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The Watch plays Genesis: A prog journey 1970 / 1976
Le Triton, Paris / 04 décembre 2021

J’avais découvert les italiens de The Watch à l’Olympia en première partie de The Musical Box (sans doute le tribute band de Genesis le plus accomplireproduisant à l’identique les performances scéniques de l’époque la plus prog et allant même jusqu’à en reprendre les éléments scénographiques dans le moindre détail) dans le milieu de la première décennie des années 2000, au moment de la sortie de leur second LP Vacuum.

Depuis, The Watch nous a offert plusieurs autres albums studio et endosse également les habits de tribute band pour rendre hommage à Genesis en reprenant, avec une fidélité exceptionnelle, une partie du répertoire du groupe en live. Il faut dire que le groupe anglais est sans conteste l’influence la plus prononcée de The Watch. En témoigne leur dernier effort studio, le très convaincant The Art of Bleeding, qui nous transporte vers cette époque révolue où Genesis contribuait à définir les standards du rock progressif. Le timbre de voix de Simone Rossetti, leader historique de The Watch (chant et flûte traversière), y contribue pleinement. Le mimétisme avec Peter Gabriel est tout simplement bluffant. L’intro de “Red is deep”, extrait de l’album pré-cité, en est à cet égard l’illustration la plus parfaite. Et ce n’est pas une surprise au final si Steve Hackett, lui-même, que l’on retrouve en invité de marque sur Seven, le précédent opus de The Watch, a déclaré «The Watch est un groupe de musiciens extrêmement talentueux que je recommande fortement ».

Ce soir, sur la scène du Triton, cette salle de concert très intimiste (150 places environ) en proche banlieue parisienne, The Watch nous convie à un voyage à travers le temps. Le titre explicite (“The Watch plays Genesis, a prog journey 1970-1976”) annonce une set list qui s’articule autour de la période allant du deuxième album de Genesis Trespass, leur premier véritable album prog, et Trick of the Tail, le premier album sans Peter Gabriel, marquant le début d’une période qui verra la formule musicale du groupe évoluer jusqu’à définir, avec Duke (1980) les contours du futur mouvement néo-prog et ce, avant que le trio Collins/Rutherford/Banks ne se détourne définitivement du style qu’il avait contribué à faire naître, pour voguer vers des rivages plus aseptisés mais leur permettant de rencontrer un succès commercial sans pareil.

Un coup de cymbale, les notes de l’intro de “The Knife” résonnent et emplissent la salle. Immersion absolue. Le Triton est cette faille spatio-temporelle qui nous transporte dans les années 70 pour retrouver la magie du Genesis d’antan. Une set-list très équilibrée avec des moments forts comme “The fountain of Salmacis” (Nursery Crime) ou les 23 minutes du dantesque “Supper’s ready” (Foxtrot) qui clôture la première partie du concert. “I know what I like” qui ouvre le second set permet à la salle de s’époumoner joyeusement sur le refrain. Au cours de cette deuxième heure de concert, le groupe nous gratifie, entre autres, d’un mémorable “Firth of fifth” (Selling England by the Pound) avant de consacrer une attention particulière à la période de The Lamb lies down on Broadway, avec pas moins de quatre titres donc l’indispensable “The Carpet Crawlers” et le magnifique “The Lamia”, empreint d’un mysticisme poétique sans égal. Le set se conclue sur deux extraits de “Trick of the tail”, cet autre grand album qui, non seulement avait fait taire les mauvaises langues prétendant que Genesis ne saurait survivre au départ de Peter Gabriel, mais avait par la même occasion révélé le talent de Phil Collins en tant que lead singer. En guise de rappel, The Watch nous offre “Howl the stars down », extrait de leur dernier album, avant de clôturer définitivement cette magnifique soirée sur “The musical box” qui, en l’espace de 10 minutes, distille la synthèse la plus représentative de ce Genesis des années 70.

L’exercice est périlleux mais ce line-up de The Watch, quasiment renouvelé in extenso vers 2008, brille réellement ce soir. L’exécution musicale est sans faille tout au long du concert. Et souligne à quel point la musique de Genesis est un art collectif dans lequel, pour autant, se distinguent des personnalités fortes. Une mention particulière, tout d’abord, au chanteur Simone Rossetti, très concentré, qui restitue dans une ferveur presque pieuse les intonations et les textes alambiqués de Peter Gabriel. Mention également au guitariste Giorgio Gabriel qui fait honneur à Steve Hackett avec un jeu tout en sensibilité et dont la prestation sur “Horizons” est un réel bonheur. Intéressant au demeurant de pouvoir observer au travers du jeu du guitariste l’évolution au fil du temps de la place de la guitare dans le style de Genesis et la confiance progressive acquise par Steve Hackett, avec pour apothéose l’envolée magistrale du solo de “The Lamia”. Mention enfin au claviériste Valerio de Vittorio dont l’intro au piano sur “Firth of fifth” déclenche un réel tonnerre d’applaudissements amplement mérité.

Soulignons l’excellente idée qu’a eu le groupe d’enrichir la soirée avec, de temps à autre, quelques interventions préenregistrées entre les morceaux, comme celle du tout premier manager de GenesisRichard Macphail, conférant dès lors au show une portée historique (C’est Macphail qui avait prêté au groupe le cottage anglais de ses parents, dans le Surrey, pour l’écriture en quasi-réclusion totale pendant six mois de ce qui allait devenir Trespass).

Et si la nostalgie ne manque pas de nous étreindre à l’heure où résonnent encore les dernières notes du morceau “The musical box”, une chose est toutefois certaine; nous avons tous le sentiment d’avoir vécu un moment hors du temps.

Setlist

Premier set :

1/ The Knife 2/ Stagnation 3/The Fountain of Salmacis 4/Horizons 5/ Supper’s Ready

Second set :

1/ I Know What I Like (In Your Wardrobe) 2/ Firth of Fifth 3/ The Lamb Lies Down on Broadway

(avec l’introduction instrumentale  “The Colony of Slippermen”) 4/ Fly on a Windshield 5/ Broadway Melody of 1974 6/ The Carpet Crawlers 7/ The Lamia 8/ Dance on a Volcano 9/ Los Endos

Rappels :

1/ Howl the Stars Down (The Watch) 2/ The Musical Box

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