bannière www.bdelanls.fr - Création et refonte de site internet

Le cas Quentin Tarantino est intéressant à plus d’un titre. Avec une dizaine de films à son actif, il est devenu un peu plus qu’une simple icône d’un Hollywood décomplexé. Cinéphile champion du recyclage pour les uns, pur génie pour les autres, une chose de certaine, le talent fou d’un artiste sans concession qui peut se targuer d’une filmographie inégale mais passionnante.

 

L’Oscar reçu par Brad Pitt le 10 février 2020 pour Once Upon a Time In… Hollywood est une invitation à revisiter l’œuvre écarlate de Quentin Tarantino, depuis son déboulé à Cannes, en 1992, jusqu’à aujourd’hui. Réalisateur, scénariste également adapté (Tony Scott, Robert Rodriguez, Oliver Stone), acteur à l’occasion, ce classement parfaitement subjectif se limite aux seuls longs métrages de fiction qu’il a réalisés (exit donc les panouilles pour les séries télés) – soit une dizaine, ce qui le place dorénavant à deux opus d’une retraite cinéma qu’il a promis de longue date.

Son cinéma très écrit avec ses kilomètres de dialogues sinueux, reste ultra-référencé sur fond de pop culture sans frontière. Tarantino est un exégète méthodique du conte où les fées fument comme Rita Hayworth, où les fantasmes l’emportent sur l’Histoire, la vraie. Dans ce monde imaginaire pourraient se croiser tous ses personnages azimutés. Comme une ébullition fiévreuse. Mais au-delà des excès, de la complaisance, de la mégalomanie et de de l’épuisement, le démiurge Tarantino conserve cet éclat cinéphile qui laisse encore la fantaisie s’éveiller.

Alors, quels sont les meilleurs films de Quentin ? Verdict, du plus bancal au chef-d’œuvre absolu.

The Oscar received by Brad Pitt on February 10, 2020 for Once Upon a Time In… Hollywood is an invitation to revisit the scarlet work of Quentin Tarantino, from its debut in Cannes Film Festival in 1992 to the present day. Director, screenwriter also adapted (Tony Scott, Robert Rodriguez, Oliver Stone), actor on occasion, this perfectly subjective ranking is limited to the only feature-length fiction films he has directed (thus leaving the panoply for TV series) – about ten, which now puts him two opuses away from a cinema retreat he promised for a long time. His very “written” cinema with its kilometers of sinuous dialogues, remains ultra-referenced against a background of pop culture without frontiers. Tarantino is a methodical exegete of storytelling where fantasies beats History, the real one. In this imaginary world could cross all his crazy characters. Like a feverish boil. But beyond excess, complacency, megalomania and exhaustion, the demiurge Tarantino retains that cinephile brilliance that still lets the fantasy awaken. So what are Quentin’s best films? Verdict, from the most wobbly to the absolute masterpiece.

10

BOULEVARD DE LA MORT (2007)

Death Proof (2007)

Deuxième partie du projet « Grindhouse » (hommage aux films d’exploitation) partagé avec l’étriqué Robert Rodriguez, le film tape dans le slasher à carambolages autour de Stuntman Mike, cascadeur bourrin et accessoirement psycopathe. Si Kurt Russell cabotine à l’avenant, le film hésite entre sa fausse réalisation nanardesque et des courses poursuites en mode grand luxe. Une forme brillante au service de dialogues complaisants qui propulsent déjà Tarantino dans l’auto-citation goguenarde mais stérile.

The second part of the “Grindhouse” project (a tribute to exploitation movies) shared with the tight Robert Rodriguez, the film navigates in the slasher style around Stuntman Mike, a stuntman and incidentally a psychopath. If Kurt Russell has a good time, the film hesitates between his fake low-cost direction and chases in luxury mode. A brilliant form at the service of self-indulgent dialogues that already put Tarantino into the mocking but sterile self-citation.

9

KILL BILL volume 1 (2003)

Kill Bill volume 1 (2003)

Faut-il nécessairement aimer Kill Bill ? Ancienne tueuse à la solde de Bill, chef de meute d’une bande de dézingueurs, la Mariée est laissée pour morte par ce dernier, après une expédition punitive organisée lors de son mariage. Le destin de la vengeresse enchaîne alors les inspirations kung-fu, chanbara et autres joyeusetés. Le réalisateur en profite pour percuter la péloche à coups d’émoglobine et de grand guignol qui s’épargne toute profondeur. Le film se partage alors entre une maestria visuelle un peu vaine et son héroïne qui frôle l’insupportable.

