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Rogue One: A Star Wars Story
4.0Note Finale

Retour vers le futur. Dans la série spin off (comprendre film dérivé d’un concept initial), Rogue One: A Star Wars Story est le premier jalon, non pas d’une nouvelle saga, mais bien d’une collection de films situés dans l’univers étendu Star Wars. Réalisé par Gareth Edwards (à qui l’on doit l’intrigant Monsters en 2010 et le très oubliable Godzilla en 2014), Rogue One situe l’action tout juste avant l’Épisode IV : « Un nouvel espoir ». Et d’espoir il est question tout au long de ces deux heures et quart de spectacle. Le mot est lâché périodiquement, presque scrupuleusement, pour mieux replacer l’action dans la continuité temporelle de la mythologie fondée il y a quarante ans par Georges Lucas. Et de l’espoir il en faut. Pour resituer les choses, voici donc l’épisode qui nous expliquera par le menu comment la fameuse Étoile Noire (traduire Lune de destruction massive) fût créée et de quelles façons ses plans seront dérobés puis transmis à la Princesse Leïa Organa. Celle-là même qui les cachera dans R2D2 au début du fameux épisode IV avant qu’ils ne soient découverts par un certain Luke Skywalker. Badaboum ! La légende est en marche.

Mission suicide, mélange de Il faut Sauver le Soldat Ryan, Les Sept Samouraï et même La Chute du Faucon Noir (mais pas Millenium) dans les étoiles, Rogue One est un film de guerre. Un vrai. La psychologie des personnages est ripolinée, polie au maximum. Les archétypes sont là. Solides. De l’héroïne sale gosse (désormais une mode hollywodienne et pas seulement due à la franchise) au compagnon de route taciturne, un poil menteur et mauvais garçon (Han Solo n’est pas loin), du combattant aveugle, extrait de Zatoichi féru de Force (coucou le marché asiatique), au pilote déserteur en passant par K-2SO, le nouveau robot estampillé, venu des troupes de l’Empire et reprogrammé pour mieux servir les Rebelles, arme à la main. Une nouveauté jusqu’à Saw Gerrera, cousin éloigné du Colonel Kurtz (Forest Withaker, imposant), mentor attitré qui annoncera à notre héroïne le long chemin à parcourir, avant de la convaincre de franchir le pas dans la direction des Rebelles. Il faut dire que le personnage de Jyn Erso (Felicity Jones, impeccable) trimballe un pathos tourmenté : une mère assassinée et un paternel à l’origine de l’arme la plus destructrice et meurtrière de la galaxie (quand même)… En face, Orson Krennic s’avère une espèce de chef facho cruel et sans remords, prêt à tout pour imposer son empreinte auprès de ses supérieurs, Dark Vador en tête.

Tout ce petit monde se trimballe donc de planètes en planètes, confrontés à des défis de plus en plus grands, sur fond d’enjeu fondamental. Plastiquement splendide, le film marche sur un fil tendu et compliqué : pouvoir faire tenir un faux suspense sur les épaules de ses personnages et comédiens. En cela, sa méthode ne révolutionne en rien la narration classique du film de guerre mais chamboule sérieusement les codes de Star Wars. Une frontière entre le bien et le mal plus floue, un paradigme de mise en scène qui se veut moins classique que les versions de Lucas et J.J. Abrams, caméra portée, sans faire non plus du Paul Greengrass (Jason Bourne écrit par Tony Gilroy, scénariste ici). Cette volonté de placer le spectateur au cœur d’une action ample et de morceaux de bravoure ciselés permet au film de retendre une histoire qui se relâche parfois au gré de monologues trop explicatifs et insistants. Longuet également, ce premier acte déstabilisant (surtout pour les non-initiés) nous envoie d’un point à l’autre de la Galaxie pour nous présenter les protagonistes. Mais au-delà de ces petits défauts liés aux nombreux reshoots et à des soucis de production, notamment le départ inopiné du compositeur Alexandre Desplat remplacé au dernier moment par Michael Giacchino, il faut avouer que le scénario de Rogue One tient plutôt solidement la route et, surtout, reste parfaitement cohérent avec le reste de la saga. La plus grande surprise provient évidemment de cet aspect sombre, cette vision inéluctable du fatum. Une philosophie du sacrifice poussée à son paroxysme de façon presque poétique…

Malgré ses héros trop superficiels (mais comment succéder aux précédents), l’écriture offre une suite d’événements qui ne reculent jamais devant le destin. Le résultat offre un blockbuster puissant, un film intense, qui ne s’alourdi pas des artefacts cultes de la saga originale (pas de générique type, les thèmes de John Williams quasiment inexistants). Surtout, Rogue One rappelle que la noirceur et le tragique n’ont jamais empêché de rebondir, même au milieu d’un déluge d’effets spéciaux furibards. Au-delà de sa simple réussite, le film apporte un sursaut salutaire dans la pénombre du mythe. Un mouvement entamé par l’Épisode VII que l’épisode VIII devra achever de transformer. Hâte.

ROGUE ONE: A STAR WARS STORY de GARETH EDWARDS

Rogue One: A Star Wars Story (2016)

Titre : Rogue One: A Star Wars Story
Titre original : Rogue One: A Star Wars Story

Réalisé par : Gareth Edwards
Avec : Felicity Jones, Diego Luna, Mads Mikkelsen, Forest Whitaker…

Année de sortie : 2016
Durée : 133 minutes

Scénario : Chris Weitz, Tony Gilroy
Montage :  Jabez Olssen, Elliot Graham
Image : Greig Fraser
Musique :  Michael Giacchino
Décors : Doug Chiang, Neil Lamont

Nationalité : États-Unis
Genre : Drame / Biopic
Format : couleur – 35 mm – 2,35:1 – Dolby Digital

Synopsis : Situé entre les épisodes III et IV de la saga Star Wars, le film nous entraîne aux côtés d’individus ordinaires qui, pour rester fidèles à leurs valeurs, vont tenter l’impossible au péril de leur vie. Ils n’avaient pas prévu de devenir des héros, mais dans une époque de plus en plus sombre, ils vont devoir dérober les plans de l’Étoile de la Mort, l’arme de destruction ultime de l’Empire…

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