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Caprice
4.0Note Finale

Les caprices de Mouret

Emmanuel Mouret possède un charme fou, vraiment ; je parle de l’acteur bien sûr ; du réalisateur, évidemment ; de l’homme, je ne saurais le dire… mais je gagerais que oui. Bavard comme Rohmer, gauche comme Tati, poète et philosophe comme les 2.

Un homme aime une femme ; mais il en rencontre une autre ; il hésite ; puis il finit par opter pour la première. Ce schéma de tous les contes moraux rohmériens, est aussi celui des films d’E. Mouret, de son dernier film, Caprice, tout particulièrement. On pourrait dire, et certains le disent, qu’Emmanuel Mouret fait toujours le même film depuis Laissons Lucie faire ! (à l’exception de son avant-dernier film, Une autre vie, expérience dans le domaine du drame romantique, et justement moins réussi). Je ne suis pas de cet avis, cette histoire vieille comme l’humanité pouvant se décliner sur des gammes infinies.

Clément, instituteur et amateur de théâtre, est secrètement amoureux d’Alicia, une diva des planches. Assez extraordinairement, il arrive à séduire cette femme très convoitée, mais manifestement blessée par la vie. Ils s’installent ensemble, et tout va pour le mieux dans le meilleur monde des contes de fées. Mais ce serait sans compter avec Caprice, trublion excellemment interprétée par Anaïs Demoustier, à l’obstination farouche, qui n’aura de cesse de tendre des pièges pour embobiner et charmer notre héros si maladroit et balourd –  mais bel et bien consentant, en dépit de son angélique apparence et de toutes ses bonnes et belles intentions… –  qu’il va s’y empêtrer.

Tous ces badinages, quiproquos, embrouillamini amoureux évoquent passionnément la grande tradition de nos maîtres du théâtre amoureux, de la comédie sentimentale au vaudeville, de  Marivaux à Feydeau en passant par Musset. On ne badine pas avec l’amour, car à trop user du Jeu de l’amour et du hasard, on pourrait finir par être Le dindon de la farce… nous raconte-t-on ici une fois encore de façon jubilatoire.

Caprice commence comme un léger vaudeville, mais se révèle progressivement plus grave, pour finir en conte philosophique. Parfait personnage illustrateur de la ritournelle du hasard ou de la détermination des choix amoureux, Camille/Emmanuel Mouret est un homme tendre, sentimental, amoureux de l’amour, empli de doutes. S’il semble avoir choisi Alicia ; s’il semble que Caprice l’ait choisi ; qui, quoi, qu’est-ce donc, qui déterminera la situation finale de nos 3 comparses? Là est la question.

Alicia, triste diva, est persuadée que la rencontre amoureuse est prédestinée, écrite. Pour Caprice, espiègle badine, l’amour est un combat qui se mène avec stratégie ; il ne faut laisser aucune place au hasard dans la conquête de l’être convoité. Quant à Clément, il agit à l’instinct, dans l’instant, suivant intuitivement ses élans, ses émotions.

Caprice s’apprécie comme un délicieux bonbon sucré qui laisse, au final, un gout de légère amertume, de nostalgie, la saveur douce-amère du souvenir de ceux (ou celles) pour qui l’obscur déterminisme amoureux nous aura dicté de ne pas opter….

CAPRICE – EMMANUEL MOURET

CAPRICE

Titre : Caprice
Réalisé par : Emmanuel Mouret
Avec : Emmanuel Mouret, Anaïs Demoustier, Virginie Efira, Laurent Stocker

Année de sortie : 2015
Durée : 100 minutes

Scénario : Emmanuel Mouret
Musique : Giovanni Marabassi
Montage : Martial Salomon

Nationalité : France
Synopsis : Clément, instituteur, est comblé jusqu’à l’étourdissement : Alicia, une actrice célèbre qu’il admire au plus haut point, devient sa compagne. Tout se complique quand il rencontre Caprice, une jeune femme excessive et débordante qui s’éprend de lui. Entretemps son meilleur ami, Thomas, se rapproche d’Alicia… 

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