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Le sens de la fête
4.0Note Finale

Pendant les années 70, la comédie française balançait entre Gérard Oury, Claude Zidi et Yves Robert. Aujourd’hui, s’il est possible de considérer Danyboon comme le successeur déparé du premier, la bande à Philippe Lacheau comme les suiveurs potaches du second, il semble de plus en plus évident que le duo Eric Toledano et Olivier Nakache marche quant à lui sur les traces du troisième et notamment dans la catégorie, complexe, du « film choral ». Le genre aura par ailleurs poussé pas mal de réalisateurs à tourner autour du pot de confiture (Claude Leclouch) quand d’autres (Robert Altman, Paul Thomas Anderson) écuisseront ce tronc narratif avec quelques chefs d’œuvres estampillés (Nashville, Short Cuts).

Soit. Après le torpide Samba (2014) au ton plus grave mais engoncé par un discours social trop empesé, le duo le plus haut perché – 20 millions de spectateurs pour Intouchables (2009) – du cinéma hexagonal revient avec un sixième long métrage appuyé sur une construction à tiroirs et une galerie de personnages toujours croqués de façon à n’en laisser aucun hors champ.

Cet art de malaxer les archétypes permet au film de jouer avec les clichés en restant constamment du bon côté de la balance. Jamais trop appuyé, ni trop démonstratif dans les rouages proposés, qui n’inventent rien mais recyclent intelligemment, Le Sens de la Fête (initialement intitulé « Les Temps Difficiles ») se paye le luxe d’une illustration festive de la société actuelle avec un rythme épatant, le tout irrigué par une intrigue appliquée à jouer au maximum de l’unité de temps, d’espace et de lieu.

Imaginé comme un antidote aux attentats de 2015, le script se déploie autour de l’organisation d’un mariage qui part inévitablement en sucette. De quoi alimenter une machinerie bien huilée, nourrie de situations désopilantes, de dialogues au millimètre, sans concetti, et de scènes enchaînées rapido qui tintinnabulent. Écrit exclusivement pour Jean-Pierre Bacri (qui en profitera pour poser sa patte de scénariste), ce dernier livre une partition impeccable de super bougon grognon chafouin.

Des règlements de compte familiaux, un marié mégalo (Benjamin Lavernhe), des serveurs sans papiers, un photographe (Jean-Paul Rouve) pique assiette au bec salé et harceleur de stagiaire, un chanteur has been (Gilles Lelouch), des embrouilles, quelques ennuis de dernière minute, une histoire d’amour en suspens… le film ne se veut jamais acide ni fondamentalement méchant, c’est aussi sa limite. Quand la folie débridée de l’humour anglais aurait immanquablement déboulonné les choses pour en faire le tableau d’une exposition acidifiée au vitriol, Le Sens de la Fête reste dans sa mécanique des fluides au fil d’un bal de bras cassés où tout sonne juste. L’inspiration d’Eric Toledano et Olivier Nakache tient autant à « Un Mariage » de Robert Altman que « Garçon ! » de Claude Sautet, avec cette obsession constante de la phrase adéquate et du geste juste pour aboutir au tempo idéal, sans jamais tomber dans une forme théâtrale hyaline. De la sincérité, du rocambolesque, des bons sentiments sans trop en faire, la gourmandise du bon mot au bon moment. Le buffet est réjouissant.

LE SENS DE LA FÊTE de ÉRIC TOLEDANO & OLIVIER NAKACHE

Le sens de la fête - Eric Toledano & Olivier Nakache (2017)

Titre : Le Sens de la fête
Réalisé par : Éric Toledano & Olivier Nakache
Avec : Jean-Pierre Bacri, Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, Eye Haïdara…

Année de sortie : 2017
Durée : 117 minutes

Scénario : Éric Toledano, Olivier Nakache
Montage : Dorian Rigal-Ansous
Image : David Chizallet
Musique : Avishai Cohen
Nationalité : France
Genre : Comédie

Synopsis : Max est traiteur depuis trente ans. Des fêtes il en a organisé des centaines, il est même un peu au bout du parcours. Aujourd’hui c’est un sublime mariage dans un château du 17ème siècle, un de plus, celui de Pierre et Héléna. Comme d’habitude, Max a tout coordonné : il a recruté sa brigade de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs, il a conseillé un photographe, réservé l’orchestre, arrangé la décoration florale, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie… Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d’émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos. Des préparatifs jusqu’à l’aube, nous allons vivre les coulisses de cette soirée à travers le regard de ceux qui travaillent et qui devront compter sur leur unique qualité commune : Le sens de la fête…

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