Et bien voilà, c’est fait ! Le premier album en solitaire de Bruce Soord, logiquement intitulé Solo, va enfin secouer les bacs (virtuels ou non) des disquaires. Après avoir mené, depuis plus de 15 ans, la barque de sa formation The Pineapple Thief et tenté un duo remarqué (et remarquable) avec Jonas Renske (Wisdom of Crowds), notre ami se lance finalement à découvert, sur un nouveau terrain, tout en préservant l’essentiel : son univers. Cette somme de toutes les peurs s’avère subtile, légère et pour tout dire bouleversante. La production oscille entre minimalisme piano/voix et acoustique échevelé même s’il s’autorise une petite virée de pop-rock enthousiasmante (« The Odds »). Une interprétation en dentelle et une voix toujours pleine d’émotions sans chiqué illuminent un spleen prégnant, superbement dépressif (« Buried Here »), jamais austère qui replace Bruce Soord à son juste rang, celui des compositeurs inspirés, inspirants, et capables de vraie poésie musicale (« Black Smoke »).
On connaît dorénavant sa recette mais elle n’a pas encore fait long feu. Songwriter jamais énigmatique malgré ses atmosphères en balance (« A Thousand Daggers »), posées à l’équilibre sur de l’autobiographique tricoté au doucereux, à la douleur, cette poignée de chansons nous fait papillonner les tripes. S’il côtoie ici le prog-rock avec parcimonie sur l’échappée belle de « Willow Tree » et les deux parties à géométrie variable de « Field Day », Bruce Soord reste avant toute chose un mélodiste hors pair et un secret encore trop bien gardé. Pourvu que ça change !
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