Sous le pseudonyme de T se cache le multi instrumentiste allemand Thomas Thielen qui avait réalisé l’an passé “Fragmentropy” déjà sous cette curieuse appellation, (apparemment pour une troisième édition) comme l’est aussi curieux et passionnant ce nouveau disque qui arrive à présent Epistrophobia. Le musicien dispose d’une assez longue carrière clairsemée d’albums toujours très longs et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils sortent de l’ordinaire par leur étrangeté et par leur pouvoir de séduction. Etranges sont de même les titres équivoques de ses albums, ils forment une sorte de mélange de mots au vocabulaire indéfini, mais dont T seul détient la clef du mystère, ils apparaissent comme une contraction de l’esprit un peu torturé du musicien. L’organe vocal de Thielen serait un savoureux mélange entre Steve Hogarth et David Bowie, excusez du peu, avec en plus quelques intonations à la Robert Wyatt (version “Rock Botom“). L’environnement musical du multi instrumentiste est assez glauque, et reprend la thématique se son précédent opus, d’ailleurs les trois chapitres constituant Epistrophobia sont la suite logique de trois autres se trouvant sur le précédent album.
Les nouveaux morceaux sont assez longs dans l’ensemble, (comme d’habitude), cinq des compositions proposées varient de douze à quinze minutes, Thomas Thielen excelle sur tous les instruments (saxo compris), le musicien se fait un point d’honneur à créer des atmosphères désespérées et dont la complexité n’a d’égal que la richesse harmonique. Cela peut sembler paradoxal, mais Thielen parvient à conjuguer le côté mélodique de son œuvre avec des thèmes plus hachurés, insufflant au tout une pulsion salvatrice et ce par le biais d’une voix. Parfois à la limite du mélodramatique. Les personnes qui auront donc aimé son précédent album voire les plus anciens, ne seront pas dépaysées et retrouveront ce qui est maintenant un style à part entière, de suite clairement identifiable, et constitué de fréquents changements de thèmes, assez sombres et anxiogènes, mais cependant très mélodiques. Thielen se prend à fracasser ses longues compositions qu’il désire toutes en nuances et en contrastes, c’est souvent à un groupe entier auquel on a l’impression d’avoir à faire, mais en réalité l’homme est seul avec ses instruments qu’il manie de mains de maitre. Une grande sensibilité et beaucoup d ’émotion émanent de cette musique dont plusieurs climats poignants émaillent cet Epistrophobia.
Quelques petites notes “jazzy” sont parfois jetées çà et là, le musicien s’amusant assez souvent à déstructurer un morceau qui avait pourtant commencé “cool“, comme c’est le cas sur “What If Not“, ou l’on trouve un petit passage emprunté carrément à Bowie, Thielen rendant hommage à “l’homme qui venait d’ailleurs“, en reprenant mot pour mot le “Black Star” qui devait sonner le glas de cet artiste que nous avons tant aimé. Les orchestrations et mises en forme de Thielen sont elles aussi fabuleuses, ses ondulations à la hogarth, ses interventions à la six cordes et autres instrument dénotent un professionnalisme à toute épreuve, le dernier titre “Epistrophe” est un sommet du genre, ce petit quart d’heure est à couper le souffle, Thielen y est poignant et déchire littéralement sa voix, le summum résiderait à retrouver le musicien jouer en “live” mais ceci est une autre histoire.
T – EPISTROPHOBIA
Titre : Epistrophobia
Artiste : T (Thomas Thielen)
Date de sortie : 2016
Pays : Allemagne
Durée : 78’04
Label : Progressive Records
Setlist
– Chapter 4 – A Poet’s Downfall :
1. In Abeyance (13:45)
2. The Dark Beyond Our Fears (12:01)
– Chapter 5 – Contingencies :
3. What If (5:51)
4. What If Not (12:22)
5. Forgiven (7:43)
– Chapter 6 – That Place Beyond The Skies :
6. A Mask Behind A Mask (12:08)
7. Epistrophe (14:16)
Line-up
– Thomas “T” Thielen / all instruments & vocals, producer
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