Asia Minor – Points Of Libration

V/dropcap]oici donc cette inattendue galette qui arrive 40 ans après le culte Between Flesh And Divine. On l’espérait depuis les rares apparitions publiques du groupe qui ont eu lieu ces dernières années, quelques morceaux inédits ayant été interprétés lors des concerts de 2018 et 2019, le résultat est là, dans nos oreilles et sur nos platines. Enregistré au studio Profile-On-Air, fondé par le nouveau batteur Julien Tekeyan, l’album bénéficie d’une production limpide mettant en valeur les subtilités et le raffinement de la musique d’Asia Minor. Celle-ci ne prendra pas les amateurs de longue date du groupe par surprise.

On retrouve le style typique du groupe, mélange de influences Cameliennes apportées par la flute, omniprésente, qui se superpose aux guitares évoluant toujours dans un registre baigné d’atmosphères orientales. Le line-up est quelque peu chamboulé par l’absence du batteur historique Lionel Beltrami, qui a dû jeter l’éponge pour raison de santé. C’est Julien Tekeyan, batteur professionnel renommé, qui prend sa place et en même temps participe à la réalisation et aux arrangements. La mission délicate d’ouvrir l’album revient à “Deadline Of Lifetime“. Après une longue intro parsemée de bruitages, de lignes de basse solennelles entrecoupées de bribes de flutes et d’arpèges épars de guitare, on retrouve un morceau type de la musique du groupe, qui nous renvoie d’un coup à l’époque de Between Flesh And Divine. Base rythmique complexe et mélodies aériennes et lumineuse sont de mise pour cette mise en bouche, comme si le temps n’avait pas eu de prise entre ces deux disques. Un beau solo central et le chant typique de Setrak Bakirel : pas de doute Asia Minor est bien de retour. “In The Mist” avec un rôle prépondérant de la flûte renvoie directement au Jethro Tull ou au Camel des seventies, ambiance qu’on retrouvera également sur le long “Oriental Game”. Ici l’osmose entre les musiciens est parfaite et le groupe ajoute une touche symphonique à son progressif oriental. Quelques petites touches de synthés saupoudrées délicatement viennent parfaire la recette, puis le groove s’installe, et un long, très long voyage, instrumental, pastoral, démarre. Ce titre est superbe. Contraste ensuite entre “The Twister” qui, après une ouverture sur des bruits de manifestations, devient le morceau le plus musclé (toutes proportions gardées) du disque, un genre de ‘protest song‘ progressive et l’introspectif “Melancholia’s Kingdom” aux ambiance canterburyienne affirmées. “Urban Silk” de son côté mélange les rythmiques syncopées et un folk progressif majestueux. Les racines turques du groupe ressortent sur “Radyo Hatirasi“, composé autour d’un poème écrit par la fille d’Eril Tekeli. C’est le seul titre en turc du disque, articulé autour d’une mélodie méditerranéenne, dépaysante, acoustique dans sa première moitié, bien plus enlevée par la suite, avec un coté ethnique dans le travail des percussions qui vient rajouter encore plus de couleur du sud à la musique.

Asia Minor est définitivement de retour. Restant fidèle à son style, un pied en Europe, un pied au Moyen-Orient, le groupe nous délivre un excellent troisième album, aux mélodies étonnantes et à la musicalité recherchée. Plus de 40 ans après leurs débuts puissent-ils (enfin) avoir la reconnaissance qu’ils méritent.

ASIA MINOR – POINTS OF LIBRATION

Titre : Asia Minor
Artiste : Points of Libration

Date de sortie : 2021
Pays : France
Durée : 48’29
Label : Marquee