William Sheller – Stylus

Avec une trentaine de minutes au compteur, le treizième album de William Sheller, sept ans après Avatars (2008), taille petit et c’est son seul défaut. S’il avoue avoir eu du mal à extirper la moelle nécessaire aux onze titres proposés, notre ami s’est également amusé à reprendre (brillamment) un ancien morceau (« Comme Je M’ennuie de Toi »), le tout arrangé autour de ce qui fait le triangle minimaliste de l’album, une combinaison piano-voix-cordes qui lui sied à merveille, loin des univers faits de Machines Absurdes ou des paysages d’Albion. Celui qui appris tout jeune l’art du contrepoint (soit une des techniques les plus compliquées d’écriture musicale) se livre ici avec une exigence et une science mélodique aussi rare que raffinée. Lui qui se plait à ne pas être à la mode et qui n’aime rien tant qu’un texte ciselé, plein d’esprit et de mélancolie sur un romantisme désarmant, tisse avec Stylus une toile imaginaire sur sa fragilité. Les réminiscences classiques n’empêchent rien.

« je n’écrirais jamais : “Je suis allé au marché”, mais : “Ce matin le marché était inondé de soleil.” On comprend que j’y étais. »

William Sheller est un cas unique dans la chanson « française », un pur talent raffiné décidé à jouer de la musique, comme des mots et des maux, autour d’un univers qui n’appartient qu’à lui. La subtilité des arrangements renversent des montagnes d’émotions (« Les Souris Noires »). Les thèmes de l’enfance, de l’ennui, du fantasmagorique sont là. Sur des airs de Beatles (« Youpylong »), d’hymne à la joie contrariée, de sève sur une santé précaire, de campagne, calme et apaisée. Album de contemplations, mais pas contemplatif, Stylus est un nectar de musique bio, une œuvre fragile, riche, qui, entre deux intermezzi, nous rappelle à quel point il peut nous fairer chavirer avec quelques notes.

WILLIAM SHELLER – STYLUS

Titre : Stylus
Artiste : William Sheller

Date de sortie : 2015
Pays : France
Durée : 30’00
Label : Mercury