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Downes Braide Association - Celestial Songs
4.5TOP 2023

Doit-on encore présenter Downes Braide Association (DBA), ce duo formé en 2012, réunissant deux générations, d’une part Geoff Downes, figure emblématique de groupes comme The Buggles, Asia et Yes, et d’autre part Chris Braide, producteur et compositeur de talent, renommé pour son travail auprès d’artistes mainstream tels que Sia, Beyoncé, Lana Del Rey, Christina Aguilera ou encore David Guetta, avec également à son actif quelques efforts discographiques personnels (dont le très intéressant projet de synth-pop Hello Leo). DBA ou, en substance, l’heureuse rencontre de deux claviéristes prolifiques et artistes accomplis qui partagent plus d’univers musicaux qu’on ne pourrait le soupçonner et dont le contenu de la collaboration n’a cessé d’évoluer au fil des albums pour notre plus grand plaisir.

Le duo nous avait invités, avec Halcyon Hymnsà l’un des plus beaux voyages musicaux de 2021. Avec une envergure plus prog-rock que les précédents albums et un réel supplément d’âme. Un disque référence par excellence, empreint d’une grande nostalgie et teinté d’une grande poésie, qui avait su convoquer avec une rare authenticité les fantômes d’un passé révolu dans cette Angleterre d’un autre temps, à l’instar d’un vieil album photos exhumé des tréfonds de l’oubli, retranscrivant à merveille les sensations d’alors et en mesurant les fragments à l’aune du présent.

Avec ce cinquième album intitulé Celestial SongsDBA ne s’éloigne guère de cette formule développée au cours des dix dernières années et qui a fait sa renommée, tout en continuant à l’enrichir. Et l’on retrouve dès lors dans cette pop-prog, très accessible et accrocheuse, tous les éléments constitutifs de la marque de fabrique du groupe ; de la poésie contemporaine superbement déclamée par l’auteur Barney Ashton Bullock au chant si caractéristique, lumineux et travaillé, de Chris Braide, en passant par les élégants claviers de Geoff Downes et sans oublier la participation, une fois de plus, le temps d’un titre, de Marc Almond (Softcell). Le tout, mis en valeur pour la troisième fois par l’artwork de Roger Dean (décidément très sollicité ces derniers temps) qui, avec ces aurores boréales multicolores, touche au sublime, voire au céleste, en parfait alignement avec le titre de l’album. Et pour principale nouveauté, les interventions de l’excellentissime guitariste Dave Bainbridge (Lifesigns, The Strawbs) qui, pour sa seconde participation à DBA, abandonne cette fois la douze-cordes pour illuminer les compositions d’une multitude de solos, conférant à la musique une tonalité rock plus prononcée que de coutume et un regain d’intensité. On notera également une rythmique basse batterie (Andy Hodge et Ash Soan) qui paraît ici encore plus inspirée que de par le passé.

L’album débute en territoire connu avec la voix envoûtante de Barney, à la fois véritable conteur et chantre de la langue anglaise dans sa musicalité la plus profonde, rejoignant à sa façon la vision de Léo Ferré selon laquelle « La poésie est une clameur et doit être entendue comme la musique ». Cette nouvelle invitation au voyage en guise d’incipit est prolongée par une très belle partition de Dave Bainbridge avant que le chant de Chris Braide n’emplisse l’espace, tout en douceur, amorçant enfin réellement le premier titre “Look What You Do“, qui sonne comme une prière lancinante (« So give me time. I want it all. »). Une entrée en matière peu usuelle et qui met en relief de manière d’autant plus saisissante l’enchaînement avec le puissant “Clear Light“. Ce second titre est une des très belles réussites de cet album, dans la droite lignée des meilleurs singles du groupe, articulé autour d’un motif de guitare très lyrique qui vous prend et ne vous lâche plus, mis en exergue dès l’intro et que l’on retrouve ensuite systématiquement sur le refrain.

