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Mike Oldfield - Incantations
4.8TOP 1977

En 1975, la sortie de Ommadawn fût l’occasion de servir, bien chaud, un chef d’œuvre absolu du rock progressiste mais également l’accessit idéal pour une dépression carabinée en abandonnant notre Mike Oldfield dans des profondeurs névrotiques insoupçonnées. Un forage tel qu’il se lancera dans le « cercle » Exegesis (moult détails seront édités plus tard dans son autobiographie Changelling), pseudo-mouvement new-age grâce auquel il revivra le trauma de sa naissance (!) avant de se marier dans la foulée avec la fille du gourou puis de divorcer quelques mois plus tard. Ouf ! Nettoyé. Peigné. Apprêté. Mike reviendra donc lavé des parasites, imberbe et en costard. En troquant ses oripeaux de hippie décharné pour un style plus classieux, le voici serein. En apparence. Dans le paletot, un double album réparti sur quatre tranches de pain complet… sésame.

Incantations sera donc un album bicéphale. Il prendra même son temps pour le composer, et le recomposer : une grande partie des éléments déjà écrits avant son expérience communautaire ayant été revus et corrigés. Surtout, Mike Oldfield s’entourera d’un véritable orchestre pour l’enregistrement, délaissant l’énergie viscérale de ses troubles d’antan pour un apaisement plus ou moins feint. Du zen adapté en mode homéopathique. Plus cérébral qu’instinctif, Incantations est donc porté par un xylophone spacieux, une flûte scintillante signée de son frangin Terry Oldfield, des percussions africaines tenues, comme sur Ommadawn, par la troupe Jabula et une poignée d’invités fondamentaux pour la suite des événements : Pierre Moerlen (Gong) et Maddy Prior (Steeleye Span, Henry Cow) dont la voix chaude et sucrée ajoutera au mysticisme ambiant. Côté guitare, le père Oldfield n’était pas en reste. Affûté dans le mélodique, il danse avec un récif d’harmonies hypnotiques (« Part Three ») déversant un feeling psychédélique réanimé (« Part Four »).

De ces rythmes lancinants où toute violence décadente se voit fièrement rejetée par-dessus bords, l’album pêche (pour les plus pinailleurs) par une longueur qui pousse parfois vers une certaine torpeur (« Part Two »). Mais une incantation ne doit-elle pas, justement, nous porter, nous soulever jusqu’à cet état second proche du mystique ? Toujours est-il que des années plus tard, les 74 minutes de ce très beau double album poussèrent Virgin à couper plusieurs minutes de la troisième partie pour pouvoir faire tenir la chose sur un CD de première génération sans envisager d’en faire un double CD moins rentable ! Une philosophie mercantile signée Richard Branson qui aboutira, finalement, au divorce entre les deux hommes. Mais c’est une autre histoire.

Quoi qu’il en soit. Rien ne saurait occulter la richesse des thèmes funambules, souvent miraculeux délivrés par ces Incantations, dignes métaphores musicales d’une allégresse en clair-obscur de ce Parsifal guitariste en quête d’innocence.

MIKE OLDFIELD – INCANTATIONS

Mike Oldfield - Incantations (1977)

Titre : Incantations
Artiste : Mike Oldfield

Date de sortie : 1977
Pays : Angleterre
Durée : 72’44
Label : Virgin

Setlist

01. Incantations – part one (19:08)
02. Incantations – part two (19:36)
03. Incantations – part three (16:58)
04. Incantations – part four (17:01)

Line-up

– Mike Oldfield / Electric guitars, Bass guitar, Acoustic bass, Grand piano, Synthesisers, percussion

Guests:

– david bedford / strings and choir
– jabula / african drums
– maddy prior / vocals
– mike laird / trumpet
– pierre moerlen / drums & vibraphones
– sally oldfield / vocals
– sebastian bell / flutes
– terry oldfield / flutes
– the queens college girls choir / vocals

Votre avis

Une réponse

  1. Hugues Fardao

    “Cassette double durée” était-il stipulé au bas de l’enregistrement sur bande que je me procurai chez mon revendeur favori. Cool ! Un Mike Oldfield en double album ! C’était après la découverte de “Discovery” et après épluchage de la compilation “Episodes” que je me lançai dans les albums d’Oldfield. J’avais flashé sur Ommadawn et Incantations, j’avais plané en écoutant le premier et je jubilais à l’idée d’écouter le second, et je n’ai pas été déçu ! Le mot qui décrit le mieux cet album est : “envoûtant” : une construction impressionnante où l’on sent l’influence de compositeuirs comme Phillip Glass – dont Mike reprendra la mélodie “North Star” sur l’album Platinum – ou Terry Riley dans le choix de motifs répétés et enlacés. Soutenu par des musiciens classiques et accompagné d’une tournée impressionnante, “Incantations” est définitivement à ranger parmi les grands albums de Mike et même les grands albums de prog rock tout court.

     
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