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IQ40 – Fourty Years of Prog Nonsense
4.0Note Finale

Voici donc quarante ans que IQ porte sans faillir la cause du mouvement néo-progressif. Plus sombre et offrant une amplitude musicale plus large que ses pairs, avec des passages parfois très heavy (ainsi que l’illustre déjà en 1985 la puissance du titre “The Wake“), le groupe anglais peut être réellement fier de sa contribution au regard de ses douze albums studio, dont le dernier en date Resistance nous avait une fois de plus réellement enthousiasmé.

IQ, qui s’est taillé la réputation d’un groupe aux prestations live très qualitatives, célèbre désormais chaque décennie avec un enregistrement live, intégré dans l’Archive Collection, sorte de bootleg officiel. Pour ses quarante ans, le groupe nous offre ici la fidèle retranscription du concert du 16 septembre 2022 à Barcelone. Avec pour objectif, l’espace de plus de deux heures de show, de survoler les différentes époques de sa carrière. Un exercice forcément périlleux au regard du choix pléthorique de compositions (avec le risque de forcément faire des malheureux) mais réussi au travers des quatorze titres sélectionnés pour ce concert, puisque venant puiser dans presque toutes les périodes du groupe, à l’exception uniquement des albums Dark Matter et Tales from the Lush Attic. Une set list rodée, avec quelques minimes variations, tout au long de 2022.

Le concert débute de manière très dynamique sur une version sur-vitaminée de “Darkest Hour“, devenu un incontournable live, extrait de Ever, ce chef-d’œuvre traversé d’ombre, de lumière et de grâce, et qui marquait le grand retour de Peter Nicholls en 1993. Un titre magnifique avec ce lent decrescendo final qui évoque le douloureux recueillement dans le contexte de ce double drame intime exorcisé au travers de l’album. Le groupe puise dans Ever un second extrait avec “Further Away“, une très belle surprise du haut de ses quinze minutes et un des autres multiples temps forts de ce concert. Parmi ceux-ci également,”Guiding Light“, devenu un autre habitué de la set list du groupe avec ce final d’une grande sensibilité. Et bien sûr les vingt minutes de la pièce à tiroirs “The Narrow Margin” (qui clôture admirablement le double concept album Subterranea) avec ce passage flamboyant vers les dix minutes. Les albums les plus récents sont illustrés par le heavy à souhait “A Missile” (et ses élégantes sonorités de claviers), l’héroïque “Frequency” (avec ce solo de guitare épique en introduction), le faussement calme “Stay Down“, l’indispensable “Road of Bones” et, comme en contrepoint, le mélancolique “Shallow Bay“.

Parmi les titres les plus anciens; le choix d’IQ s’est tout d’abord porté sur “It All Stops Here“, exhumé des tréfonds du passé (toute première démo du groupe en 1982) mais néanmoins souvent joué en live avec ce passage particulièrement poétique vers les sept minutes ”I can walk round you, past you, through you. Because you’re only ghosts now”. Plus curieux est le choix d’illustrer l’album The Wake au travers de la compo “Headlong” plutôt que par d’autres titres plus représentatifs comme “Outer Limits” ou tout simplement l’impérial “The Wake“. Le groupe ne fait pas l’impasse sur l’époque Paul Menel (décriée par certains) et nous invite à redécouvrir des titres rarement joués live comme “Nostalgia (Falling Apart at the Seams)“, une pièce progressive avec plusieurs développements instrumentaux qui passe très bien l’épreuve de la scène, et le morceau calibré pour la radio “No Love Lost“. Peter Nicholls s’acquitte très bien de la tâche même si la voix Menel paraît mieux convenir à la musique. Mais, à contrario, c’est aussi l’occasion de mesurer comparativement l’apport inestimable de Peter, lyriciste d’une grande sensibilité, dimension fondamentale dans la musique cérébrale proposée par IQ.

La voix au phrasé unique de Peter Nicholls, parfaitement en place, semble peu affectée par le lichen du temps. Elle s’est même bonifiée avec une richesse qui s’exprime plus que jamais dans les moments les plus calmes ou plus mélancoliques. Le chanteur, à défaut d’être très loquace, a le don de la théâtralité, interprétant sur scène avec intensité le propos de ses textes complexes et introspectifs, une dimension, hélas, bien évidemment impossible à restituer ici sur disque. C’est d’autant plus regrettable, que faute de propositions de la part des promoteurs, le groupe ne passe plus par la France depuis des années (Et hélas, le concert tant attendu Chez Paulette, près de Nancy, pour promouvoir Resistance avait été annulé dans le contexte pandémique). Parmi les autres belles surprises de ce live produit par Michael Holmes lui-même, la dynamique de la rythmique, très évidente dès “Darkest Hour” avec ces sonorités très rondes de la basse de Tim Esau, appuyées par le solide Paul Cook à la batterie (la rythmique originelle d’IQ au demeurant, réunie depuis le retour de Tim en 2011). Le claviériste Neil Durant (grand fan de Bill Evans pour l’anecdote), qui nous avait ravi sur Road of Bones et ébloui sur Resistance, démontre ici une maîtrise sans failles du répertoire du groupe. Et enfin, la tête pensante d’IQ, Michael Holmes, qui mérite amplement sa place au panthéon des six cordistes de l’univers prog rock aux côtés de messieurs Rothery, Gilmour, Latimer et Barrett, nous délivre ici une prestation magistrale.

Un voyage à rebours du temps sans fausse note dans l’univers d’IQ, le témoignage d’un groupe au sommet de son art et également, d’une certaine manière, l’entrée dans une nouvelle décennie que l’on espère tout aussi riche. “It all starts here” !

IQ – IQ40: FORTY YEARS OF PROG NONSENSE

IQ40 – Fourty Years of Prog Nonsense (2023)

Titre : IQ40 – Fourty Years of Prog Nonsense
Artiste : IQ

Date de sortie : 2023
Pays : Angleterre
Durée : 135’23
Label : Giant Electric Pea

Setlist

CD1: (67:00)
1. Intro / The Darkest Hour (11:52)
2. It All Stops Here (8:48)
3. Stay Down (8:15)
4. Frequency (8:20)
5. Shallow Bay (6:42)
6. High Waters (2:38)
7. The Narrow Margin (20:25)

CD2: (68:23)
1. A Missile (7:01)
2. Guiding Light (11:05)
3. Nostalgia / Falling Apart At The Seams (10:43)
4. The Road Of Bones (9:10)
5. Further Away (15:59)
6. No Love Lost (6:15)
7. Headlong (8:10)

Line-up

– Peter Nicholls / lead & backing vocals
– Michael Holmes / guitars
– Neil Durant / keyboards
– Tim Esau / bass, bass pedals
– Paul Cook / drums & percussion

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