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Steven Wilson - Hand. Cannot. Erase.
5.0TOP 2015

Malgré les projets, les aventures, les expériences, la mise sur orbite de la carrière solo de Steven Wilson avait eu le don d’exacerber les passions principalement parce qu’il avait enclenché un hiatus sur l’épopée Porcupine Tree, fauchée en plein vol. Dommage collatéral. Triste. Et si les deux premiers albums piochaient dans les tiroirs et les influences de King Crimson, le troisième opus The Raven That Refused to Sing (and other Stories) sonnait comme un hommage à peine déguisé au son des seventies, le tout mis en lumière par Alan Parsons en personne. Pour la suite, changement de braquet. Avec Hand. Cannot. Erase. titre énigmatique mais ô combien intrigant, Steven Wilson s’entoure une nouvelle fois d’une volée de musiciens pas vraiment manchots : Guthrie Govan, Nick Beggs, Adam Holzman, Marco Minnemann, Theo Travis… autant de promesses qu’il va se passer des choses. Avec ces gus, l’album s’enveloppe donc dans un élégant manteau de pluie sur fond de storytelling sans ambages. En prenant le cas tragiquement surréaliste, mais bien réel, de la disparition d’une jeune anglaise partie à Londres pour s’évaporer socialement et physiquement au point que personne ne se soucia de son sort plus de deux ans après sa mort, le compositeur revient sur des concepts qu’il affectionne : la solitude, l’influence néfaste des nouvelles technologies, l’aliénation d’une société détruisant l’individu. Autant de marottes abordées dans les projets déjà bien crépusculaires Fear of a Blank Planet (2007) et The Incident (2009) parus sous la houlette… Porcupine Tree,. On y revient. Et c’est sans nulle doute avec ce dernier album que Hand. Cannot. Erase entretien le plus de relations. Construit comme une œuvre complète, séparée en plusieurs chapitres mais suivant un storytelling posé, Steven Wilson ne prend plus la place du spectateur qui commente l’action, préférant le rôle plus complexe et osé de l’héroïne. Et d’accrocher, d’approcher cette sensibilité féminine, seul ou en duo avec la chanteuse israélienne Ninet Tayeb rencontré à l’occasion de ses collaborations sur le projet Blackfield porté par la star locale Aviv Geffen.

Cinématique, l’album déroule son ruban de rêve/cauchemar (choisissez votre camp). Imperturbable. Se dessine alors une musique à la fois exigeante et singulière où l’on croise des chœurs d’enfants, des vagues chaudes de solis inspirés, du frémissant, un sentiment d’urgence paradoxalement rempli de sérénité et une maturité artistique qui affiche complet. Au-delà des morceaux qui ne se veulent jamais faciles ni accessoires, Steven Wilson construit son récit musical comme une horlogerie de précision. Sur tous les fronts, il témoin une nouvelle fois d’un sens du packaging transformant un disque en objet multimédia indispensable (la version Deluxe est un régal), lance une série de clips ébouriffants (« Routine » est un joyau signé Jesse Cope) et une tournée impressionnante qui le fait encore grimper dans les charts, agrandir son public par cette capacité à livrer des titres de dix minutes ou plus au milieu de petites pépites douces-amères. Et nul besoin d’être expert de son univers musical pour deviner le spleen qui émaille les 66 minutes de l’album. Une mélancolie qui n’épargne pas le raffinement virtuose des arrangements (« Hand Cannot Erase »), les déflagrations de guitares (« Routine ») ou ces rythmiques détonantes (« Ancestral ») pour mélodies en dentelles (« Happy Return »), hirsutes (« Home Invasion »), tracassées (« 3 Years Older »), aériennes (« Perfect Life »), entrainantes (« Hand Cannot Erase »). Succès critique et public, l’album se classera en 1ere position des albums rock anglais et 39eme au billboard américain. A force d’allumer des foyers romantiques, tragiques et un peu partout, Hand. Cannot. Erase. gloutonne de la musique jusqu’aux textes comme une épiphanie de l’estampille Steven Wilson pour se métamorphoser en une forme de chef d’œuvre compilé sous stéroïdes d’une carrière déjà exemplaire. Comme une vertigineuse parenthèse temporelle.

Retrouvez l’interview avec Steven Wilson

STEVEN WILSON – HAND. CANNOT. ERASE.

Steven Wilson - Hand.Cannot.Erase (2015)

Titre : Hand.Cannot.Erase.
Artiste : Steven Wilson

Date de sortie : 2015
Pays : Angleterre
Durée : 65’44
Label : KScope

Setlist

1. First Regret (2:01)
2. 3 Years Older (10:18)
3. Hand Cannot Erase (4:13)
4. Perfect Life (4:43)
5. Routine (8:58)
6. Home Invasion (6:24)
7. Regret #9 (5:00)
8. Transience (2:43)
9. Ancestral (13:30)
10. Happy Returns (6:00)
11. Ascendant Here On.(1:54)

Line-up

– Steven Wilson / vocals, guitars, keyboards
– Guthrie Govan / lead guitar
– Nick Beggs / bass guitar
– Marco Minnemann / drums
– Adam Holzman / keyboards
– Theo Travis / saxophone, flute

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