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Depuis 2006, la jeune harpiste Cécile Corbel poursuit sa route entre folklore, musique celtique ou univers nippon avec, en commun, ce souci constant de la mélodie soyeuse et des harmonies délicates. Pour son huitième album, Enfant du Vent, la musicienne et chanteuse s’est prêtée au jeu des questions réponses.

Cécile Corbel - Enfant du Vent (2019)

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Bonjour Cécile. La harpe était un instrument majeur de la musique médiévale mais elle est devenue plus rare aujourd’hui, presque décalée. Quel est votre rapport à l’instrument et à son histoire ?

CÉCILE CORBEL : L’instrument est multiséculaire, mythique voire presque mythologique, cela participe beaucoup je crois à l’image un peu magique et mystique que les gens en ont et à l’imaginaire qui lui est lié. Je suis me suis intéressée à l’histoire de mon instrument bien sûr, et notamment à ses cousines, étonnement nombreuses à travers le monde, du Japon à l’Afrique , de la Birmanie à l’Amérique du Sud, les harpes sont des instruments chargés d’histoire.

Comment et pourquoi la harpe ?

CC : On me pose souvent cette question : d’abord parce que j’ai grandi en Bretagne, dans le Finistère, où, même dans mes années d’adolescence, ce n’était pas un instrument si exotique que cela, puisqu’on pouvait facilement l’apprendre en école de musique ou conservatoire. Mais surtout la harpe et moi c’est un coup de foudre, et comme tous les coups de foudre, il ne s’explique pas vraiment… mon histoire d’amour avec mon instrument est une histoire qui dure. Nous sommes toujours de bonnes compagnes.

Quelle est votre formation musicale ?

CC : J’ai un chemin plutôt autodidacte, fait de rencontres avec d’autres musiciens que d’un cursus classique. J’ai beaucoup joué avec d’autres pour apprendre mon métier, beaucoup passé de temps avec mon instrument, et beaucoup écouté de musique aussi ! Je ne me rêvais pas sur scène néanmoins car j’ai fait de longues études d’archéologie avant d’être happée par le virus des concerts. La chance, le hasard des rencontres, et le plaisir de jouer ont toujours été ma boussole sur mon chemin de musicienne.

En tant que harpiste, peu d’artiste en France se sont fait connaître sur cet instrument. Vous sentez-vous porte parole, en quelque sorte, de cet instrument ?

CC : Je ne porte par choix jamais de drapeaux ou d’étendards, quels qu’ils soient, mais cela me fait très plaisir lorsque des enfants ou jeunes ou même moins jeunes viennent me voir en concert et me disent qu’ils ont commencé la harpe “à cause de” (ou grâce à ?) moi. Cela me touche car je me dis que mes chansons accompagnent les gens dans leur vie quotidienne jusqu’à leur donner envie d’apprendre mon instrument, c’est chouette car je sais que la harpe est une bonne compagne pour trouver de l’équilibre et de la joie, donc ça me rend heureuse pour eux.

« Je voulais faire un disque non pas pour les enfants, mais sur le thème de l’enfance, où petits et grands peuvent se retrouver… » – Cécile Corbel

Si vous deviez un conseil pour ceux et celles qui souhaitent commencer sur cet instrument ?

CC : Il faut passer du temps avec son instrument !

Quels autres artistes harpistes appréciez-vous ? Vous sentez vous influencée par Loreena McKennitt par exemple ?

CC : Je me souviens de la première fois où j’ai écouté Loreena McKennitt – c’était l’album Book Of Secrets et il a été un vrai émerveillement et une révélation – je devais avoir 15 ou 16 ans. J’aime beaucoup cette artiste encore aujourd’hui. J’aime écouter beaucoup de styles musicaux, musique baroque ou rock, pop ou folk, chant traditionnels ou électro… je crois qu’il faut garder des oreilles curieuses et ouvertes à tout. Côté harpe je retiens aussi le groupe Clannad, un de mes groupes celtiques préférés.

Connaissez-vous Joanna Newsom ?

CC : Je connais sa musique – je dois avouer n’être pas très sensible à son univers mais une chose est sûre, on peut tout jouer avec une harpe !

Comment vous est venue l’idée de ce nouvel album ?

CC : J’ai la chance d’avoir un public très intergénérationnel, avec beaucoup de familles, de tous âges, mais de plus en plus d’enfants. Je voulais faire un disque non pas pour les enfants, mais sur le thème de l’enfance, où petits et grands peuvent se retrouver.

Qu’est-ce que symbolise ce nouvel album pour vous ?

CC : Un nouveau petit caillou blanc sur mon chemin de musicienne !

Le fait d’être une jeune maman a-t-il influé sur votre envie de vous adresser aux plus jeunes ?

CC : A coup sûr j’ai été inspirée par l’arrivée d’un petit bonhomme dans ma vie, qui m’apporte maturité et sérénité, mais surtout de la joie, de l’envie de jouer et de l’émerveillement.

Durant le concert parisien, et je suppose la tournée qui suivra, vous rythmez le spectacle de nombreuses anecdotes. Comment appréhendez-vous cette image de conteuse ?

