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PETER GABRIEL – I/O TOUR
Accor Arena – 23 mai 2023

Cela faisait pratiquement 10 ans que Peter Gabriel n’avait pas joué en France. Une paille diront certains. Et plus de 20 ans, depuis le très sombre UP, qu’il n’avait pas dégainé de nouvel album – comprendre “qui ne soit pas des reprises”. Si ce dernier, arlésienne émérite, intitulé I/O (traduire « input / output ») n’est pas attendu dans sa complétude avant la fin de l’année – l’ami publiant un titre à chaque nouvelle Lune – sa tournée aura donc pris la poudre d’escampette début mai pour atterrir à Paris, devant un parterre de fans curieux, impatients et forcément conquis d’avance tant chacun connaît la capacité du musicien de pouvoir dépasser la simple prestation live pour livrer un pur spectacle, aussi bien musical que visuel. Et transformer l’histoire en expérience sensorielle. Rien que ça.

En attendant le début des festivités, des techniciens en combinaison orange ajustent les derniers préparatifs tandis que l’image d’une horloge trône au dessus de la scène. Il est 20h10 quand le compositeur entre seul, sur scène, lui aussi habillé de cette fameuse combinaison orange et affublé d’une casquette. Incognito. S’ensuivent applaudissements et discours d’occasion avec quelques traits d’humour sur fond de faux avatar, de quelques kilos en trop et de cheveux en moins, avant de se faire plus grave sur l’urgence climatique. Le temps d’allumer un feu de camp (virtuel évidemment) sur l’avant scène, l’horloge se mue en Lune pour éclairer les musiciens qui viennent s’installer en demi-cercle afin d’accompagner leur ami sur deux morceaux intimistes (« Washing of the Water », « Growing Up ») arrangés en acoustique pour l’occasion. Simple. Chaleureux. L’introduction embarque les spectateurs. Le show peut dès lors prendre son envol avec un enchaînement de nouveaux titres (« Panopticom », « Four Kinds of Horses », « I/O ») mis en valeur par une splendide scénographie à base de jeu d’écrans imaginés par différents artistes comme Barthélémy Toguo et Annette Messager. Si Peter Gabriel paraît parfois un peu emprunté sur ces nouveautés, laissant le public moins réactif, ce dernier sort de sa réserve dès le tonitruant « Digging in the Dirt », carabiné de saturations et de jeux de lumière. La salle est chauffée à blanc et si la tension retombe légèrement sur « Olive Tree » et « This is Home », une version débridée de « Sledgehammer » vient remettre du combustible juste avant la pause.

A ce stade, il y a ce sentiment d’un spectacle visuellement puissant, grisant mais plus inégal musicalement. Le choix d’interpréter onze nouveaux titres est courageux et si le son reste excellent pour une salle de cette capacité, une habitude pour Peter Gabriel, on sent que le show mérite d’être rôdé et ces chansons mieux digérées.

Pas le temps de cogiter. 20 minutes plus tard, la salle replonge dans les ténèbres d’un « Darkness » furibard, enveloppé par un magnifique jeu de peinture virtuelle, offrant une forme de poésie surréaliste entre deux déflagrations soniques. Scotché. Le show peut dès-lors passer la surmultiplié. Et nous voici embarqués entre nouveautés (« Love Can Heal », « Road to Joy », « The Court », « On Still », « Live and Let Live »), classiques absolus extraits du chef d’œuvre SO – « Don’t Give Up » (en duo avec la violoncelliste Ayanna Witter-Johnson), « Red Rain », « Big Time », « In Your Eyes » – mais aussi le monument « Solsburry Hill » et l’incontournable « Biko », hommage à Steven Biko, militant noir sud-africain assassiné pendant l’apartheid. La scène baigne dans un rouge flamboyant devant un parterre poing levé. Les dernières notes s’envolent. Retour sur terre.

A 73 ans, Peter Gabriel aura offert près de trois heures d’un spectacle vivant, ébouriffant, ponctué de quelques flottements mais emporté par la sincérité. Entouré de ses fidèles comparses (Tony Levin, Manu Katché, David Rhodes) et de nouveaux venus (Don-E, Richard Evans, Marina Moore, Josh Shpak), il perpétue une fois encore la tradition d’une émotion juste, toujours palpable. Le temps suspendu.

Setlist

Set 1
Washing of the Water (acoustic version)
Growing Up (acoustic version)
Panopticom
Four Kinds of Horses
i/o
Digging in the Dirt
Playing for Time
Olive Tree
This Is Home
Sledgehammer

Set 2:
Darkness
Love Can Heal
Road to Joy
Don’t Give Up
The Court
Red Rain
And Still
Big Time
Live and Let Live
Solsbury Hill

Encore:
In Your Eyes

Encore 2:
Biko

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