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L’air de rien, Marillion compte désormais 18 albums studio au compteur. Et contrairement à de nombreux groupes qui n’en finissent pas de finir, les cinq compères poursuivent leur chemin avec la conviction des débutants. F.E.A.R. témoigne de cette volonté de vouloir faire ce qui leur plait avant tout et de raconter sans fard les interrogations d’un Steve Hogarth plus bavard que jamais. Une étonnante alchimie s’est opérée entre les quatre musiciens et le chanteur depuis maintenant presque 30 ans. Pour nous en parler, Steve Rothery, l’un des guitaristes les plus emblématiques du genre, était sur Paris et c’est avec une extrême courtoisie qu’il s’est prêté au jeu des questions-réponses.

Marillion - FEAR (2016)

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The review in english

Bonjour Steve, nous sommes très heureux de terminer cette interview avec toi. FEAR va être disponible dans 3 jours, as-tu des craintes ou des espoirs particuliers à propos de ce disque ?

Steve Rothery : J’espère surtout que le public va l’aimer, pour l’instant les premiers retours sont très encourageants et positifs, autant de la part des fans que des critiques. C’est toujours délicat désormais avec Internet de donner des albums pour les médias avant qu’il ne soit disponible, il y a le risque qu’il fuite sur les sites de téléchargements, ce qui a encore une fois été le cas pour nous. C’est assez tragique finalement, car on passe parfois des années à peaufiner la meilleure musique qu’on puisse faire et ça nous fend le cœur qu’on puisse quelque part la voler ainsi… J’ai peur qu’à notre époque il faille vivre avec ça. C’est toujours une crainte pour nous, on n’est pas riche, on gagne assez avec notre musique pour avoir une vie confortable, mais on ne roule pas sur l’or comme certaines stars. Aujourd’hui probablement qu’on ne peut espérer plus en étant musicien… et ça nous va. Mais la vrai crainte est de voir l’impact négatif sur les ventes lorsqu’un disque fuite un mois ou deux avant sa sortie… cela peut compromette notre capacité à faire le suivant.

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Et c’est ce qui s’est passé ?

Steve Rothery : Oui, c’est un peu honteux, mais en même temps on se dit qu’il y avait de l’excitation autour de ce disque.

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Le titre est un poil provocant, nous en avons trouvé l’origine dans la chanson “Only Love Will Make You Free” (ndlr : sur l’album Not The Weapon But The Hand de H/Barbieri). Pourquoi ce titre et peut-on le considérer comme un message d’amour ?

Steve Rothery : Steve chante cette phrase dans “The New Kings“, avec une réelle tristesse : cette attitude semble être devenue une vraie philosophie dans certaines entreprises, où la corporation prend le dessus sur l’individu, où les personnes sont exploitées… sans qu’on pense aux conséquences. C’est une triste réflexion sur la cupidité et la nature humaine. Mais Steve dit aussi que l’amour amène un aspect positif dans nos émotions. Toutes les bonnes choses découlent de l’amour, de la crainte viennent les mauvaises choses. C’est la direction qu’il a prise pour son écriture, il a appelé ce disque son ‘protest album’. “El Dorado” ou “New Kings” sont des chansons engagées, même si les textes ont été écrits il y a plusieurs années, ils sont prémonitoires, aujourd’hui on voit comment ce genre de tempête impacte tous les pays occidentaux.

Marillion

Est-ce que c’est votre meilleur disque ? Si je te cite dans Prog magazine : “Il y a une consistance inhabituelle dans ce disque”, est-ce que tu juges tes parties de guitares aussi consistantes ?

Steve Rothery : (en riant) J’aime à la penser, je le crois, oui. En tout cas, j’essaie de faire de mon mieux (il se marre)… Peut-être que le process était un peu différent cette fois… On a jammé comme on le fait systématiquement, mais on a aussi uploadé ce que nous considérions comme nos meilleures idées sur notre SoundCloud privé, pour que tous puissent réécouter librement. J’avais sélectionné une vingtaine de passages pour ma part, mais au final on n’a gardé que ceux sur lesquels il y avait un consensus de tout le groupe, et c’est ce qui nous a servi de base de départ. Sur toutes les sections qui m’inspiraient je trouvais facile de jouer, même si c’était sur une section initialement basse/batterie ou claviers. Je pouvais sentir ou nous voulions aller et ce que ma contribution devait être, pour s’assembler, se greffer naturellement avec le reste. C’est venu très naturellement, et les mélodies que j’avais en tête se sont posées facilement.

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Tu as aussi déclaré qu’il n’y avait pas eu musicalement d’incertitude, de doute à propos de ce disque et qu’il était la synthèse de ce qu’était le groupe. Alors qu’est-ce que Marillion ? Quelle est votre identité ?

