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Mad Max: Fury Road
5.0TOP 2015

Mad Max est de retour et il est passablement énervé. Incarné par un Tom Hardy aux allures christique plutôt barraque (Mel Gibson zonant toujours dans le purgatoire des anciennes gloires de Hollywood, il est donc logiquement resté à la maison), le plus grand survivor du road movie encaisse et distribue dans une ambiance à la fois mystique et fétichiste, concassant le mythe pour mieux le reconstruire. Évidemment, le menu propose toujours son lot de grosses cylindrées, son art-punk peint de folies, de poursuites infernales, impitoyables, et son univers post-moderne apocalyptique volontairement grotesque forcément moins premier degré que The Road (John Hillcoat, 2009). Cette route, creusée dans le sable et non plus sur le bitume glutineux des débuts, offre ici un décor chaotique décharné où la poussière redevient poussière. Amen.

Trente ans après le (passablement) new-age Au-delà du Dome du Tonnerre et cinq films seulement (dont le trop oublié Lorenzo), l’australien George Miller revient donc derrière la caméra pour storyteller cette déflagration à la fois sauvage, brutale et primaire, cette échappée belle de belles échappées des griffes d’Immortan Joe, cinglé notoire, maître de la Citadelle où (sur)vivent une bande de furieux à ses bottes. Aux côtés du mutique Max (les dialoguistes ne se sont pas cassés une clavicule), adepte de la solitude absolue, Imperator Furiosa (Charlize Theron, détonante) fonce pied au plancher dans ce désert qui semble infini avec l’acharnement d’une héroïne sortie d’un bouquin d’Enki Bilal.

Le trip post-moderne qui en ressort essore le film d’action américain tel que les fabrique aujourd’hui la kyrielle de faiseurs lambda vieillis sur le champ : à 70 ans, George Miller ne se contente pas d’accomplir l’exploit de surpasser ses jeunes concurrents, il réalise un film résolument moderne et totalement personnel tant sur le fond (écolo féministe) que sur la forme, activant l’imaginaire dans un western aux images fantasmagorique signées John Seale sans jamais être coulé par son budget ni ses contraintes commerciales. Même si Fury Road est le fruit d’une longue gestation (une douzaine d’années) et aura nécessité de revenir sur les plateaux, il s’impose avec son mélange entre prises de vue classique et quelques technologies novatrices comme la caméra 360° Edge Arm permettant aux acteurs de réaliser eux-mêmes quelques cascades impressionnantes ; le film est bluffant de maîtrise technique, de rythme sans excès d’effets numériques. Le sens du cadre est là. Le cinéma également. Et il nous en met plein la gueule.

Du spectaculaire qui décoiffe ! Pyrotechnie sans anesthésie locale, ce déferlement de contre-culture métal dont le guitariste aveugle pourrait être le symbole joue avec un humour noir calibré et ne verse jamais dans l’horreur gratuite, la nostalgie vaine ou le fan service en roue libre. Le réalisateur penche davantage pour le crépusculaire sans abuser des acides. Projet classé “casse-gueule” dès son annonce, Mad Max: Fury Road fait donc mieux que convaincre, il impressionne. Plus qu’une resucée de franchise poussiéreuse, ce quatrième épisode redistribue les cartes sans changer de jeu. Sûr de lui, George Miller a déjà prévu deux épisodes supplémentaires et plusieurs comics dans la foulée. Autant dire que les adieux à l’enfer des routes ne sont pas pour demain. Et c’est une bonne nouvelle !

MAD MAX: FURY ROAD – GEORGE MILLER

Mad Max Fury Road (2015)

Titre : Mad Max: Fury Road
Titre original : Mad Max: Fury Road

Réalisé par : George Miller
Avec : Tom Hardy, Charlize Theron, Zoë Kravitz…

Année de sortie : 2015
Durée : 120 minutes

Scénario : George Miller, Brendan McCarthy, Nick Lathouris
Image : John Seale
Musique : Junkie XL
Montage : Jason Ballantine

Nationalité : Etats-Unis, Australie
Format : Couleur – 35 mm – 2.35:1 – son Dolby Digital, Datasat, SDDS et Dolby Atmos

Synopsis : Ancien policier de la route, Max Rockatansky (Tom Hardy) erre désormais seul au volant de son bolide (une Ford Falcon XB 351) dans un monde dévasté où les clans de cannibales, les sectes et les gangs de motards s’affrontent dans des déserts sans fin pour l’essence et l’eau. L’un de ces clans est aux ordres de « Immortan Joe » (Hugh Keays-Byrne), un ancien militaire devenu leader tyrannique. L’une de ses plus fidèles partisanes, l’« imperator » Furiosa (Charlize Theron), le trahit et s’enfuit avec un bien d’une importance capitale pour le chef de guerre : ses « épouses », un groupe de jeunes femmes lui servant d’esclaves et de « ventres ».  Immortan Joe se lance à la poursuite de Furiosa avec toute son armée motorisée à travers le désert. Max est embarqué malgré lui dans cette traque, ayant été capturé et enchaîné à l’avant du véhicule d’un homme de main d’Immortan, Nux (Nicholas Hoult). Pour survivre à cet enfer Max s’associe à Furiosa.

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