Dave Bainbridge – To The Far Away

Une grosse année après la sortie du monumental coffret reprenant l’œuvre complète de Iona, son fondateur, Dave Bainbridge confirme son retour sur le devant de la scène : membre des vénérables Strawbs et de Lifesigns depuis 2017, participation au dernier Karibow, le multi-instrumentiste sort en novembre 2021 son 4^ème album solo.

La parenthèse de l’album piano-jazz, où Bainbridge écœurant de classe démontrait qu’il excellait autant au piano qu’à la guitare, est refermée (The Remembering en 2016) et To The Far Away nous ramène aux racines prog-celtiques chères à l’artiste britannique. En effet, qu’on ne s’y trompe pas, les compositions ici sont dans la veine et de la trempe des meilleurs albums de Iona. Même voix féminine cristalline (Sally Minnear), même sensation à l’écoute de musique presque surnaturelle, entre spiritualité et orchestrations classique, avec un groupe de grande classe pour accompagner le tout. Si Bainbridge lui-même assure avec sa classe et virtuosité habituelle les guitares et les claviers il est secondé par une équipe de haut niveau : Iain Hornal (10cc, ELO) au chant, Jon Poole (Lifesigns) à la basse, Frank van Essen (Iona) à la batterie et l’inévitable Troy Donocley (Iona, Nightwish) omniprésent aux high & low whistles (flûtes irlandaises), uilleann pipes (cornemuse) appuyé par des anciens de Iona (Nigel Cameron, Julie Cameron et Martin Nolan) aux whistles et violons. Bref il y a du monde et la texture, la profondeur, organique, de la musique s’en ressent. Comme bien d’autres, l’album a été inspiré à Bainbridge par la COVID et la séparation forcée d’avec sa compagne (américaine) liée aux confinement et interdiction de voyager.  Le résultat est exposé dans cet album, long de plus d’une heure, majoritairement instrumental et orchestral, ou le progressif aérien du jeu de Bainbridge s’entremêle au folklore celtique, c’est parfois lyrique, toujours inspiré et expressif.  Pour soutenir son travail sur les mélodies, Bainbridge peut compter sur une rythmique sans faille : le jeu de Van Essen derrière les fûts est raffiné, imaginatif et en même temps puissant et subtil à la fois. Avec Jon Poole en appui, la section rythmique est remarquable (le final de “Girl And The Magical Sky“, “Ghost Light“, la section centrale de “To The Far Away“). L’album comporte quelques morceaux de bravoures : si “Rain And Sun” lorgne clairement sur les atmosphères d’Ommadawn d’Oldfield, le long “Ghost Light” nous fait voyager de passages contemplatifs en moments plus floydiens, tout en traversant des paysages de progressif pastoral autant que très rock ou carrément classiques. Superbe. En parlant de classique, des moments comme “Infinitude” sont littéralement de véritables mouvements de musique classique. En parallèle, puisqu’on l’a évoqué dès le début, l’influence celtique, véritable ADN de Bainbridge, sous-tend tout l’album : “Sea Gazer“, “To Gain The Ocean“, “To The Far Away” ou “Fells Point” mixent comme Iona savait si bien le faire le progressif symphonique avec les traditions celtiques, rythmes traditionnels, dialogues flutes/cornemuse d’un côté, guitares électriques, basse de l’autre, cette musique nous transporte.

Ce disque est superbe, hors du temps, et très moderne en même temps. Surtout Dave Bainbridge est un artiste trop discret qui est loin d’avoir une renommée à la hauteur de son talent, tant de compositeur que d’interprète. Celestial Fire en 2014 était déjà réussi, To The Far Away est un cran au-dessus. Magique.

DAVE BAINBRIDGE – TO THE FAR AWAY

Titre : To The Far Away
Artiste : Dave Bainbridge

Date de sortie : 2021
Pays : Angleterre
Durée : 71’22
Label : Open Sky Records