Steve Rothery : On crée juste la musique qu’on aime… et en même temps en cherchant à ne pas nous répéter, ce qui devient dur au 18eme album (il sourit). Mais il y a toujours cette alchimie incroyable entre nous cinq, qui nous fait avancer et explorer des territoires où nous n’étions pas allés.  Mike Hunter nous a aussi beaucoup aidés, guidés. Mike travaille depuis très longtemps avec nous, non seulement sur les albums mais aussi en mixant tous les lives … Il a une très bonne vision de notre travail. Il a aussi enregistré et mixé mon album solo. Ce disque m’a probablement donné plus d’assurance sur ce que devait être mon rôle dans le groupe. Cette habitude a aussi donné à Mike une connaissance profonde du groupe et la capacité de détecter et conserver ces ‘moments spéciaux‘ qui arrivent lorsqu’on joue et travaille ensemble. FEAR possède un très bon équilibre de tout ça, la manière dont on passe des claviers à la guitare, et vice-versa,  les arrangements. Pour moi ce disque possède tous les éléments classiques de Marillion, des textes fantastiques, qui ont une réelle signification et en même temps cette musique presque cinématique en toile de fond. Et parce que les morceaux sont longs, ils donnent plus d’espaces pour le développement de l’ambiance, de l’histoire… C’est un peu comme la différence entre une nouvelle et un roman. On sent aussi une sorte de maturité dans ce disque…

Est-ce que cette alchimie entre vous cinq vous rend aussi plus créatifs ?

Steve Rothery : En fait c’est étrange, car je ne sais pas trop d’où ça vient. Par exemple quand j’improvise un solo de guitare, j’ai au final besoin de l’apprendre, de le travailler… et c’est aussi difficile pour moi que pour n’importe qui…J’essaye d’innover, de ne pas jouer ce qui semble le plus évident, facile…de ne pas utiliser les mêmes phrasés que la plupart des guitaristes, de changer ces phrasés, le timing, le tempo pour rendre mon jeu différent. (il hésite) Mais c’est un peu magique finalement, de voir comment un embryon d’idée peut prendre forme et prendre vie finalement pour devenir un morceau de musique. On se sent honoré de prendre part à un tel process.

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Vous êtes totalement indépendants de la pression des maisons de disques. Vous organisez vos propres conventions, campagnes de précommandes qui vous aident financièrement. Est-ce que c’est une des raisons du succès ?

Steve Rothery : Oui certainement. Si on n’avait pas fonctionné comme ça, on aurait beaucoup de pression pour sortir une musique plus commerciale ‘aux standards du marché‘. Pour nous avoir un album aussi fort, au bout du 18eme, est un vrai signe. La plupart des groupes ont leur âge d’or, vendent beaucoup pendant 2 à 10 ans, et ensuite déclinent, parce qu’ils perdent, l’inspiration, que le line-up change, ou bien qu’ils deviennent simplement trop riches pour avoir encore envie… Ils perdent le côté magique de la création, c’est ça qui est génial avec ce groupe. Tu te rends compte, je suis dans ce groupe depuis 37 ans, c’est presque une vie ! Et on ressent toujours cette magie, c’est incroyable ! Depuis qu’on a quitté EMI, non en fait depuis Anoranophobia, on existe en dehors du système. L’industrie musicale est une machine, elle exploite les artistes pour faire un maximum d’argent, peu s’en sortent réellement et vivent décemment.  En même temps les médias, TV, radios, magazines suivent le mouvement et contribuent au système. Mais on existe à l’extérieur de ce système, on n’a jamais été dépendant de cette machine. C’est comme une dimension alternative, où les règles seraient régies par le  ‘Marillion World‘… C’est génial, c’est une sorte d’accomplissement pour nous et une reconnaissance de notre honnêteté, de la sincérité avec laquelle nous travaillons. C’est aussi grâce au dévouement de nos fans, c’est comme une famille, une sorte de communauté à l’échelle mondiale qui ressent les mêmes émotions.

Steve Rothery

On a vécu ça à la dernière convention, beaucoup pleuraient à la fin de Neverland.

Steve Rothery : On ressent la même chose en Amérique du sud, au Mexique, c’est extraordinaire aussi pour nous de voir que notre musique touche les gens à ce point, partout. C’est un sentiment fantastique. Pour revenir à ta question, Internet, les réseaux sociaux, Youtube, tous ces nouveaux médias nous aident aussi à rester indépendants en parlant de nous,  pas uniquement financièrement. Les conventions et précommandes représentent à peu près 70% de nos revenus. Le reste vient des ventes et des tournées. Nous employons aussi un peu de monde et devons assurer des revenus, surtout en tournée. On n’est pas riches, mais on se débrouille et ça tourne bien comme ça.

Le secret pour durer est de devenir indépendant pour toi ?

