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Marillion - F E A R
4.3TOP 2016

Avec dix-huit albums dans la besace, le train de Marillion fonce à pleine allure, alimenté par cette indéfectible envie de poursuivre l’aventure. Après trente cinq années bien tassées, les anglais naviguent désormais sur des eaux tempétueuses, mais totalement maîtrisées, qui lui font ressasser le passé sans se passer du reste. Et regarder devant.

Grands perfectionnistes devant l’éternel, les musiciens ont une nouvelle fois enregistré aux Real World Studios (ceux de Peter Gabriel), à coup de jam sessions créatives, parfois nocturnes, histoire de donner de la chair à l’atmosphère ambiante. Et c’est précisément là que Steve « H » Hogarth sera parvenu à enrober les fruits d’une gamberge prémonitoire écrite il y a déjà trois ans. Avec la volonté de ne faire aucun compromis mainstream, le propos se fait libre, sans entraves. Comme le suggère « Living in Fear », il n’y a plus de temps à perdre. Qui sait combien d’albums restent à faire ? Ne faut-il pas travailler les choses comme un ultime souffle, un testament musical aussi achevé et honnête que possible ? La réponse se trouve peut-être dans les quatre lettres acronymiques du titre.

Quand beaucoup de vieux groupes s’endorment et se chloroforment nonchalamment plutôt que de se transformer, se réinventer, nos amis se lancent ici dans une collection de cinq titres dont trois franchissent, sans mégoter, la barre du quart d’heure ! Les textes claquent autour d’une musique qui recycle intelligemment le son typique du quintet quand les thèmes abordés, eux, ne rigolent pas : corruption, solitude, finance, perte des valeurs, vieillesse, abandon… le tableau n’a rien de très réjouissant mais FEAR ne se complait jamais dans une quelconque forme de dépression glauque. La mélancolie, le spleen, le désarroi jouent à plein sans sombrer pour autant dans le pur pathos psychédélique.

« What happens to the colors ? » (White Paper)

En continuant de creuser certaines obsessions personnelles comme la vie sur la route, loin de chez soi (« The Leavers »), Marillion entérine ce qu’ils avaient commencé avec « Montreal » et « Gaza » dans le turbulent Sounds That Can’t Be Made (2013). Investis politiquement, le groupe quitte son confort et y va franco. Mais caler toute cette narration au fil d’une bande originale pétrie de brusques changements de rythmes pourra déstabiliser à la première écoute…

Il faut le dire, FEAR n’est pas un album aimable. Comme l’acronyme de son titre (Fuck Everyone and Run en guise de sentence symbolique), il ne caresse pas vraiment dans le sens du poil. Si l’héritage du passé est là (Brave diront certains), l’album s’évertue à jouer sur les détails, à communier avec ses élans prometteurs pour mieux les interrompre, laissant entrevoir un lyrisme en apesanteur dont on souhaite le retour au plus vite (« White Paper »). Et cette façon d’enrober le pathos émotionnel finit par intriguer, fasciner même dans cette capacité à laisser percer la lumière dans la grisaille des histoires contées (« El Dorado »). C’est ici que le disque atteint toutes ses cibles. Les fidèles du groupe comprendront que Marillion se moque bien du reste. De la gloriole et de ses mirages.

Voici une musique jouée cartes sur table avec des musiciens au diapason (mention à la basse luxuriante de Pete Trevawas et à la subtilité de Steve Rothery), un chant habité, totalement inspiré par des textes ciselés, le tout enrobé d’une production brillante… l’affaire s’avère passionnante. FEAR peut alors diffuser son venin (« We Are the New Kings ») tel un poison lent qui nous emporte par cette habileté à composer des chansons spectrales, d’une grâce lumineuse, ombrée de regards sans complaisance sur le monde d’aujourd’hui. En faisant le pari de s’effacer totalement derrière son propos, au point de ne pas être mentionné sur la pochette, Marillion parvient à tordre son univers et livre une grande œuvre désabusée, d’une extrême délicatesse. Comme un nouveau métabolisme.

ENGLISH VERSION

Despite eighteen albums in the bag, Marillion is launched at full speed, powered by the unwavering desire to continue the adventure. After thirty-five years, the band is now sailing on stormy waters, but fully controlled. And look ahead.

Great perfectionists, the musicians have once again recorded at Real World Studios. Many jam sessions, sometimes at night to give flesh to the ambient atmosphere. With the desire to make no compromise, the purpose stays free. As the song “Living in Fear”, there is no time to lose. And so, who knows how many albums are still left? Should we not work things out as a last breath, a musical testament as complete and honest as possible? Perhaps the answer is in the four letters of the title.

When many old bands are asleep rather than transforming or reinventing themselves, our friends are still here (without any “fear”) with a collection of five songs including three long ones crossing the fifteen minutes. The texts slam around music which intelligently recycles the typical sound of the quintet. But the words are tough: corruption, loneliness, loss of values, abandonment… the picture is not very pleasing but, like a brilliant paradox, FEAR is never a gloomy depression. Melancholy, spleen, confusion are still here but the album doesn’t fall into pure pathos.

By continuing to deal with personal obsessions like the life on the road, far away from home (“The Leavers”), Marillion confirms what they started with “Montreal” and  “Gaza” from the turbulent Sounds That Can not Be Made (2013). Invested politically, the group leaves its usual comfort zone. But all this narration over what we could consider like a great soundtrack could destabilize at first listen.

It must be said, FEAR (what a very symbolic title) is so honest, so right that it is not immediately enjoyable. It is a master work that deserves! If the legacy of the past is still here, the album is playing on details, suggesting a weightless lyricism (“White Paper”). And this way of coating the emotional pathos eventually intrigue, fascinate in this ability to let pierce light in the greyness of storytelling (“El Dorado”). The fans will understand that Marillion does not care of the rest. So, all musicians are on top (mention to Pete Trevawas and Steve Rothery), the vocals are completely inspired, so emotional, with great words, and last but not least, the production is completely bright. In few words: this album is simply awesome and exciting. Like a slow poison (“We Are the New Kings”), FEAR make itself in us and proves the great talent of the band to compose spectral songs with grace without complacency about the current world. Here, Marillion manages to twist its own universe and delivers a work disillusioned, of extreme delicacy. As a new metabolism.

MARILLION – F E A R

Marillion - FEAR (2016)

Titre : F E A R (F*** Everyone And Run)
Artiste : Marillion

Date de sortie : 2016
Pays : Angleterre
Durée : –
Label : EarMusic

Setlist

1. El Dorado (I) Long-Shadowed Sun
2. El Dorado (II) The Gold
3. El Dorado (III) Demolished Lives
4. El Dorado (IV) F E A R
5. El Dorado (V) The Grandchildren of Apes
6. Living in F E A R
7. The Leavers (I) Wake Up In Music
8. The Leavers (II) The Remainers
9. The Leavers (III) Vapour Trails in the Sky
10. The Leavers (IV) The Jumble of Days
11. The Leavers (V) One Tonight
12. White Paper
13. The New Kings (I) F*** Everyone and Run
14. The New Kings (II) Russia’s Locked Doors
15. The New Kings (III) A Scary Sky
16. The New Kings (IV) Why is Nothing Ever True?
17. The Leavers (VI) Tomorrow’s New Country

Line-up

– Steve Hogarth / voice
– Steve Rothery / guitars
– Mark Kelly / keyboards
– Peter Trewavas / bass
– Ian Mosley / drums & percussion

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