Cécile Corbel

CC : Elle est pour moi naturelle et très connectée à mon instrument. La harpe appelle naturellement le chant mais aussi le récit, le conte, la narration. C’était vrai au moyen âge déjà. Moi je me sens comme une troubadour moderne.

Pouvez-vous nous présenter les autres membres du quintet ?

CC : J’ai la chance d’avoir une belle équipe de musiciens, tant par leur talent que par leur bonne compagnie lorsque nous sommes sur la route, je suis donc heureuse de les présenter : à la guitare Gaedic Chambrier, dont j’invite tout le monde à découvrir les projets parallèles (et nombreux !) aux percussions Christophe Piot, qui a aussi un beau projet en solo “Electroplume” au violoncelle , Julien Grattard, qui accompagne avec brio beaucoup de projets, que ce soit en orchestre symphonique ou en pop musique il sait tout faire ! Au violon Benoit Volant, qui officie aussi dans le super groupe breton-irlandais Poppy Seeds Au clavier, et depuis peu sur scène avec nous, bien qu’il soit dans l’ombre de mes concerts et disques depuis 15 ans, mon compagnon de route Simon Caby.

« … le celtique est une musique qui fait partie de moi et qui ne me déçois jamais. Elle me nourrit comme au premier jour… » – Cécile Corbel

Comme cela vous est déjà arrivé, on retrouve sur cet album plusieurs collaborations. Comment avez-vous choisi les artistes pour les duos présents sur l’album (avec Natasha St Pier et Misaki Isawa) ?

CC : Je voulais faire un duo avec une artiste japonaise, c’est grâce à Japan Expo, le plus gros événement de culture japonaise en France que nous nous sommes rencontrées. Quant à Natasha St Pier, j’avais eu la chance de faire un duo avec elle sur un plateau TV et j’avais beaucoup aimé le mélange de nos voix – ce qui est drôle c’est que “V’la le Bon Vent” la chanson que nous chantons en duo est une chanson enfantine que nous fredonnions toute deux enfant, moi en Bretagne, et elle au Québec.

Depuis que vous avez composé la musique de Arietty (en 2008), votre rapport au Japon et aux studios Ghibli semble toujours aussi fort ?

CC : Je crois bien que le Japon, est, avec la France et ma Bretagne natale, mon pays préféré au monde. ! J’aime tout dans ce pays !

Sur cet album se trouvent justement deux reprises des œuvres signées Ghibli et Joe Hisaishi : Mon voisin Totoro et La Colline aux Coquelicots. Pourquoi ces choix précisément ?

CC : Mon voisin Totoro était une évidence pour moi dans un album consacré à l’enfance. J’attends avec impatience de pouvoir montrer ce merveilleux film à mon petit garçon. Sayonara No Natsu, de la Colline Aux Coquelicots est une mélodie dont je suis tombée amoureuse à la sortie du film – c’est un plaisir presque égoïste d’avoir eu l’autorisation de l’adapter pour l’album.

Comment avez-vous choisi les chansons plus traditionnelles que l’on retrouve ?

CC : Ce sont pour celles en français des mélodies que je chantais enfant, et pour les mélodies celtiques ou irlandaises des airs que j’aimais beaucoup depuis longtemps. Il y a aussi une poignée de compositions originales.

Comment se passe le travail de composition avec Simon Caby ?

CC : Nous sommes un binôme qui a à la fois des petites habitudes de travail et pas vraiment de recette… notre seule recette est l’écoute mutuelle je pense mais pour chaque chanson nous réinventons notre travail en studio.

La musique est évidemment au centre, mais comment travaillez-vous les textes ?

CC : Je suis à la plume pour les textes et j’écris en général les paroles une fois mes mélodies bien fixées, donc c’est ma musique qui guide ma prosodie.

Cécile Corbel

Comment vous sentez-vous influencée par la musique bretonne et celtique ?

CC : C’est une musique qui fait partie de moi et qui ne me déçois jamais. Elle me nourrit comme au premier jour !

Après votre travail sur la musique de Terre des Ours, vous m’aviez déclaré que vous souhaitiez retravailler sur une bande originale. Avez-vous un projet en ce sens ?

CC : Nous en reparlerons bientôt j’espère !

Quels sont vos projets ?

CC : Être sur scène tout 2019 pour jouer les chansons du nouvel album !

J’ai vu que vous alliez jouer l’an prochain en Islande. Une première j’imagine ? Que vous inspire cette terre lointaine et le fait de porter les couleurs celtiques dans les pays du Nord ?

CC : J’ai la chance de travailler une fois par an avec la belle compagnie de croisière “Ponant” et en 2020 ils me font le cadeau de m’inviter sur un beau tour de l’Islande. J’attends ce voyage avec impatience et j’ai hâte d’être confrontée à cette nature brute et sauvage que je n’ai vu qu’en images à ce jour.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

CC : De la chance, des rencontres et de la sérénité !

Quelques mots pour conclure ?

CC : A bientôt en concert ! Toutes mes dates sont à retrouver sur mon site officiel ou ma page facebook !

Une interview réalisée en avril 2019 par Cyrille Delanlssays
Remerciements à Polydor et Adrian Huguenot

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