière virée...

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