Steve Rothery : En tout cas c’est une des raisons pour lesquels on est toujours là… (il sourit) finalement ce qu’il te faut pour durer ce n’est pas uniquement l’argent c’est le temps. Le temps de faire les choses. Quand on a quitté EMI on faisait un album tous les ans, ou presque. On a fait de très beaux morceaux, et d’autres qui auraient pu être mieux… si on avait eu plus de temps. Mais on devient vieux, on n’a plus forcément beaucoup de temps, peut-être 2 ou 3 albums encore à ce rythme… et on viendra sur scène en chaise roulante (tout le monde éclate de rire). C’est très important que les albums qu’on fait désormais soient bons, c’est notre héritage en quelque sort, ce qu’on laissera derrière nous. C’est ma philosophie sur ce qu’on fait et ce qu’est le groupe aujourd’hui.

« Finalement ce qu’il te faut pour durer ce n’est pas uniquement l’argent c’est le temps. Le temps de faire les choses… »

Est-ce que tu peux nous donner le sens de quelques morceaux, on a choisi “El Dorado”, qui décrit le sentiment de quelque chose de mauvais qui arrive.

Steve Rothery : Ce texte a plusieurs années et il faut le remettre dans le contexte, Steve a écrit ce texte en ayant à l’esprit un jardin anglais ce qui peut être l’image, le cliché, qu’on les gens de l’Angleterre. Et il y décrit sa désillusion après la guerre d’Irak et l’engagement de Tony Blair.

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Un sentiment de honte, de culpabilité ?

Steve Rothery : Exactement, ce patriotisme qui a conduit aux crimes, à ces conséquences terribles, la crise humanitaire avec tous ces réfugiés… Steve écrit sur ce qu’il ressent, que ce soit sur les relations humaines ou les problèmes de société dans le monde, “Gaza” par exemple, avec son point de vue personnel d’artiste, pas en ayant une opinion politique. Donc oui, “El Dorado“, parle de cet avis de tempête, financière, humanitaire, écologique qui nous annonce des jours sombres.

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The Last Century For Man en quelque sorte ?

Steve Rothery : Oui ! et le Brexit également, ça a été un choc et une horreur de voir ça, on est inquiet pour nos enfants et les génération futures.

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Et Steve nous a dit que le texte avait été écrit trois ans avant le Brexit

Steve Rothery : (pensif) Oui…

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The Leavers ? Avec une des plus belles parties de guitare du disque

Steve Rothery : “The Leavers” parle des tournées et des changements de villes perpétuels. On y raconter le quotidien des roadies et des gens qui vivent sur la route pendant les tournées, qui quittent leur domicile pour 4 ou 5 mois pour gagner leur vie. Toute l’existence des roadies est basée sur ce rythme de concerts, de changements, jours après jours. Ensuite du point de vue du musicien, c’est un peu le prix à payer, le temps passé sur la route, les gens que du rencontre en tournée, ceux que tu laisses derrière toi, ça peut être déroutant en tant que personne, qu’être humain quand tu tournes trop. Pour Misplaced Childhood, on avait tourné pendant un an et demi. A la fin on était tous complètements cramés.

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Et en rentrant à la maison, tu t’aperçois que ta femme est partie

Steve Rothery : Ça peut arriver, heureusement pas pour moi (rires) mais ça engendre une pression énorme. C’est ce que Steve a essayé de traduire dans ce texte. Le paradoxe, c’est que lorsque tu es en tournée, ton foyer te manque, mais quand tu es rentré à la maison, c’est la liberté que tu as en tournée qui commence à te manquer au bout de quelques semaines.

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Peux-tu nous parler de la partie finale, avec ce solo de guitare ?

Steve Rothery : Tu sais j’essaie juste de jouer le bon truc au bon moment. C’est ce que je ressentais quand j’écoutais les Beatles étant jeune, c’est ce que faisait George Harrison dans les chansons des Beatles. C’est la première responsabilité d’un musicien : jouer ce dont le morceau a besoin, pas plus, pas moins, au bon moment, avec la bonne atmosphère, la bonne émotion. Il faut oublier son ego, on n’est pas là pour montrer comme on est fort avec son instrument, mais pour rendre le morceau le meilleur possible. C’est ce que j’aime avec la guitare, c’est un instrument qui dégage beaucoup d’émotion, comparé à tous les autres, excepté peut-être la voix humaine. C’est ce que j’aime entendre et donc c’est la manière dont j’essaye de jouer.

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Pour terminer, qui sont les “New Kings” ?

Steve Rothery : Ah, la chanson parle de ces nouveaux milliardaires russes, ces oligarques, qui contrôlent le pétrole et le gaz, et les vastes richesses de la Russie, elle parle aussi de ces personnes ou entreprises qui ont trop de pouvoir et qui fuient leurs responsabilités.

