Steve Hackett – The Night Siren

Entre fer et nylon, la musique de Steve Hackett ne change pas de direction sur ce vingt-cinquième album mais il confirme son intérêt croissant pour la rugosité et les tornades soniques imprévisibles. En suivant les traces laissées par Wolflight (2015), nettement plus variable dans l’énergie déployée, The Night Siren s’inscrit dans le noctambule, comme un voyage hirsute dans la froideur des aurores boréales, un cran heavy au dessus, prompt à dégainer le ferrugineux. En embrassant une vision du monde quelque peu pessimiste et blessée, le guitariste reste en terrain connu aux côtés de ses potes (Roger King, Nad Sylvan, Rob Townsend, Amanda Lehmann) mais ne s’empêche pas de convier pléthorre de musiciens internationaux pour alimenter ses atmosphères vertigineuses : Nick D’Virgilio, Troy Donockley et Malik Mansurov, entre autres, apportent leurs pattes dans ce qui ressemble une nouvelle fois à un tour d’hgorizon complet sur l’univers musical de notre ami.

En arrière plan, les thématiques de la répression, de la guerre, des réfugiés font que The Night Siren s’inscrit musicalement dans une forme de World Music sans frontière. Les accents orientaux (« Behind the Smoke »), indiens (« Martian Sea »), sud-américains (« Inca Terra ») ou celtiques s’offrent des mélanges de couleurs parfois étonnants (« Fifty Miles From the North Pole »). Mais ces riffs parfois carnassiers n’oublient pourtant pas le sens de l’orchestre qui réapparaît inopinément, comme un écho au passé encore chaud. En témoigne l’instrumentale sous adrénaline « El Nino » (on pense à Pink Floyd) avant de plonger dans cette matière brute typique de Steve Hackett qu’il malaxe dans une forme de planant inspiré. Les amateurs de ballades sur guitare classique ne sont pas oubliés (« Other Side of the Wall »), ni les véléités pop-blues qui peuvent flirter avec une forme de kitsh assez redoutable sur « Anything but Love » avant d’offrir un duel guitare/harmonica asez euphorique.

Il semblerait que cette volonté de pas cloisonner les compositions dans un style particulier tienne lieu de feuille de route. Parfois, Steve Hackett reluque clairement vers sa discographie seventies (« Inca Terra ») et trouve de quoi décanter son instrument de prédilection, largement mis en avant au fil d’un album protéiforme, virevoltant, toujours en mouvement. Plus électrique que ses précédentes productions, The Night Siren nous embarque la plupart du temps (« In Another Life ») même si l’emphase (« West to East ») et le théâtral reviennent parfois le taquiner (« In the Skeleton Gallery »). Pas de quoi ternir le tableau d’un disque qui avance tel un mirage jusqu’à « The Gift » qui joue de la mélancolie avec une redoutable efficacité.

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ENGLISH VERSION

That’s true. If the music of Steve Hackett does not change of direction on this twenty-fifth album, it confirms its growing interest for roughness and unpredictable sonic tornadoes. Following the traces left by Wolflight (2015), clearly more variable in the energy deployed, The Night Siren is part of what we could define like a noctambule journey in the coldness of an aurora borealis, with some tremendous heavy parts. By embracing a pessimistic point of view on the world, the guitarist remains on familiar ground with his friends (Roger King, Nad Sylvan, Rob Townsend, Amanda Lehmann), but also invites a plethora of international musicians to feed its vertiginous atmospheres: Nick D’Virgilio, Troy Donockley and Malik Mansurov, among others, bring their skills in a quite complete vision of its musical universe.

This time, the themes of repression, war and refugees make The Night Siren a musical inspiration in a kind of World Music without frontiers. The oriental accents (“Behind the Smoke“), indian passages (“Martian Sea“), south american moods (“Inca Terra“) or celtic sounds offer mixtures of colors sometimes astonishing (“Fifty Miles From the North Pole“). And despite some carnivorous riffs, the album do not forget the sense of the orchestra, which unexpectedly reappears like an echo of the still warm past. The instrumental under adrenaline “El Nino” (let’s think of Pink Floyd) testifies of this power before plunging into this raw material typical of Steve Hackett which he kneads in a form of inspirational music. Lovers of classical guitar ballads are not forgotten (“Other Side of the Wall“) nor the pop-blues amateurs on “Anything but Love” and its beautiful duelling between guitar and harmonica. That’s euphoric!

It seems that this desire to not enclose the compositions in a particular style is the real key of the success of this album. Sometimes, Steve Hackett clearly revisits its seventies discography (“Inca Terra“) and finds enough to decant its instrument of predilection during all this proteiform album… that’s twirling and always moving! More electric, eclectic and powerful than some of its previous productions, The Night Siren fly us most of the time (“In Another Life“) even during its more theatrical parts (“West to East“, “In the Skeleton Gallery”) or deep melancholy moods (“The Gift“). Let’s be clear: this album walks like a mirage on the subtile wire of accomplishement.

STEVE HACKETT – THE NIGHT SIREN

Titre : The Night Siren
Artiste : Steve Hackett

Date de sortie : 2015
Pays : Angleterre
Durée : 57’46
Label : Inside Out

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