Marillion – Somewhere Else

Ce titre, Somewhere Else, aurait été parfait pour l’idéale suite de l’impeccable et étincelant Marbles sorti trois ans auparavant – l’exploration d’un autre monde où Marillion semblait avoir trouvé un nouveau souffle et qu’accréditerait une pochette sur laquelle règne l’envie de voir loin. Mais l’équivoque fera long feu. Sur le précédent album, le groupe chantait la nostalgie en flirtant avec le spleen d’un passé révolu. Ici, c’est une relation quasi-charnelle qui s’impose avec la tristesse. La plume de Steve Hogarth, toujours alerte, véhicule un charbon sensiblement plus excitant que la musique qui l’accompagne. Certes, on retrouvait ici la quintescence du Marillion nouveau cru : un piano à touches de velours, des mélodies parfois très seyantes (« The Other Half », « Thank You Whoever You Are »), une guitare dégainée à bon escient comme sur le très beau « Somewhere Else » qui renoue avec l’imagerie de « Afraid of Sunlight ». On passera plus rapidement sur le court « Most Toys » bien rock’n’roll et pas forcément à sa place pour se concentrer sur le lyrisme chancelant de « The Last Century For Man » ou l’excquis « Faith » qui permet de sortir du tragique au finish. Si la rythmique pousse Ian Mosley à tenter de nouvelles choses (« No Such Thing »), c’est la basse de Pete Trewavas qui s’efface sur les mid-tempos relevés d’un « The Wound » plus tranchant. Ce quatorzième album des britanniques n’était donc pas sans lien avec leur passé récent et même s’il ne séduit pas toujours, la coloration tragique de sa production se révèle jour après jour. Nombreux étaient ceux persuadés que le temps allait faire le reste mais cette sacrée bande de musiciens allait surprendre tout le monde avec ce qu’ils avaient encore sous le pied.

MARILLION – SOMEWHERE ELSE

Titre : Somewhere Else
Artiste : Marillion

Date de sortie : 2007
Pays : Angleterre
Durée : 52’00
Label : –