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Peter Gabriel - So
5.0Note Finale

Malgré des débuts impeccables mais un poil à la traîne de ses ex de Genesis qui commençaient, eux, à sérieusement remplir les stades, on ne pouvait guère associer le nom de Peter Gabriel au concept de succès planétaire garanti clé en main. Sa dernière tournée peinturlurée immortalisée sur l’excellent Plays Live (1983) marquera pourtant une première rupture, entérinée par le film Birdy de Alan Parker (1984) pour lequel il réarrangera quelques compositions en guise de soundtrack. Une respiration de courte durée. En repartant au charbon à la Ashcombe House (au nord-est de Bath) avec Daniel Lanois, le guitariste David Rhodes et une palanquée de rythmes et de textures samplées sous le bras et dans ses ordinateurs derniers cris, Peter Gabriel vise la réunion improbable de chansons pop, accessibles, d’une maniaquerie maladive dans le souci du détail, avec des compositions moins évidentes aux ambiances parfois anxiogènes. Opposé à donner un titre à ses quatre premiers albums, le compositeur se persuade du minimaliste et dépouillé « So ». Avec son visage plein pot sur la pochette, photographié par Trevor Key que les amateurs de Tubular Bells (de Mike Oldfield évidemment) connaissent bien pour avoir capté en leur temps les fameuses « cloches », le chanteur donne le ton et envoie valdinguer une liste de morceaux qui s’imposeront comme le plus parfait exemple de pop-progressive très haut-de-gamme. Galvanisé par ses expériences musicales internationales (notamment africaines) et ses multiples collaborations, le  chanteur peaufine ses titres au fil d’une production somptueuse qui enfoncera sans mal le son de ses confrères achevés par la ringardise ambiante des années 80. Mais quelques oreilles se respectaient encore et dans sa mission d’accomplir l’impossible, Peter Gabriel jouera les morts de faim kamikaze.

Fusion des genres. Si les précédents albums souffraient parfois de petites fringales, chaque morceau trouve ici sa place : la rythmique envoûtante de Tony Levin et Manu Katché sur « Red Rain » où le chant éraillé se fait bouleversant, le très soul second degré de « Sledgehammer », l’artillerie plus lourde de « Big Time », le métaphysique « Here That Voice Again », la délicatesse à couper le souffle de « Mercy Street » et l’angélique duo avec Kate Bush sur le très politique « Don’t Give Up », déchirante chanson sur les ravages du chômage. N’en jetez plus ! L’album enchaîne les hits. Cinq singles en seront extraits et chaque titre semblent exploser ses propres frontières pour mieux se laisser partager comme le festif « In Your Eyes », symbole de la création du label Real World et mise sur orbite internationale de Youssou n’Dour. Preuve de l’engagement sans faille de l’homme et du musicien, « We Do What We’re Told (Milgram’s 37) » se réfère quant à lui à une variante de l’expérience réalisée par le psychologue Stanley Milgram, qui visait à estimer à quel niveau d’obéissance pouvait aller un individu. La portée actuelle d’un tel titre fait toujours froid dans le dos. Artiste complet, Peter Gabriel achèvera son grand œuvre avec toute une volée de vidéos épatantes dont la plus connue reste « Sledgehammer » en collaboration avec les studios Aardman, futurs auteurs oscarisés de Wallace & Gromit.

Succès mondial mérité, Peter Gabriel gagnait ici ses galons de popstar sans se contredire ni produire quoi que ce soit de bassement sous étiqueté. En allant même jusqu’à élargir son spectre sonore sur l’étonnant duo avec Laurie AndersonThis is the Picture »), So réussit à concilier l’inconciliable et devint une référence qui défie aujourd’hui encore les lois du vieillissement. La magie opère toujours.  Preuve en est qu’au-delà de l’immense succès qu’il rencontra avec plus de 7 millions d’exemplaires écoulés à sa sortie, la tournée « Back to the Front »  qui reprendra par le menu l’intégralité de l’album pour en célébrer le quart de siècle affichera complet. Pour faire court : nous voici bien devant un chef d’œuvre intemporel.

PETER GABRIEL – SO

Peter Gabriel - So (1986)

Titre : SO
Artiste : Peter Gabriel

Date de sortie : 1986
Pays : Angleterre
Durée : 46’23
Label : Geffen

Setlist

1. Red Rain (5:39)
2. Sledgehammer (5:16)
3. Don’t Give Up (6:33)
4. That Voice Again (4:53)
5. In Your Eyes (5:30)
6. Mercy Street (for Anne Sexton) (6:21)
7. Big Time (success) (4:29)
8. We Do What We’re Told (milgram’s 37) (3:22)
Bonus track on CD and K7
9. This Is The Picture (excellent birds) (4:18)

Line-up

– Peter Gabriel / lead vocal, piano, keyboards, synthesizers, percussion etc… (All)
– Jerry Marotta / drums (1), drumstick bass (7)
– Chris Hughes / Linn programming (1)
– Stewart Copeland / Hi-hat (1), drums (7)
– Tony Levin / bass (1-5), drumstick bass (7)
– David Rhodes / guitar (1-5, 7-8), background vocals (1& 5)
– Daniel Lanois / guitar (1-2 & 4), tambourine (2), Surf guitar (7), 12-string guitar (9)
– Manu Katché / drums (2-5), percussion (3-5), talking drums (5 & 9)
– Wayne Jackson / trumpet (2 & 7), cornet (7)
– Mark Rivera / saxophone (2)
– Don Mikkelsen / trombone (2 & 7)
– P.P. Arnold, Coral Gordon, Dee Lewis / background vocals (2 & 7)
– Richard Tee / piano (3, 5-6)
– Simon Clark / Chorus CS80 (3), Hammond, CMI, bass (7)
– Kate Bush / guest vocal (3)
– L. Shankar / violin (4 & 8)
– Jerry Marotta / additional drums (5), drums (8)
– Larry Klein / bass (5-6)
– Youssou N’Dour / guest vocal (5)
– Michael Been, Jim Kerr / background vocals (5)
– Ronnie Bright / bass vocals (5)
– Djalma Correa / Surdu, congas, triangle (6)
– Mark Rivera / Processed saxophone (6), Alto, Tenor and Baritone saxophones (7)
– Jimmy Bralower / Linn kick (7)
– Laurie Anderson / voice (9)
– Bill Laswell / bass (9)
– Nile Rodgers / guitar (9)

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