Do we must to like Kill Bill? A former killer for Bill, leader of a band of killers, the Bride is left for dead by the latter, after a punitive expedition organized during her wedding. The destiny of the avenger then follows a chain of inspirations: kung fu, chanbara and other joyfulness. The director takes the opportunity to hit the film with emoglobin and action that spares itself any depth. The film is then divided between a somewhat vain visual mastery and its heroine who borders on the unbearable.

8

KILL BILL volume 2 (2004)

Kill Bill volume 2 (2004)

Deuxième volet de son dyptique à digestion et disgressions lentes, Tarantino prolonge la rectitude répétitive de son script en l’enveloppant cette fois dans un univers Western de sang et de poussière. Si la Mariée s’humanise face à l’enfant qu’elle veut sauver, le film s’apparente une nouvelle fois à une succession de duels ludiques et sadiques jusqu’au dernier face à face attendu. Boss de fin de niveau. Game over.

The second part of  the slowly digesting and disgressing dyptych, Tarantino extends the repetitive straightness of his script, this time enveloping it in a Western universe of blood and dust. If the Bride humanizes herself in front of the child she wants to save, the film once again resembles a succession of playful and sadistic duels until the last expected face to face. Boss at the end of the level. Game over.

7

INGLOURIOUS BASTERDS (2009)

Inglourious Basterds (2009)

Drôle de film que cette France occupée vue par Tarantino et sa troupe de punishers dirigée par un Brad Pitt en goguette. Avec ses allures composites dénuées d’émotion, sa première scène magistrale et son avalanche de dialogues qui s’écoutent parler, Inglourous Basterds finit par franchir la rive d’une uchronie (un peu trop) calculée. Comme toujours servi par un casting impeccable, le film restera aussi comme la découverte de l’épatant Christoph Waltz, récompensé à Cannes et aux Oscars pour son interprétation festive d’un lieutenant nazi d’une saloperie retorde.

What a strange movie that this occupied France seen by Tarantino and his punisher’s troop driven by a wacky Brad Pitt. With its composite looks without emotion, its first masterful scene and its avalanche of dialogues, Inglourous Basterds ends up crossing the frontier of a (a little too) calculated uchrony. As always served by an impeccable cast, the film will also be remembered as the discovery of the amazing Christoph Waltz, who won awards at Cannes Film Festival and the Academy Awards for his festive interpretation of a Nazi lieutenant of a twisted bastard.

6

DJANGO UNCHAINED (2012)

Django Unchained (2013)

Beau western spaghetti dans la veine sanglante de Sergio Corbucci, réalisateur du Django original interprété par Franco Nero qui fait ici une apparition méta. Attention, le plus grand succès au box-office de Tarantino n’est pas une copie mais un hommage, balayé par les fulgurances d’un auteur qui pêche toujours par l’excès, mais tenu par un Christoph Waltz goguenard à l’opposé de sa précédente collaboration, une nouvelle fois récompensé aux Oscars (tout comme le script de QT) et un Leonardo di Caprio éblouissant de veulerie fat.

Beautiful spaghetti western in the bloody vein of Sergio Corbucci, director of the original Django played by Franco Nero who makes a meta appearance here. Beware, Tarantino’s greatest box-office success is not a copy but a tribute, swept away by the fulgurances of an author who always pushes the things beyond excess, but held by a mocking Christoph Waltz, the opposite of his previous collaboration, once again Oscar-winning (just like the QT script), and a dazzling Leonardo di Caprio full of fatal veulery.

5

LES HUITS SALOPARDS (2015)

The Hateful Eight (2015)

Huit salopards se retrouvent coincés par une tempête de neige. De quoi gangréner les esprits les plus chafouins. Règlements de compte dans ce – quasi – huis clos de – quasi – trois heures durant lesquelles Tarantino se régale dans ses dialogues au kilomètre et une réalisation grandiose autour d’un 70 millimètre signé du grandissime Robert Richardson. Sanguinolant et ironique, le film pioche autant dans Reservoir Dogs que l’horreur de The Thing (la partition de Ennio Morricone tape dans les morceaux inexploités du film de Carpenter) afin d’achever et parachever ce requiem glacial à la fois moderne et classique, reçu avec circonspection par la critique épuisée.

Eight bastards get stuck in a snowstorm. It’s enough to make even the most sly-minded minds go berserk. The settling of scores in this – almost – closed-door session of – almost – three hours during which Tarantino feasts on his mount of dialogues and a grandiose production around a 70 millimetre signed by the great Robert Richardson. Bloody and ironic, the film picks as much from Reservoir Dogs as the horror of The Thing (Ennio Morricone’s score hits the unexploited parts of Carpenter’s film) in order to complete this frosty requiem, both modern and classic, received with circumspection by the exhausted critics.

