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David Bowie - BlackStar
4.3TOP 2016

La sortie quasi concomitante du dernier album de David Bowie et la disparition de ce dernier, deux jours plus tard, ne manqueront pas d’entraîner moult analyses mortifères, décelant dans les textes et l’ambiance de ce Blackstar bien nommé de quoi nourrir les interprétations les plus exaltées. Bien entendu, écouter à rebours ce vingt-cinquième opus dans la trajectoire stellaire de l’icône rock ne manquera pas d’interpeller. S’il avait fallu dix ans entre Reality (2003) et The Next Day (2013), une sorte d’urgence animait la création de cet obscur objet du désir. Une urgence teintée de mystère avec effets d’annonce autour d’un clip vidéo vertigineux de dix minutes (« Blackstar »), une version audio du bouleversant « Lazarus », quelques séances d’écoute pour la presse, des entretiens avec Tony Visconti et les musiciens, de folles rumeurs autour d’un style renouvelé, extrême… bref le lot habituel d’un lancement d’album à fort impact.

Avec le recul, on comprend aujourd’hui toute la méticulosité prise sur cette rampe de lancement. Pourquoi, également, David Bowie ne souhaitait pas expliquer cette œuvre à la pochette arborant une étoile noire sur un blanc immaculé. En réalité, et aujourd’hui cela fait sens, Blackstar est un album posthume mais bien vivant. En allant piocher sur la scène jazz contemporain new-yorkaise la moelle excentrique des sept titres proposés, Bowie aura pris soin de se réinventer sans oublier tout ce qui constituait son œuvre. Des musiciens jeunes (Donny McCaslin, Ben Monder, Jason Lindner, Tim Lefebvre, Mark Guiliana) qui impriment à l’album une énergie à la fois féroce et veloutée, résumée dans ce morceau-titre à la fois énigmatique et fascinant ; une géométrie variable à la silhouette de bateau ivre, oppressante, exaltante qui fournit le malaise et le remède en un seul tenant, à grand renfort de chant azimuté, d’orientalisme ombré et d’atmosphérique imprévisible. La spontanéité faite musique. La suite pourra sembler revenir dans les clous. Faux semblant d’un espiègle. Qu’il s’agisse des reprises de « ‘Tis a Pity She Was a Whore » et « Sue » toutes deux datées de 2014, ou d’un « Lazarus » autobiographico-cryptique, le monde de Blackstar semble s’effondrer sur lui-même, comme une dépression condamnée à avancer malgré tout. Ténébreux et déstabilisant. Une souffrance malheureusement révélatrice. Si l’album se conclue sur des accents pop plus classiques, mais pas moins réussis (« Dollar Days », « I Can’t Give Everything Away »), David Bowie revient dans le sillon d’une musique assagie mais paradoxalement hypnotique.

Surtout, en habillant l’album d’un saxophone omniprésent, cet instrument avec lequel il commença dès l’âge de 13 ans, David Bowie envoyait un message limpide vers son passé. Blackstar s’avance ainsi dans la nuit, passant de son style le plus expérimental à sa signature la plus élémentaire. Ce spectre large annonce comme un retour aux sources de son art. Et, sachant son destin scellé, il boucle son histoire avec une rare maestria. Salut l’artiste !

DAVID BOWIE – BLACKSTAR

David Bowie - Black Star (2016)

Titre : Blackstar
Artiste : David Bowie

Date de sortie : 2016
Pays : Angleterre
Durée : 41’13
Label : Columbia

Setlist

1. Blackstar       9:57
2. ‘Tis a Pity She Was a Whore       4:52
3. Lazarus       6:22
4. Sue (Or in a Season of Crime)       4:40
5. Girl Loves Me       4:51
6. Dollar Days       4:44
7. I Can’t Give Everything Away       5:47

Line-up

– David Bowie – vocals, acoustic guitar, mixing, production, string arrangements, “Fender Guitar” on “Lazarus”, harmonica on “I Can’t Give Everything Away”
– Donny McCaslin / flute, saxophone, woodwinds
– Ben Monder / guitar
– Jason Lindner / piano, organ, keyboards
– Tim Lefebvre / bass
– Mark Guiliana / drums, percussion

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