Marillion – Happiness Is The Road

Responsable avec le spectaculaire Marbles de l’un des albums les plus hanté de la décennie précédente, Marillion revenait en 2008 avec un nouveau double album après son passage éclair sur les prairies tristounes du mi-figue, mi-raisin Somewhere Else. Ainsi soit Hapiness is the Road, un album qui parle de la vie en général sans en faire un concept à-la-manque, épais comme une feuille de papier job. Et pour mieux définir les frontières, le groupe a donc décidé de scinder son propos en deux parties, l’une assez abstraite et cohérente (Essence), l’autre plus éclatée dans son ADN (The Hard Shoulder). Que les plus méfiants se rassurent, ce qui pouvait s’avérer n’être qu’un gros gâteau plein de graisses inutiles relève d’une belle audace d’écriture, une finesse sachant suffisamment doser la nouveauté pour aller frôler le frémissement ailleurs.

On pourra donc retenir de cette première partie l’écume, splendide, de « This Train Is My Life », la profondeur mélancolique de « Wrapped Up In Time », un étonnant clin d’œil aux années 60 sur « Nothing Fills The Hole », la subtile instrumentale « Liquidity » ou la basse lumineuse de Pete Trewavas au fil d’un « A State of Mind » d’une belle justesse. Fidèle à ses habitudes, le groupe reste soudé jusqu’aux passages les moins précieux (« Essence » un poil tarabiscoté) et même si les titres proposés ne retrouvent que par endroit la puissance d’un « Invisible Man », il faut reconnaître au contrasté « Hapiness Is The Road » la vocation d’un hymne puissant, d’une figure de proue, où le chant de Steve Hogarth continuera d’en fasciner plus d’un. Aucune surprise là-dedans si ce n’est sa volonté de taquiner à loisir son falsetto comme sur le haut perché « Trap the Spark ».

La démonstration se poursuit, quant à elle, sur la seconde partie du dyptique qui ajoute un peu de fougue circonstanciée à la partition (« Thunder Fly », bourrée de contrastes). Il faudrait d’ailleurs être complètement sourdingue pour passer à côté de la pop luxueuse de « Whatever Is Wrong With You » et « Especially True », des ballades « Half the World » et « Real Tears For Sales » transfigurée en mode celtique. Doté d’une méticuleuse production signée Mike Hunter, The Hard Shoulder déroule aussi son lot de titres biscornus (« The Man From Planet Marzipan » très eighties, « Asylum Satellite #1 » assez mouvant) auxquels il manque un petit quelque chose dans la cohérence pour rejoindre ce que Marbles faisait de mieux en la matière. Défaut mineur tant ces multiples rebondissements, finalement assez ludiques, égrainés ici et là, se révèlent au fil des écoutes remplies d’un petit spleen très accueillant. Au bout de cette route cahotique, Marillion revenait à la maison.

MARILLION – HAPPINESS IS THE ROAD

Titre : Happiness Is The Road
Artiste : Marillion

Date de sortie : 2008
Pays : Angleterre
Durée : 99’48
Label : Racket Records