4

JACKIE BROWN (1997)

Jackie Brown (1996)

Une hôtesse de l’air joue les porte-valises pour un trafiquant d’armes adepte du cool. D’après l’immense Elmore Leonard, Tarantino entrechoque l’univers de l’écrivain avec sa fantasmagorie verbeuse habituelle dans un polar soigné, maîtrisé où trône l’ancienne reine de la blaxploitation Pam Grier. Loin de tout cynisme et sentimentalisme de pacotille, l’ironie finit par emporter ce film unique dans sa filmographie.

A flight attendant plays the suitcase holder for a cool arms dealer. According to the immense Elmore Leonard, Tarantino clashes the writer’s universe with his usual verbose phantasmagoria in a neat, controlled thriller featuring former blaxploitation queen Pam Grier. Far from all the cynicism and cheap sentimentality, irony ends up carrying this unique film into his filmography.

3

ONCE UPON A TIME IN… HOLLYWOOD (2019)

Once Upon a Time in Hollywood (2019)

1969. La petite histoire dans la grande ou le destin d’un acteur has-been et de son meilleur pote cascadeur à tout faire autour de Charles Manson et de sa famille dégénérée. Tarantino reconstitue le Los Angeles fantasmé de sa jeunesse et s’attarde en chemin comme dans une incantation sous influence. Le film mélange les genres et sous ses oripeaux de légèreté presque burlesque, laisse planer l’ombre de la mort et de l’échec. Leonardo Di Caprio et Brad Pitt (oscarisé pour l’occasion) sont parfaits dans ce film en valse lente, sans aucun doute le plus personnel de son auteur.

1969. The small story in the big one or the destiny of a has-been actor and his best stunt buddy to do everything around Charles Manson and his mad family. Tarantino reconstructs the fantasized Los Angeles of his youth and lingers on the road as if in an incantation under influence. The film mixes genres and under its light, almost burlesque, garments, leaves the shadow of death and failure. Leonardo Di Caprio and Brad Pitt (Oscar winner for the occasion) are perfect in this slow waltz film, without a doubt the most personal of its author.

2

PULP FICTION (1994)

Pulp Fiction

Le film de la consécration. Des tueurs amateurs de massages de pieds, un boxeur amoureux en fuite, un couple de braqueurs empruntés, un bar rétro bourrés de sosies : les arcs narratifs s’entrecroisent et s’entrechoquent sur une ligne temporelle explosée autour d’un casting cinq étoiles qui relance au passage la carrière élimée d’un John Travolta hors du temps. Le cocktail survitaminé de violence décalée et d’humour noir donne le ton, l’essence jusqu’à la limite du style Tarantino, confectionné pour le pur fun. De quoi ramasser la Palme d’Or d’un jury présidé par le duo Clint Eastwood/Catherine Deneuve puis son premier Oscar du meilleur scénario original (co-écrit avec Roger Avary). S’il ne devait rester qu’un seul Tarantino

The consecration. Killers who love foot massages, a boxer in love on the run, a couple of borrowed bank robbers, a retro bar full of doubles: the narrative arcs intersect and clash on an exploded timeline around a five-star cast that relaunches in passing the eliminated career of a John Travolta out of time. The cocktail of offbeat violence and dark humour sets the tone, the essence to the limit of Tarantino’s style, made for pure fun. Enough to win the Palme d’Or from a jury presided by the duo Clint Eastwood/Catherine Deneuve and then his first Oscar for Best Original Screenplay (co-written with Roger Avary). If there was only one Tarantino movie left…

1

RESERVOIR DOGS (1992)

Reservoir Dogs

Tarantino déboule en 1992 par la petite porte avec ce grand film tonitruant. Un hangar. Des costards noirs. Du sang. Des larmes. Un casse qui tourne mal. Une oreille coupée. Une bande originale à couper le souffle. Des dialogues aiguisés et sans gras. Ce premier film reste aujourd’hui encore un véritable coup de poing en pleine gueule. Un film aux références plus ou moins assumées (Ringo Lam, Jean-Pierre Melville) porté par un Harvey Keitel en plein come-back. Chef d’œuvre.

Tarantino came through the back door in 1992 with this great thundering film. A shed. Black suits. Blood. Tears. A robbery gone wrong. One ear cut off. A breathtaking soundtrack. Sharp, fat-free dialogue. This first film is still today a real punch in the face. A film with more or less assumed references (Ringo Lam, Jean-Pierre Melville) carried by a Harvey Keitel in full comeback. A true masterpiece.

Votre avis

Laisser un commentaire