L’hommage aux eighties, période de forte créativité, est plus qu’évident dans Celestial Songs. Le tournoyant “Will to Power“, autre grande réussite de ce disque, semble évoquer la première partie de cette fameuse décennie avec des sonorités et un tempo qui auraient pu tout à fait figurer sur l’album Age of Plastic des Buggles. Avec de magnifiques intonations de Chris Braide, notamment sur le refrain (« There is a light in the darkest hour ») et jusqu’à un troublant intermède (“I’m running towards the light. The light of your love. I’m pushing away the past. Sometimes it catches up”). La composition “Keep on Moving“ nous renvoie quant à elle à la seconde partie de cette décennie avec une fraîcheur, une innocence et un ton pastoral qui nous rappellent l’héritage pop-prog de It Bites. Et pour cause, ce n’est autre que Francis Dunnery qui a co-composé ce titre. Un regard porté sur des souvenirs de jeunesse et notamment ces promesses que l’on a pu se faire avec une certaine naïveté, oubliant que la vie nous fait parfois prendre d’autres chemins, séparant ainsi ceux qui s’aiment. Quelques regrets et l’envie de revenir parcourir le lieu de nos premiers émois sans pour autant sombrer dans le pathos. Un titre qui aurait tout à fait trouvé sa place sur Halcyon Hymns, même si les cheminées des usines évoquent plus le nord de l’Angleterre que les sculpturales côtes du Dorset. A noter que le très agréable solo de Geoff Downes colore de manière plus prog ce morceau, renforçant la filiation avec It Bites. Enfin, la présence de l’incontournable égérie new wave des 80’s, Marc Almond,  sur le titre “Darker Side of Fame“, en duo avec Chris Braide, contribue également à ce sentiment d’un plongeon à rebours du temps. Un titre illustrant l’envers du décor pour l’artiste, loin des feux de la rampe, dont le couplet chanté par Marc Almond est la partie du texte la plus intéressante. Et l’on retrouve cette belle émotion dans sa voix même si rien n’égale à ce jour son intervention poignante sur “Warm Summer Days“ de Halcyon Hymns.

Ce nouvel album offre un mix de titres très courts au format très ramassé (dont le minimaliste mais tout en sensibilité, “Hey Kid“, au texte très ironique) et de compositions plus étoffées, voire plus élaborées. Parmi celles-ci, le mid-tempo intimiste “Heart Shaped Hole“, mélancolique à souhait, évoquant cette solitude de l’artiste dans sa loge ou dans sa chambre d’hôtel (« Away from the circus of selling your soul. »), un titre agrémenté d’un long solo enflammé de Dave Bainbridge de plus de 3 minutes. Et également le très émouvant “Goodbye to You (Sister Shame)“ porté par de magnifiques harmonies, quasi-sixties. Mais c’est assurément le titre “Beyond the stars“, aux aspirations plus prog, qui retient le plus l’attention et clôture admirablement l’album sur une belle note d’espoir. Célébrant le moment présent face à la fragilité de la vie, nous invitant à nous détacher du passé pour profiter pleinement de chaque minute de ce fugace présent, en l’absence de toute certitude quant à ce qui nous attend au-delà de l’existence terrestre, au-delà des étoiles. Une fin très méditative et aérienne avec cette sensation d’évoluer aux confins d’un espace céleste avant que la poésie de Barney ne vienne parachever l’œuvre en toute beauté comme l’artiste avait su le faire avec “Remembrance“.

La frontière demeure une fois de plus subtilement ténue entre pop, rock et prog tout au long de ce nouvel album de DBA, indépendamment d’une orientation rock peut-être plus accentuée cette fois-ci. L’album, moins immédiat que les deux précédents, requiert plusieurs écoutes pour en percevoir toute la finesse et la profondeur. Mais c’est bien peu demander au regard des émotions prodiguées in fine.

 

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DOWNES BRAIDE ASSOCIATION – CELESTIAL SONGS

Celestial Songs - Downes Braide Association (2023)

Titre : Celestial Songs
Artiste : Downes Braide Association

Date de sortie : 2023
Pays : Angleterre
Durée : –
Label : DBA Records

Setlist

1 Look What you Do
2 Clear Light
3 Keep on Moving
4 Darker Side of Fame
5 Hey Kid
6 Will to Power
7 Heart Shaped Hole
8 Dear Petra
9 On the Run
10 Goodbye to You (Sister Shame)
11 Beyond the Stars

Line-up

– Chris Braide / lead vocals
– Geoff Downes / keyboards, vocals
– Dave Bainbridge / guitars
– Ash Soan / drums
– Andy Hodge / bass

With:
– Marc Almond / vocals (4)

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