Les textes sont souvent denses et justifient la longueur des morceaux, est-ce que c’est la variable d’ajustement dans votre musique ? Certains pourraient préférer des morceaux courts, ou des morceaux longs mais avec moins de textes…. En d’autres termes est-ce que h parle trop ? (rires)

Steve Rothery : Ah ça dépend ! Sur “The Leavers“,  c’est vrai que le texte est dense, mais c’est l’histoire qui veut ça. Mais sur “New Kings” par exemple il y a beaucoup de passages instrumentaux qui font respirer le morceau. Quand une section chantée s’arrête et qui tu as un développement instrumental, lorsque le chant reprend, le texte peut paraitre encore plus fort, le contexte du morceau décide de tout.

Steve Rothery

« Il y a toujours cette alchimie incroyable entre nous cinq, qui nous fait avancer et explorer des territoires où nous n’étions pas allés… »

C’est cette idée qui a inspiré plusieurs morceaux, comme “No Man’s Land” qui parle d’une mère qui a perdu son enfant… ce qui était sa raison de vivre… (pensif) C’est vachement triste en fait, mais je crois que j’aime écrire sur ces thèmes… et ça te fait chérir encore plus ce que tu as, toi en tant que personne… c’est vraiment l’idée du disque.

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Nous voudrions de rapporter ce que Dave Foster ( The Wishing Tree , Steve Rothery Band, Mr So & So ) dit de toi : “C’est un super mec : attentif aux autres, généreux et  honnête. Je ne parle pas de ses talents de guitariste et de musicien. Il est incroyable. En ce qui me concerne, il a joué un rôle dans l’évolution de ma carrière et cela en m’aidant à tout instant, en me donnant des conseils et cela est une chose qui n’a pas de prix. En qualité de fan inconditionnel et pour l’éternité du groupe Marillion, bosser avec « dieu » lui même est un truc de fou.”


Steve Rothery : Qu’est-ce que je peux dire ? C’est un de mes meilleurs amis, il fait partie de la famille. Il est très talentueux et on prend beaucoup de plaisir à écrire ensemble. Quand j’ai monté mon groupe, j’ai choisi des amis avant tout. Comme si Marillion était mon job, et si jouer avec le Steve Rothery Band était comme partir en vacances.

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Vois-tu toujours Hannah Stobart ?

Steve Rothery : Elle fait toujours partie de mes meilleurs amies, on se voit moins puisqu’elle habite dans la baie de San Francisco, s’est mariée et a eu un enfant, mais on ne désespère pas de retravailler sur un Wishing Tree un jour… J’ai écouté ce qu’elle a fait avec Paul (Craddick), Rocket Moth et c’est très différent de Wishing Tree, mais excellent également. Je suis très fier de ce qu’on a fait avec Wishing Tree, c’est dommage qu’on en ait pas vendu plus mais probablement qu’on montera un  crowfunding si on envisage un troisième disque.

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Et penses-tu à un nouvel album solo ?

Steve Rothery : (énigmatique) peut-être l’année prochaine

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Merci beaucoup Steve , ça a été un plaisir de discuter avec toi…

Steve Rothery : Pour moi aussi, merci à vous !

 

Une interview préparée et réalisée par Sébastien Buret, le 20 septembre 2016
Remerciements : Roger Wessier
Traduction : Stéphane Mayère

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A propos de l'auteur

Né à Lille en 1972, je découvre Les Beatles à 10 ans, un premier amour dont je me souviens encore : paroles en main, je chantais à tue-tête dans le salon familial. A 15 ans, c'est le déclic. Par une après-midi bénie, mon cousin me passe deux albums : « 90125 » de Yes et « Are you sitting confortably » d'IQ. C'est alors la claque, la révélation. De là naîtra un amour profond pour le rock progressif et une passion ultime pour le groupe Yes dont j'achèterai deux albums dès le lendemain. Cette mélomanie se renforcera au fil des années, de belles amitiés se greffant au passage à force de rencontres et de partages. Eclectique jusqu'au bout, je peux passer de Sépultura à Beethoven sans soucis. J'aime le beau, l'émotion, la sincérité et la profondeur de l'expression musicale. Pour ces raisons, je me passionne notamment chaque jour davantage pour des musiciens tels que Steve Hogarth et le groupe Marillion ou encore pour des formations telles que Gazpacho, Opeth ou Steven Wilson. Car la musique est une histoire d'hommes et de femmes, mon exercice de prédilection est l'interview. Quoi de plus intéressant et enthousiasmant que de rentrer dans l'intimité d'artistes, que de tenter à comprendre leurs messages et les mettre en lumière ? Ecrire a pour moi du sens et ce en toute modestie : rendre hommage aux artistes que j'admire et tenter l'impossible : rendre justice à leur talent ! Tout en m'amusant et en apprenant...

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