bannière www.bdelanls.fr - Création et refonte de site internet
Kate Bush - Hounds Of Love
4.8Top 1985

Trois ans après The Dreaming, album exquis mais excentrique qui n’avait pas convaincu son public, Kate Bush allait revenir aux affaires avec ce curieux objet du désir qui la fera – enfin – culbuter les charts américains. Toujours affublée de son statut de chanteuse bizarrement sensuelle et sensuellement bizarre à force de circonvolutions vocales, la jeune femme allait déplier un peu plus son univers dans ce qui reste encore aujourd’hui son album le plus emblématique : Hounds of Love. Un marqueur et un titre qui sonne encore telle une incantation. C’est début 1984 que l’auteure-compositrice-interprète enregistre les premières démos de ce cinquième album studio. Installée à la maison, derrière sa console 48 pistes encore toute fraîche, elle expérimente, tripatouille son Fairlight, ajoute des instruments traditionnels, quelques samples du film de Jacques Tourneur, Rendez-Vous avec la Peur (1957) et réparti les douze titres sur deux suites à tiroirs (c’est commode) intitulées Hounds of Love et The Ninth Wave. Deux faces (merci les vinyls), deux ambiances. L’ambition est pourtant de mise et les thèmes déployés restent en total accord avec ce qu’a déjà pu produire Kate Bush. Sur Hounds of Love, il s’agit avant tout de l’amour, de l’espoir, de la peur qu’il inspire comme en témoigne la chanson titre, littéralement portée par l’image de « chiens de l’amour » poursuivant la chanteuse.

Les mélodies sont lumineuses, plus accessibles que sur The Dreaming, critiqué pour sa complexité et son élitisme hermétique. Mais rien n’est si simple et « Running Up That Hills », son plus gros succès depuis « Wuthering Heights », donne le ton à travers ses arcanes synthétiques, un peu arty, où la voix féérique semble vouloir nous transporter de ses vœux, par la simple invocation de l’énergie et de la chaleur de sa propre mystique. L’album démarre à peine et nous voici déjà devant le monument promis. La subtilité de la production, des arrangements et de l’écriture fait le reste. Kate Bush touche ici l’acmé de son propre style. Unique. La première partie de Hounds of Love propose ainsi des chansons délayées, accessibles mais puissantes (« Cloudbusting », « The Big Sky ») alors que The Ninth Wave se veut plus fantaisiste, plus narrative avec ses morceaux d’anthologie : une plongée en pleine forêt mystérieuse, avec Dame du Lac et château hanté (les subtiles « Under Ice » et « Waking the Witch »), le tout inspiré d’un poème d’Alfred TennysonThe Coming of Arthur »). Malgré la délectable danse expiatoire « Jig of Life » (à grand renfort de violons, flûtiaux irlandais et percussions festives), le ton s’assombrit et les thèmes traditionnels se déploient généreusement sur les envoûtants chorus de « Hello Earth » et le final enjoué de « The Morning Fog ». Chef-d’œuvre.

On a beaucoup dit, beaucoup écrit sur ce Hounds of Love, mais sa grande réussite tient surtout au subtile mélange opéré… un tour d’horizon flamboyant qui mettait alors de plus en plus l’accent sur l’atmosphère des histoires contées. En opérant ce nouveau virage sans concert (qu’elle a abandonné depuis 1979) mais avec une batterie de vidéos à l’univers visuel toujours aussi travaillé, elle regagnait les sommets du box office avec plus de deux millions d’exemplaires écoulés. En gardant constamment la main sur la production de l’album, Kate Bush emballait l’affaire dans de la pop ultra stylée, mais jamais lisse, à la façon de son voisin d’écriture Peter Gabriel. Rien d’étonnant que les deux-là se retrouvent l’année suivante sur l’album de ce dernier, So, pour l’une des chansons les plus emblématiques des années 80, « Don’t Give Up ». Et tout ça à 27 ans à peine !

KATE BUSH – HOUNDS OF LOVE

Kate Bush - Hounds of Love (1985)

Titre : Hounds of Love
Artiste : Kate Bush

Date de sortie : 1985
Pays : Angleterre
Durée : 46’13
Label : EMI

Setlist

1. Running up That Hill (A Deal With God) (5:03)
2. Hounds of Love (3:03)
3. The Big Sky 4:41)
4. Mother Stands for Comfort (3:08)
5. Cloudbusting (5:10)
6. And Dream of Sheep (2:45)
7. Under Ice (2:21)
8. Waking the Witch (4:18)
9. Watching You Without Me (4:07)
10. Jig of Life (4:04)
11. Hello Earth (6:13)
12. The Morning Fog (2:34)

Line-up

– Kate Bush / Piano, Keyboards, Vocals, Voices, Producer, Fairlight
Guests :

  • Brian Bath / Guitar, Vocals (bckgr)
  • John Carder Bush / Vocals, Vocals (bckgr), Narrator, Photography
  • Paddy Bush / Harmonica, Mandolin, Violin, Balalaika, Vocals, Vocals (bckgr), Didjeridu, Harmony Vocals, Vocal Harmony, Fujara
  • Stuart Elliott / Drums
  • Richard Hickox / Vocals, Choir Master
  • Donal Lunny / Bouzouki, Bouz, Bodhran
  • Kevin McAlea / Synthesizer, Synthesizer Programming
  • Medici Sextet / Strings
  • Charlie Morgan / Drums, Handclapping
  • Alan Murphy / Guitar
  • Liam O’Flynn / Pipe, Uillean Pipes
  • Del Palmer / Bass, Vocals, Vocals (bckgr), Handclapping, Engineer, Fairlight, Linn
  • Morris Pert / Percussion
  • John Sheaha / Fiddle, Whistle (Human), Whistle (Instrument)
  • Danny Thompson / Bass, Double Bass
  • Eberhard Weber / Bass
  • Jonathan Williams / Guitar, Cello
Votre avis

Laisser un commentaire